Télécharger
Si le lien ne fonctionne pas, contactez le webmestre pour l'en informer.
6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1
P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique
Pascal PERROT
Psychologue, SISMLA, Nantes
S.A.F.T. et S.I.S.M.L.A. en Loire-Atlantique
1. Historique
A - Etat des lieux
Accueil familial thérapeutique adultes
Il existait avant la création du SJ.S.M.L.A, 3 entités d'accueil adultes distinctes :
2 dépendantes de services publics hospitaliers :
1 sous la direction du centre hospitalier spécialisé de Blain au Nord du
département pour une capacité de 14 places.
1 sous la direction du centre hospitalier régional de Nantes de même
capacité.
1 purement associative mais à fonds publics appelée "association CONTADOUR" d'une
capacité de 80 places et dirigée depuis sa création par le Dr SANS bien connu dans le
monde de l'accueil familial.
Il est à noter que cette association avait d'autres activités telles que l'accueil spécialisé pour
adolescents et la gérance de tutelles mais nous y reviendrons.
Accueil familial thérapeutique enfants
Il existe à cette époque 2 unités d'accueil familial thérapeutique enfants sur le département
toutes deux attachées à des secteurs de pédopsychiatrie d'hôpitaux publics :
1 d'une capacité de 12 places dirigée par ie centre hospitalier de St Nazaire
1 d'une capacité de 10 places diriges par le centre hospitalier spécialisé de Montbert
au sud du département
Toutes ces entités avaient des pratiques différentes, des modes de rémunérations des
familles d'accueil différents, des histoires différentes, ...
Malgré tout, nous savions déjà à cette époque qu'il était important, voire indispensable de se
rencontrer, de mettre en commun ce qui pouvait l'être, de réfléchir ensemble à nos pratiques,
sous peine de se voir rapidement isolé, dépassé et disparaître.
Ceci fut fait par la participation à des congrès comme celui du G.R.E.P.F.A. ou par des
rencontres régulières comme celles des accueils familiaux enfants du grand ouest.
6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2
P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique
Mais de là à se voir réunis sous la même bannière d'un syndicat inter-hospitalier qui allait
devenir un établissement public de santé à part entière, il y avait bien loin...
B- Mise en place du syndicat inter-hospitalier
Né d'une décision politique tout à fait louable, celle de redéfinir la carte sanitaire de
l'hexagone pour plus de cohérence en vue d'un meilleur service aux usagers et d'économies
substantielles, les agences régionales de l'hospitalisation créées en 1996 furent bien souvent
accueillies avec froideur (au mieux) par les professionnels qui voyaient poindre à l'horizon :
restructuration, mutualisation, fermetures, abolition de la sectorisation en psychiatrie.
En bref, le diable allait rentrer dans notre maison !
C'est dans ce contexte que l'histoire du syndicat en santé mentale de Loire-Atlantique allait
commencer.
Les premiers contacts entre le personnel et le directeur de l'agence régionale de
l'hospitalisation furent explosifs. Notamment au niveau du centre hospitalier spécialisé de
Montbert.
Dès que furent rendus publics les projets de rapprochement du CHS de Montbert de la
couronne nantaise et de l’entrée du service d’hospitalisation complète et de l'accueil familial
enfants dans le syndicat inter-hospitalier, le personnel non médical fit grève et séquestra le
directeur de l’A.R.H., persuadé que cette décision sonnait le glas de l’établissement, et les
médecins crièrent à la trahison et au démantèlement de la pratique sectorielle en psychiatrie.
Mais le processus était sur rails. Déjà la direction de l’activité « Accueil Familial Adultes » de
l'association CONTADOUR avait été confiée par l’A.R.H. à Mme JOUANNIS, directrice du
C.H.S. de Montbert.
Des tracatations entre les établissements fondateurs (pour mémoire le C.H.U. de Nantes, le
C.H. de St Nazaire, les C.H.S. de Blain et Montbert) avaient lieu pour déterminer la
participation de chacun à la corbeille des mariés : pour qui des locaux, pour d'autres du
personnel ou d’autres l’organisation administrative et matérielle.
Ce fut une bonne grosse bagarre d'intérêt financier comme il se doit, ou les équipes de base
et les familles d'accueil (concertées et informées malgré tout) souffrirent pendant pas mal
de temps.
2. La construction du S.I.S.M.L.A.
A- Période transitoire difficile
Le syndicat inter-hospitalier en santé mentale de Loire-Atlantique a officiellement été créé
le 29 Octobre 1999 pour une entrée effective en activité le 1er Février 2000.
6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3
P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique
Ce syndicat est autorisé à exercer les missions d'un établissement de santé et a la vocation à
assurer la coordination départementale de certaines activités de soin. Il a une fonction
logistique qui doit principalement promouvoir un rôle d'expertise en santé mentale et
optimiser les modes de prise en charge à un échelon départemental. Il a également une
fonction politique dans ce qui est la promotion des actions de coopération entre les différents
acteurs départementaux.
Le S.I.S.M.L.A. n'est pas à ce moment-là, un établissement public de santé puisqu'il n'est pas
habilité à gérer lits et place, mais il est doté des mêmes instances légales propres : un conseil
d'administration, un comité technique d'établissement, une commission médicale
d'établissement. Il est également doté d'un conseil des familles d'accueil, celles-ci n'ayant
aucune autre représentation officielle étant encore employées sous contrat de droit privé.
Pour signifier les liens toujours existant, il existe également un conseil de direction des
établissements fondateurs.
Cette période fut particulièrement difficile pour les équipes. Je vais vous en énumérer les
principales raisons, mais j'ai choisi de vous présenter l'exemple et le vécu du personnel de
l'unité que je connais le mieux : l'unité d'accueil familial enfants Sud Loire.
Au niveau du quota de personnel
Toutes les équipes eurent à subir une compression de leur personnel ; peut-être à un moindre
niveau l'ex-association CONTADOUR dont la majorité de l'activité était l'accueil familial.
Malgré tout, l'activité tutelle et accueil adolescents étant restée associative, un "partage" du
personnel administratif avait été effectué pas obligatoirement à l'avantage de l'accueil
familial adultes.
Pour les unités hospitalières d'accueil créées au niveau de services de psychiatrie, c'était une
autre histoire. Elles n'avaient fait l'objet de peu de créations de postes (à part les postes
d'assistantes maternelles et familles d'accueil) et partageaient des petits bouts de temps de
divers professionnels travaillant sur d'autres unités plus conséquentes, au gré des
disponibilités.
Tous ces temps estimés (à la louche) de moins de 50 % ne furent pas comptabilisés.
Voici l'exemple de l'accueil familial thérapeutique du C.H.S. de Montbert.
C'est une unité de 10 places pour laquelle il a été transféré au S.I.S.M.L.A., un temps plein
d'infirmier, un mi-temps d'éducateur et quart de temps médical.
Mais cette unité bénéficiait également :
D'un temps de chef de service responsable de l'U.F de rattachement de 1 à 4 heures,
D'environ 6 heures de secrétariat (bien peu quantifiables car la secrétaire prenait
tous les messages),
D'environ 6 heures d'assistante sociale,
D'environ 6 heures de psychologue et d'autant de cadre infirmier.
Au niveau du vécu des équipes
6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4
P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique
Toutes ces équipes se sentirent souvent abandonnées, parfois malmenées et maltraitées ; les
familles d'accueil s'inquiétèrent elles aussi de la déliquescence des équipes, du flou
administratif et fantasmèrent sur la fermeture éventuelle des services.
Voici l'exemple de notre unité.
Notre désormais ex-médecin chef décida aussitôt que les employés ayant ces petits temps
non reconnus n'avaient plus à assurer leur service auprès de l'accueil familial (heureusement
la secrétaire s'autorisa à prendre nos messages et à taper quelques courriers) mais n'ayant
pas de points de chute, nous étions toujours hébergés dans le même C,M.P.
Je ferais maintenant le seul aparté clinico-institutionnel de cette intervention.
Nous étions hébergés par une famille, contrainte et forcée puisqu'elle voulait nous
abandonner.
Nous savions qu'une famille d'accueil nous attendait mais elle ne pouvait pas encore nous
recevoir : elle n'avait pas tout à fait son agrément et les travaux de notre chambre n'étaient
pas finis !
Voici là le premier point positif de cette expérience : nous avons pu personnellement
expérimenter le vécu douloureux de l'enfant abandonné en quête d'une famille d'accueil !
Deuxième point positif : nous pouvons maintenant analyser les relations difficiles de cette
famille en rupture et les mécanismes de renforcement des défenses de chaque membre et
l'escalade symétrique du conflit.
Je dis "maintenant" car nous étions à cette époque acteurs extrêmement actifs dans le
renforcement et l'escalade, incapables de prendre le recul nécessaire et surtout n'ayant pas
sous la main le thérapeute familio-institutionnel compétent.
3. La phase de construction
Il est clair que nous avons essuyé les plâtres d'une nouvelle organisation. Maintenant, nous
enfants abandonnés, nous devions participer à la construction d'une nouvelle famille.
Une petite famille pour le moment où nous étions et devions être moteurs. En bref où nous
avions tout à gagner dans la participation active pour la prospérité des activités auxquelles
nous croyons.
Ainsi, tous les acteurs se sont investis dans les grands projets initiés par la secrétaire
général du S.I.S.M.L.A. ou proposés par les partenaires (syndicats, médecins, équipes
soignantes...).
L'approbation de ces actions et la reconnaissance d'utilité publique de nos activités par
l'A.R.H. est notre récompense même si bien sûr beaucoup reste encore à faire.
6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5
P. Perrot. SAFT et SISMLA en Loire-Atlantique
Les travaux actuellement réalisés et en cours
L'harmonisation du statut et des rémunérations des familles d'accueil
Il est à noter que l'harmonisation des salaires s'est faite au niveau le plus haut des
différentes unités.
L'harmonisation des statuts et des rémunérations des assistantes maternelles
L'harmonisation des statuts s'est faite ici autour des textes gérant l'activité des assistantes
maternelles. Quant aux rémunérations l'objectif était d'atteindre le niveau du salaire de
base du conseil général tout en tenant compte des spécificités de notre activité.
La recherche de locaux suffisamment spacieux pour recevoir les activités d'accueil adultes
et enfants dans un souci d'efficacité, d'unité d'équipe.
L'élaboration d'un projet d'établissement contenant les éléments cités plus haut, une mise à
niveau des moyens et des projets peut-être ambitieux mais répondant à une demande certaine
sur le département.
Je citerai notamment la création d'une troisième unité d'accueil familial enfants desservant
le nord du département et la mise en place d'une unité centrale de coordination pour les trois
unités accueil enfants.
Ce projet d'établissement fera bien sûr l'objet d'un contrat d'objectifs et de moyens et
sera soumis aux tutelles : croisons les doigts !!!
Deux éléments importants :
- La décision du conseil d'administration de considérer les contrats des familles d'accueil et
assistantes maternelles de droit public ;
- La décision des tutelles d'autoriser au S.I.S.M.L.A. la gestion de lits et places.
Conclusion
Après avoir traîné les pieds, bataillé, souffert (nous souffrons encore un peu !), nous avons
accepté l'inévitable. Et ma fois, nous devons admettre que notre petit artisanat, menacé
parfois de disparition, a sans doute tout à gagner en reconnaissance et en efficacité dans ce
genre de mutualisation.
grepfaperrot2003.pdf(101,85 ko) Téléchargé 1329 fois