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Annulation du Congrès 2020 du GREPFA-France

Annulation des journées de formation du GREPFA-France de juin 2020

La situation sanitaire que nous avons traversé nous a contraint à devoir annuler les journées de formation des 11 et 12 juin 2020 à Paris.

Sans possibilité de trouver des dates satisfaisantes de report avant la fin de cette année, le comité d'organisation a définitivement entériné l'annulation de ces journées.

Nous vous informerons de la suite de nos activités dès que nous le pourrons.

D'ici là, vous pouvez continuer à consulter les actes des précédentes journées compilés sur notre site (colonne de gauche). Celui-ci avait rencontré des soucis d'accès, nous empêchant de l'actualiser pendant plusieurs mois: c'est finalement rétabli ! Veuillez nous excuser de ce silence bien involontaire et de ce désagrément.

Nous vous adressons plein d'énergie et d'enthousiasme pour la poursuite/reprise de vos activités auprès des personnes accueillies, des accueillants et assistants familiaux, ainsi que de l'ensemble des professionnels (soignants ou non) de l'Accueil Familial.

Bien amicalement.

L'équipe du GREPFA-France

Congrès Paris 2018

Actes des 13èmes Journées de Formation du GREPFA France

CLIQUER dans Actes des Congrès (à gauche ;)) sur Congrès 2018 à Paris

qui se sont tenues les Jeudi 7 et vendredi 8 juin 2018 à Paris

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Si le lien ne fonctionne pas, contactez le webmestre pour l'en informer.

Déplier Fermer  Congrès 2003 à ANNECY

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

Sandrine LOEB 

 Psychologue, AFT de pédopsychiatrie de l’hôpital de Lagny-Marne-la-Vallée 

Fatima CHERIGUENE, assistante maternelle, pour la discussion 

 

 AXE  n°1 :  DU COTE DES FAMILLES 

Fatima dans l’épreuve du transfert 

Cette intervention, dont l’objet est la relation entre l’enfant et la famille d’accueil, est une 

tentative pour réfléchir à ce qui produit des effets thérapeutiques. Nous nous intéressons au 

soin en AFT sous l’angle des phénomènes de régression et de transfert. 

Quelques mots sur notre structure qui comporte 5 places d’accueil à temps plein. Notre équipe 

d’encadrement se compose d’un psychiatre qui intervient ponctuellement, d’une assistante sociale 

et de moi-même, psychologue, autour de 5-6 familles d’accueil. Ma collègue assistante sociale et 

moi-même faisons des visites régulières en binôme au sein des familles en présence des enfants. 

Les modalités de notre accompagnement varient en fonction des situations. 

Dans la situation dont nous allons parler, nous avons vu plus ou moins régulièrement l’enfant 

jusqu’à ce que nous arrivions à définir des modalités du cadre plus adéquates. 

 

L’accueil de Fabien, enfant métis de 8 ans, chez Fatima, est une illustration des phénomènes de 

transfert qui opèrent en AFT et qui produisent des résultats. C’est avec un recul d’à peu près 

deux années que nous avons voulu vous présenter son parcours,  particulièrement intéressant par 

ses multiples aspects. 

Il s’agit pour nous de parler de transfert au sens psychanalytique du terme dans la mesure où 

l’intensité et la complexité de l’investissement que nous voyons se développer et s’élaborer dans 

la relation entre Fabien et Fatima est comparable à ce qui se joue dans le cours d’une cure 

psychanalytique. Fabien joue, projette, déplace, condense : toute son activité psychique est mis 

en éveil au cours du temps de l’accueil et dans l’espace projectif de la famille. En réaction à ce 

qui vient de l’enfant, les mouvements de Fatima peuvent se travailler en profondeur au sein du 

dispositif de l’AFT. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

1. Historique 

Fabien vit avec ses grands-parents maternels ; sa mère psychotique, seule enfant de ses parents, 

n’est pas en capacité de s’en occuper. Son grand-père est un cheminot à la retraite qui continue 

de travailler aux prud’hommes. Sa grand-mère est handicapée, son visage déformé par une 

protubérance au front. 

Il a vécu le premier mois de sa vie en accueil mère-enfant, puis a été confié sur décision du juge 

à ses GP. Il ne voit sa mère que de façon imprévisible et sporadique à son domicile.  

Fabien bénéficie d’un suivi depuis l’âge de 2 ans, moment où son GP demande de l’aide en urgence 

pour des troubles du comportement et des conduites d’agressivité.  

Les grands-parents sont inquiets et désappointés. 

Fabien suit une psychothérapie depuis 4 ans au rythme d’une séance par semaine avec une 

psychiatre. Les séances sont difficiles, son agitation ne laisse pas place à une élaboration 

possible. Le GP a des RDV au service tous les mois. 

L’AFT sera un outil complémentaire à ce dispositif de soin. 

2. Présentation de l’AFT à Fabien : 

C’est à un moment où sa mère est hospitalisée en réanimation dans un état très critique, qu’est 

proposée aux grands-parents la possibilité d’un accueil partiel dans une famille de notre service, 

dans l’idée de penser l’avenir de Fabien. Son GP n’a pas été demandeur mais se plaignait de ce qu’il 

lui faisait vivre. 

Fabien a 6 ans et vient d’entrer au CP, après un parcours scolaire en maternelle très laborieux, au 

point où une orientation en établissement spécialisé avait été demandée et une déscolarisation 

entamée. Il se montrait très instable et agressif. Le début de scolarité en Primaire se passe 

plutôt bien. Il y est rescolarisé à plein temps. Les acquisitions scolaires ne sont pas encore 

possibles mais son comportement ne l’exclut pas de la classe. C’est un enfant d’une intelligence 

vive mais son angoisse massive le rend agité. 

Nous commençons prudemment à travailler avec les grands-parents l’accueil familial. Nous 

associons la GM à nos entretiens. 

Le placement est effectif trois mois plus tard, alors que nous avons rencontré une famille 

d’accueil, jeune et dynamique, qui a trois enfants et chez qui nous pouvons envisager un accueil à 

long terme. Quand nous en parlons à Fabien, il est d’emblée d’accord sur l’idée d’aller dans une 

autre famille et à la présentation de celle-ci, il se réjouit et investit immédiatement et 

positivement Fatima. 

Pendant ce temps, la mère de Fabien se remet, fuit l’hôpital puis passe de temps en temps au 

domicile de ses parents sans prévenir. Ses contacts avec Fabien redeviennent très aléatoires et  

conflictuels.  

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

3. Le temps de la rencontre : fantasme d’adoption chez Fatima et 

ambivalence de Fabien 

La première rencontre a lieu au domicile de Fatima, où nous accompagnons Fabien et ses grands- 

parents. Fabien est tranquille, charmant et pressé de rencontrer les gens. Il s’est préparé à 

cette rencontre en mettant dans son sac des livres, montrant par cela sa détermination à se 

montrer sous son meilleur jour, lui qui est si réticent au scolaire.  

La rencontre avec la famille se passe chaleureusement et chacun peut s’exprimer. Fabien est 

attendu. Il a hâte d’aller retrouver les autres enfants à l’étage et ne réapparaît que furtivement. 

Il nous observe de loin par l’intermédiaire d’un miroir, comme s’il voulait juger du climat entre 

adultes.  

Il se passe une véritable échange entre Fabien et le fils de Fatima d’un an plus jeune que lui.  

Le GP pose des questions sur l’accompagnement matériel et sur la rémunération, comparant 

l’accueil familial proposé à l’emploi passé d’une assistante maternelle pour Fabien. Il répète qu’il 

veut que l’accueil se fasse progressivement.  

La GM ne parle que pour évoquer sa fille et les relations de Fabien à sa mère, disant sa 

souffrance et son incompréhension face à la pathologie de celle-ci. Elle compare la FA au rôle que 

ses parents ont joué pour leur fille. 

Au retour, Fabien, appuyé sur l’épaule de son grand-père, sommeille. Le GP est détendu.  

Cette première rencontre, à travers tous ces échanges, est de bonne augure pour Fabien et  

semble présager d’une suite favorable à notre projet.  

Fabien va commencer l’accueil de façon épisodique. 

La première journée qu’il passe chez Fatima met en évidence ce qui est l’essence même du 

placement, à savoir, donner à Fabien la possibilité de vivre dans une famille en pariant qu’ainsi il 

puisse trouver là le terreau nécessaire à l’établissement d’assises narcissiques. Fabien a souffert 

de l’absence d’une relation d’objet suffisamment bonne et continue, nécessaire à la constitution 

d’une sécurité affective fondamentale. 

Dès le premier trajet qui le mène dans la famille d’accueil, il parle spontanément de sa mère en 

l’associant au tonnerre, au ciel noir qu’il craint. Il dit qu’entre lui et sa mère « ça ne va pas ». 

Fabien nous montre qu’il a perçu d’emblée la raison et l’intérêt de cet accueil. Il établit de suite 

le lien entre ces deux femmes, voyant que Fatima a quelque chose à voir avec la fonction 

maternelle. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

Dès son arrivée, Fabien se montre agité mais content d’être là. Il semble déjà très familier. Il va 

tirer profit de la chaleur maternelle, de l’ambiance d’une vie de famille et des possibilités 

d’identification à des enfants de son âge. Nous le retrouvons à la fin de la journée dans les habits 

du fils de Fatima. Il dit à Fatima que ses enfants ont la chance d’avoir une maison et une mère. Ce 

même jour, il demande à y revenir et à y dormir. 

Arrivé chez ses grands-parents, il reprend sa tétine. 

Dès les premiers jours, Fabien quitte sa tétine et les couches pour la nuit, qu’il portait encore. Il 

est turbulent, très angoissé. Il mange toute la journée. 

Il nous manifeste qu’il ne veut plus partir de chez Fatima et qu’il ne veut plus nous voir, comme 

une annulation de son passé.  

Fabien cherche à connaître qui est cette femme qui veut l’accueillir. Est-elle dans cet état de 

peur dans lequel était sa mère à son contact ? Va-t-elle réagir comme son GP le fait quand lui- 

même se met en colère ? 

Il est très craintif des limites posées par l’adulte, il se protège la tête quand on le fâche. Il 

teste les peurs, les limites et la capacité de résistance de Fatima.  

Fabien se révèle avec des difficultés d’identification massives. Il est en même temps lui et sa 

mère, noir et blanc, fille et garçon… Il parle au nom de sa mère. Il dit qu’il dort dans la rue, qu’il 

habite à Villejuif, qu’il a reçu un coup de pied dans le ventre. Il joue à se déguiser en fille, disant 

qu’il ne sait pas s’il est fille ou garçon. Il parle de son père, grand inconnu, et de sa couleur de 

peau. Il pense devenir blanc, comme ses grands-parents, en grandissant. 

Comment Fabien peut-il exister pour lui-même, pris dans une telle indifférenciation mère-fils ? 

A travers l’accueil, il explore toutes les identités possibles, les figures de la famille de Fatima 

étant multiples. Il se trouve une place, se fait une soeur de la fille de Fatima, se fabrique un papa 

qui est le frère de Fatima et flatte « sa tata » pour qu’elle le garde… 

Nous pouvons nous demander à quoi tient cet enjouement si rapide ? Est-il le fait d’un travail 

préliminaire à cette séparation qui le rend prêt à ce type d’investissement ou cette adhésion 

factice est-elle le signe de l’idylle de tout début de placement ? 

Dans ce premier temps de l’accueil, Fabien apporte et projette des éléments de son monde 

intérieur sur l’espace familial de Fatima. Il perçoit en elle une personne à qui il va pouvoir 

exprimer le contenu inconscient de son angoisse qui le fait s’agiter.  

Sa vie avec ses grands-parents, si empreinte d’angoisse et d’imprévisibilité, semble ne pas 

parvenir à le sécuriser suffisamment. Le domicile des grands-parents nous apparaît comme un 

endroit sombre, morne et sinistre qui évoque une lourdeur, une souffrance comme si le temps 

s’était arrêté il y a bien longtemps. Fabien a peu de contacts avec l’extérieur. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

La grand-mère de Fabien est une femme psychiquement indisponible à son petit-fils qui dit 

qu’ « elle n’arrive pas à être une maman pour lui ». Quand nous l’avons au téléphone, elle saisit 

comme en secret la possibilité de parler de sa souffrance de mère. Elle rumine des angoisses de 

mort concernant sa fille. Elle en profite aussi pour décrire son mari comme un homme strict, 

coléreux et pouvant être menaçant, vivant sous l’emprise de sa propre mère. 

Il nous semble qu’elle saisit ce que l’accueil pourrait apporter à son petit-fils. 

Tout en même temps que s’exprime l’idylle d’être intégré dans une famille, Fabien va vivre ces 

premiers temps du placement avec ambivalence. Il se sent partagé par des sentiments 

contradictoires à l’égard de ce nouveau milieu familial qui suscite en lui beaucoup d’envie. 

C’est la première fois que Fabien quitte le domicile de ses grands-parents et la place qui s’est 

construite avec eux. Dans ce début de placement, il provoque son grand-père en lui disant qu’il 

est content d’aller en famille d’accueil et lui demande très souvent à y retourner. Il met en jeu, 

sensibilisant son GP, la question de la rivalité et du positionnement de chacun. Mais en même 

temps, il se culpabilise d’aller vivre ailleurs et de pouvoir y trouver du plaisir. Ces deux lieux 

deviennent pour lui aussi importants l’un que l’autre. 

Fabien parle de la colère de son GP. Il est suspendu à la décision de son GP, qui, derrière une 

certaine neutralité, ne semble pas très favorable à cet accueil. 

Ces transitions d’un espace à un autre sont aussi pour lui source d’une grande angoisse, angoisse 

de perte, n’ayant pas l’assurance de retrouver intact ce qu’il quitte. Cette situation vient 

réactiver la problématique de séparation d’avec sa mère, séparation menaçante, significative de 

perte et d’angoisse. N’y a-t-il pas danger à se séparer et à se laisser aller à construire une 

relation ?  

Fatima de son côté, ressent dès le premier contact, la demande de cet enfant et en est 

profondément touchée. Elle perçoit la problématique abandonnique de Fabien, « son manque de 

mère » qui s’exprime dans sa quête affective si intense et son autodévalorisation permanente. 

Elle y est d’autant plus sensible qu’elle-même se trouve dans ce même état, étant sur le point de 

perdre sa mère.  

Fabien est adopté par la famille, il devient fantasmatiquement l’enfant de la famille. Fatima est 

dans un état proche de « la préoccupation maternelle primaire » qui la rend entièrement 

disponible à cet enfant. Elle dit de lui « qu’il lit en elle », montrant à quel point s’instaure une 

communication d’inconscient à inconscient, comparable à ce qui se passe entre un bébé et sa 

mère. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 6 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

Installation de Fabien chez Fatima : relation transférentielle 

Avec la régularité des temps d’accueil, un cadre se met en place qui rassure Fabien et ses GP. 

Ceux-ci pointent que les moments passés dans la famille d’accueil s’accompagnent d’une grande 

excitation qu’ils ont du mal à contenir. Pour le GP,  aller chez Fatima est l’équivalent du centre de 

loisirs.  

Fabien s’installe chez Fatima en confiance. Ces troubles s’apaisent.  

Il recherche et trouve en elle la contenance maternelle nécessaire à l’expression de ses conflits 

intérieurs. Avec de la fermeté, de la patience et une profonde écoute de la détresse de cet 

enfant, elle parvient à créer un cadre stable, rassurant et contenant propre à favoriser la 

relation transférentielle. 

Fabien éprouve la réassurance et répète les opérations de prise de risque pour vérifier la solidité 

du cadre. 

Il déplace sa problématique sur l’espace familial de Fatima. 

Il va commencer à exprimer des colères intenses que Fatima va savoir repérer et analyser comme 

l’expression de conflits anciens. Ainsi, ne se sentant pas agresser directement par les 

comportements de furie de Fabien, elle va l’aider par des paroles et une attitude respectant la 

régression.  

Ces moments de rage sont attisés par la présence encourageante de Fatima et se soldent par des 

pleurs, où enfin la tension s’évacue. A ces moments-là, il se place dans une position de victime où 

il demande à avoir mal, à être battu. 

Ces mouvements de destruction se tournent vers lui-même et les objets qui lui appartiennent. Il 

exprime également sa rage envers le fils de Fatima, vécu comme un possible rival. 

Fabien a choisit Fatima pour y déposer sa souffrance de petit garçon. 

Il est traversé par de profonds sentiments dépressifs. Il exprime la mauvaise image qu’il a de lui, 

ne se trouve pas beau et dit qu’il veut mourir. Il se salit, se crache dessus et se montre 

répugnant.  

Il exprime son besoin d’exclusivité à l’égard de Fatima. 

Peu à peu, ses peurs nocturnes disparaissent. Il grimpe, saute, court, renverse des 

étagères…mais l’agitation semble diminuer quand même. 

Nous décidons, ma collègue et moi, de ne plus faire de visites en sa présence tant il devient alors 

infernal et dit qu’il ne supporte pas qu’on le regarde. Notre regard est perçu comme harcelant, 

inquisiteur, comme si on ouvrait une porte là où on n’a pas à regarder. Cette situation peut 

rappeler celle qu’il vit chez ses grands-parents où sa mère viole le domicile grand-parental à sa 

guise, sans prévenir. Ou est-ce ses fantasmes persécutifs qui s’expriment là par le fait  de notre 

présence ? 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 7 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

Nous sommes dans l’incapacité en le voyant, si insaisissable, à penser un cadre qui pourrait lui 

permettre de se stabiliser. Seule Fatima, dans l’intimité avec lui, peut parvenir à un échange. 

Fatima s’est constitué, sans le savoir, un cadre intérieur qui lui permet de recevoir et contenir 

les projections venant de Fabien. Elle peut comprendre ses manifestations agressives, ses 

angoisses et son avidité affective à la lumière de ce qu’elle connaît et découvre de son histoire. 

Le sentiment de dévalorisation l’atteint péniblement. 

Mais peu à peu, Fabien devient si présent psychiquement, envahissant son champ de pensée, 

qu’elle se questionne sur la place réelle qu’il occupe pour préserver sa capacité à le contenir et 

protéger ses propres enfants des mouvements d’agitation et d’agression de Fabien. Elle se 

questionne sur sa tâche, en complémentarité des autres soutiens psychothérapeutiques qu’il 

reçoit à l’extérieur, sur lesquels elle va pouvoir s’appuyer. 

La situation familiale et le vécu de séparation fait resurgir en Fabien sa relation à sa mère. 

Avec le temps, Fabien va provoquer Fatima par ses comportements pour qu’en retour elle le 

provoque dans son for intérieur, qu’elle « lui fasse sortir des choses ». Enfin, il commence à dire 

sa colère contre sa mère. 

Pour parler, il utilise Fatima, qui complice de ce qu’il vit, parle pour lui. Elle devient son porte- 

parole. 

Et là encore, Fatima sait reconnaître qu’elle devient pour Fabien la représentante d’une mère 

internalisée envers laquelle il éprouve une haine violente et de laquelle émanent de cruelles 

critiques et un désir de mort. 

Peu à peu, la colère contre sa mère s’estompe. Il supporte mieux les allers-retours de sa mère au 

domicile de ses GP. 

L’incertitude de l’accueil : revirements du GP 

Percevant les réticences du GP, très investi auprès de son petit-fils, nous avons augmenté très 

modérément le temps d’accueil pour ménager sa place. 

Pendant les neuf premiers mois du placement, nous allons tous vivre dans l’incertitude de sa 

continuité. Le GP de Fabien nous fait comprendre qu’il ne saisit pas l’intérêt de cet accueil. 

La séparation de Fabien d’avec Fatima est douloureuse et mal supportée par son grand-père. 

Celui-ci assiste à deux scènes où Fabien hurle et s’accroche à Fatima qui le ramène à son domicile. 

Des paroles de Fabien à son GP au téléphone viendront encore un peu plus le blesser : il lui dit 

« c’est ici chez moi » et « j’ai deux maisons ». 

Les grands-parents sont en train de réaliser l’attachement de Fabien à une figure maternelle. Ils 

sont dans l’incapacité à contenir les états d’excitation et de tristesse de Fabien et de 

reconnaître leurs propres sentiments à cet égard. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 8 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

Maintenant, Fabien parle dans l’oreille de Fatima, sa parole pouvant devenir menaçante. Il parle 

de secret quand il veut exprimer qu’il est bien avec elle ou qu’il l’aime. « Je pense tout le temps à 

toi » dit-il. Dans cette relation de confiance, il commence à dire son mal-être « je serais heureux 

quand je n’aurais plus de choses dans la tête » . 

A deux reprises au cours du temps, le GP veut suspendre l’accueil. Il parle d’extrême fatigue et 

d’excitation chez Fabien. Il dit craindre l’accident et parle de destruction pour Fabien. Il n’en 

voit aucun éventuel bienfait. Nous découvrons un homme d’une extrême fermeté et froideur qui 

s’impose à nous. Sa femme ne peut guère s’exprimer librement. Ce qu’elle peut nous laisser 

entendre, c’est qu’elle n’est plus en mesure de supporter les manifestations émotionnelles de 

Fabien et qu’elle pense même partir de chez elle. 

Le GP met fin à l’accueil, qui en rompant le lien d’attachement de Fabien à Fatima, met son petit- 

fils en danger. Il serait prêt à ne concéder qu’il n’aille chez Fatima que le mercredi, mésestimant 

le réel travail d’investissement. Nous refusons et faisons appel au juge, déjà nommé dans cette 

situation. 

Qu’est-ce que cela nous fait supposer de la relation si intense, si exclusive, à la fois  tendre et 

rigide, de ce GP à son petit-fils ? La violence de l’agir semble primer sur la mentalisation. 

Sur quoi Fabien peut-il se reposer, lui qui si dès qu’il s’attache à quelqu’un, on le lui retire ? 

Fabien quitte Fatima. Il lui redit qu’il veut rester vivre chez elle mais se plie avec calme à la 

décision de son GP. Il ne réagit pas à cette situation de rupture qui pourtant met à l’œuvre 

l’angoisse d’abandon qui le fait souffrir. Ne provoque-t-il pas inconsciemment cette rupture 

pourtant si redoutée ? 

Il part en ayant eu le sentiment d’exister et d’être aimé pour lui-même. Il n’a plus de conduites 

d’agression envers lui-même. Le rôle de Fatima qui l’a investit narcissiquement a induit chez lui un 

début de remobilisation de sa libido narcissique, lui redonnant une certaine estime de lui-même. 

Mais qui secondairement lui permettra de poursuivre et de conforter ce cheminement déjà si 

entravé à son origine ? 

Fatima se questionne sur le dispositif. Son travail n’aurait-il été que cette petite mais si 

essentielle contribution ? Ce travail aurait-il été trop engagé, trop impliqué, au point de négliger 

la part du GP ? 

Nous ne croyons guère à une reprise. Une petite fille est accueillie chez Fatima. 

Finalement, l’accueil reprend après une interruption de 4 mois sur décision du juge, d’abord à 

temps partiel, puis en accueil de semaine (avec retours le week-end). Ce changement est bien 

accepté des GP. Nous reconnaissons que nous avons voulu aller trop vite, relativement à ce que le 

GP se représentait. 

Malgré l’interruption, le travail psychique se poursuit chez Fabien et chez Fatima. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 9 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

Leurs échanges sont très chargés affectivement. A ce moment-là, il commence à déposer des 

éléments de son histoire réactivés dans des scènes de la vie quotidienne. Ainsi, lors des moments 

de bain où il se met toujours à hurler, refusant de se laver, il va pouvoir dévoiler, grâce à la 

présence contenante de Fatima à ses côtés, que sa mère a tenté de le noyer. Il révèle aussi 

qu’elle a tenté de l’étrangler. 

Devant sa difficulté à dire les choses, Fatima lui propose le support écrit. En lui dictant les 

choses, il les dit. Elle les écrit. Ainsi, on a accès à ses représentations, ses fantasmes et ses 

peurs. 

Fatima crée, avec génie et intuition, ce qu’on peut appeler des « séquences 

psychothérapeutiques » à des moments clé, à la demande de Fabien. Il en est ainsi d’un dialogue 

de Fabien avec ses parents fictifs qu’elle dessine sur une feuille. Il leur attribue des propos qui 

portent sur lui, sur ce qu’il pense que ses parents pensent de lui. 

La répétition de ces scènes du passé où Fabien est victime des comportements de sa mère 

psychotique et l’expression de ses fantasmes morbides où se dévoile sa culpabilité de petit 

garçon représentent une grande avancée dans le travail thérapeutique. 

Redéfinition d’un cadre de travail : position thérapeutique de Fatima et apaisement 

de Fabien 

Quelques temps plus tard, alors que le rythme de semaine semblait l’aider à maîtriser 

l’excitation, Fabien redevient infernal. Les colères qu’il appelle des « crises », sont fréquentes et 

intenses. Il s’en prend à Fatima qu’il insulte, menace. Il ne supporte plus aucune frustration. Dans 

ces moments, il va même jusqu’à lui demander de le tuer. Il lui assène qu’elle est obligée de le 

garder, obligée de supporter la tyrannie qu’il lui impose.  

Fatima est à bout de souffle. Les colères sont si intenses qu’elles provoquent en elle doutes, 

questionnements et découragement. Elle sent ses propres limites à le supporter. Elle connaît là 

un moment d’épuisement. Son mari a un rôle essentiel de soutien à ses côtés. 

L’intensité des manifestations agressives envers Fatima la met à l’épreuve de la rupture et teste 

sa résistance aux menaces d’abandon que Fabien peut ressentir comme imminentes dans la 

relation transférentielle. Fabien parle de « redevenir comme avant », avant d’en être à ce point si 

menaçant. 

Il s’agit aussi de ses fantasmes d’omnipotence, liés à une régression à un stade de petit enfant 

de 2-3 ans, qui l’angoissent et qui doivent trouver une position autoritaire qui les contiennent. 

Fabien qui agit ses fantasmes d’abandon pose à Fatima le problème de ne pas se faire complice de 

cette mise en acte, tout en leur permettant de les exprimer. Sa participation pourrait devenir 

passage à l’acte. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 10 

S. LOEB. Fatima dans l’épreuve du transfert 

Au bout de quelques semaines, Fatima refuse de se laisser faire. Elle n’est pas obligée de le 

garder, pas obligée de subir sa tyrannie, par différence d’avec son GP qui lui a choisit de tenir 

une place parentale. 

Elle décide d’intervenir avant que les crises se soulèvent, de façon à déjouer la relation. Cette 

attitude décontenance Fabien. Les colères s’estompent de suite. 

C’est le moment pour nous de définir un cadre de travail ( une visite tous les quinze jours et un 

temps d’échanges avec Fatima par semaine ) que nous énonçons clairement et avec force à Fabien. 

Fatima, de son côté, établit avec lui un contrat où chacun y note ses attentes et où sont 

consignées les règles impératives de la maison. Nous soutenons la position de Fatima au service. 

Le cadre qui devait s’imposer, vient introduire le contenant du contenant et poser la réalité 

comme une limite à l’externalisation du monde interne de Fabien chez Fatima. 

A partir de ce recadrage, Fabien s’apaise. Il sait se mettre à l’abri et se retirer des autres 

lorsqu’il sent monter en lui une tension. Avec l’aide de Fatima, ils contournent la crise. 

Dans ce dernier temps de l’accueil, Fatima se situe différemment. Plus portée par un désir de 

réparation, elle donne une grande place au GP et redéfinit sa place comme thérapeutique, c’est-à- 

dire limitée et rendue consciente. Elle ne veut plus l’accueillir sur la totalité des vacances 

scolaires pour se donner les moyens de retrouver une disponibilité psychique. 

Fabien poursuit sa psychothérapie de façon très espacée. Il amène Fatima à une séance. Ce n’est 

peut-être qu’à partir de l’implication de Fatima à la psychothérapie, qu’il commencera un véritable 

travail en séances ? 

Par ailleurs, lors des visites régulières de notre collègue au domicile, il commence à pouvoir se 

raconter en utilisant là encore des médiateurs, soit l’écriture, soit Fatima qui parle pour lui. 

Conclusion 

Dans cette situation, nous pouvons percevoir combien le travail d’emboîtement de nos actions et 

interventions est multiple et riche et que ce n’est qu’au prix de nos questionnements, nos doutes, 

nos désillusions que nous pouvons prétendre à faire d’un espace familial un espace thérapeutique 

et de la place de l’assistante maternelle une véritable thérapeute. 


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