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6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003)
INTRODUCTION AU CONGRES D’ANNECY
Dr Madeleine Bernard
Psychiatre, Chef de service
Responsable de l’unité d’ AFT d’Annecy
L’accueil familial existe à Annecy depuis la mise en place des secteurs de
psychiatrie en 1975. Les patients hauts savoyards étaient, antérieurement à cette
date, hospitalisés en Savoie au centre hospitalier spécialisé de Bassens. Ceux qui
étaient en accueil familial au moment de ce transfert sont restés dans les familles qui
les accueillaient mais sous la responsabilité de l’hôpital d’Annecy et non plus du CHS
de la Savoie. Quelques infirmières des unités d’hospitalisation temps plein dont
dépendaient ces patients assuraient le suivi dans les familles d’accueil. Cette situation
à perduré jusqu’au début des années 1990 puis avec la publication des textes
réglementant l’accueil familial, sous l’impulsion de C. Chabert, assistante sociale, et du
Dr Guy Solier, ce mode de prise en charge s’est un peu mieux organisé ce qui a permis
l’attribution d’un budget spécifique pour la rémunération des familles et la création de
temps infirmier, d’assistante sociale et de psychologue.
Depuis 1997 après avoir structuré le fonctionnement de l’AFT au sein de
l’ensemble du dispositif de soin psychiatrique du Bassin d’Annecy par l’élaboration d’un
règlement intérieur, nous nous sommes attachés à améliorer, dans la mesure de nos
possibilités, les conditions de travail et de rémunération des familles d’accueil.
Actuellement nous travaillons avec accueillants familiaux et patients sont ainsi
pris en charge. Notre mode de fonctionnement implique au minimum 4 partenaires,
parfois 5 :
le patient bien sûr
son équipe de soin de secteur (1 psychiatre référents et 1 ou plusieurs
infirmiers référents également)
la famille d’accueil
l’équipe d’AFT
parfois la famille d’origine du patient quand elle existe sur le plan relationnel
s’entend
Il nous a, ici ou là, été souligné la complication d’une telle manière de faire. Sans
minimiser le bien fondé d’une telle objection, cette organisation nous apparaît encore
6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003)
pertinente et féconde dans un projet de soin. Chacun des intervenants de ce
dispositif y tient une place bien spécifique :
à l’équipe de secteur celle d’assurer les soins individualisés du patient. Elle
rencontre le patient le plus souvent seul, dans les conditions définies dans un petit
document écrit, rédigé au bout de quelques semaines de placement et nommé
«contrat personnalisé de placement». Les modalités de ce suivi sont donc
extrêmement variables, à la carte en quelque sorte et évolutives au cours de la
prise en charge du patient
à la famille d’accueil ce que nous appellerons «l’art d’être une famille» et dont
nous parlerons demain en atelier,
à l’équipe d’AFT l’obligation d’accompagner les familles d’accueil et de garantir
le respect de l’éthique qui s’impose dans la prise en charge de patients, surtout hors
du cadre hospitalier. Chaque famille est suivie par 2 infirmières référentes qui
effectuent au moins une visite mensuelle dans la famille, plus souvent si nécessaire.
Ces infirmières, particulièrement à l’écoute du fonctionnement familial, requièrent
éventuellement l’aide du psychologue de notre équipe
Cette organisation pour compliquée qu’elle soit (et peut-être d’ailleurs à cause de
cela !) nous paraît de nature à provoquer des «interstices» entre les différents
partenaires obligés, interstices générateurs de relation, relation potentiellement
conflictuelle certes mais relation comme matériau de base de notre travail commun.
Nous avions fait de notre réflexion à ce sujet, l’objet d’une communication au congrès
de Marseille il y a 2 ans. Au fil des années il nous semble que c’est dans les
articulations, dans les espaces interrelationnels, là où les échanges ne sont pas
«grippés» que se joue l’essentiel d’un processus potentiellement thérapeutique. Nous
appartiendrait-il alors de faire jouer au mieux ces articulations dans la mesure où
elles existent ?
En proposant la candidature d’Annecy au bureau national du GREPFA pour le
congrès de cette année, c’est assez naturellement que s’imposait aussi l’idée
d’approfondir, à cette occasion, la question du «thérapeutique» A travailler
régulièrement avec les familles d’accueil on ne peut éviter de se poser la question :
pourquoi «ça marche» ? «Ça marche» c'est-à-dire que les patients vont mieux.
Qu’est ce qui permet qu’un effet thérapeutique advienne ?
Au cours de ce congrès à Annecy, la petite équipe que nous sommes avait envie de
partager ce questionnement avec vous tous, envie aussi de tenter d’en éclairer les
grands axes. Pour autant, nulle illusion scientiste de notre part car, fondé sur la
mystérieuse alchimie qu’est la vie familiale, l’accueil familial thérapeutique résistera,
n’en doutons pas, à nous livrer ses ultimes secrets et personnellement je m’en réjouis.
Je nous souhaite à tous ici présents, mus par la pulsion épistémophilique, grand plaisir
à la réflexion, à des échanges de points de vue libres et nourris, grand plaisir à
l’expression d’idées nouvelles, originales et pourquoi pas dérangeantes.
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