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Annulation du Congrès 2020 du GREPFA-France

Annulation des journées de formation du GREPFA-France de juin 2020

La situation sanitaire que nous avons traversé nous a contraint à devoir annuler les journées de formation des 11 et 12 juin 2020 à Paris.

Sans possibilité de trouver des dates satisfaisantes de report avant la fin de cette année, le comité d'organisation a définitivement entériné l'annulation de ces journées.

Nous vous informerons de la suite de nos activités dès que nous le pourrons.

D'ici là, vous pouvez continuer à consulter les actes des précédentes journées compilés sur notre site (colonne de gauche). Celui-ci avait rencontré des soucis d'accès, nous empêchant de l'actualiser pendant plusieurs mois: c'est finalement rétabli ! Veuillez nous excuser de ce silence bien involontaire et de ce désagrément.

Nous vous adressons plein d'énergie et d'enthousiasme pour la poursuite/reprise de vos activités auprès des personnes accueillies, des accueillants et assistants familiaux, ainsi que de l'ensemble des professionnels (soignants ou non) de l'Accueil Familial.

Bien amicalement.

L'équipe du GREPFA-France

Congrès Paris 2018

Actes des 13èmes Journées de Formation du GREPFA France

CLIQUER dans Actes des Congrès (à gauche ;)) sur Congrès 2018 à Paris

qui se sont tenues les Jeudi 7 et vendredi 8 juin 2018 à Paris

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Si le lien ne fonctionne pas, contactez le webmestre pour l'en informer.

Déplier Fermer  Congrès 2003 à ANNECY

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 1 

M. Bernard, N. Dussart, M. Bibollet. Jeux d’ombre et de lumière en AFT : l’art d’être une famille 

Madeleine BERNARD, 

Psychiatre, Responsable de l’unité d’AFT d’Annecy 

Nadège DUSSART, Madeleine BIBOLLET 

Familles d’accueil 

 

 AXE  n°1 :  DU COTE DES FAMILLES 

Jeux d’ombre et de lumière en accueil familial : 

L’art d’être une famille 

 

 

 

Il est un fait avéré depuis longtemps : la famille est le support par excellence des processus 

de socialisation, de différenciation, de symbolisation … à travers la diversité et la multiplicité 

des expériences identificatoires et relationnelles que ses membres rencontrent. 

La richesse des échanges qui en découlent, la juxtaposition, parfois la combinaison complexe, 

d’espaces et de temps privés et partagés avec un patient sont, en accueil familial, des pivots 

sur lesquels le patient s’appuie durant la période de vie qu’il partage avec sa famille d’accueil.  

Pour aborder cette question du «pourquoi l’accueil familial produit des effets thérapeutiques 

et quelles conditions réunir pour produire cet effet» nous aurions pu tenter d’approfondir les 

raisons de nos échecs. Ce n’est pas cette idée qui nous est venue mais celle de réfléchir 

ensemble, avec les familles avec lesquelles nous travaillons. C’est le fruit de cette réflexion 

commune, faite d’une série «d’allers-retours» entre les réunions en grand groupe familles 

d’accueil/équipe d’AFT et les réunions hebdomadaires de notre l’équipe, menées tout au long 

de l’année 2002/2003 que nous vous proposons. 

1. Deux témoignages 

Nadège DUSSART vit en pleine campagne (on peut même peut-être dire montagne !) dans une 

grande maison dont elle a assuré la restauration au fil des années. Elle a 3 enfants dont les 2 

plus jeunes de 15 et 8 ans vivent avec elle. Elle accueille des patients depuis de nombreuses 

années et est actuellement organisée en famille thérapeutique, 5 patients (dont 3 des unités 

de soins psychiatriques d’Annecy) vivent avec elle et un co-accueillant. 

«Les motivations qui m’ont amenée au choix d’être famille d’accueil sont forcément très 

simples. 

Je suis tout d’abord éducatrice spécialisée, j’ai travaillé depuis plus de 20 ans dans les 

institutions, et j’ai commencé à saturer. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 2 

M. Bernard, N. Dussart, M. Bibollet. Jeux d’ombre et de lumière en AFT : l’art d’être une famille 

J’ai appris que l’accueil familial pour adultes existait, je me suis donc lancée dans ce type 

d’accueil. 

Avantage : travail à domicile, possibilité de travailler à l’extérieur si le besoin s’en ressent, 

peu de frais de déplacement, pas de frais de garde d’enfants. On peut trouver des centaines 

de raisons logiques. 

Puis une autre motivation se met à jour : sortir le patient du système hospitalier où ce dernier 

n’est, à mes yeux, considéré que comme un objet et non comme un sujet. (la blouse blanche qui 

se dit sensée avoir la connaissance). Le patient, lui, demande la reconnaissance car la 

connaissance, il l’a, consciente ou pas. 

Questions : mais pourquoi se laisser envahir chez soi et, notamment, laisser une place si 

importante à la maladie mentale ? Finalement le travail dans un bureau c’est pas si mal ou bien 

laisser la maladie à l’institution, c’est pas mal non plus. 

Et non, j’ai choisi de la regarder de près. Finalement chacun son parcours personnel. Le choix 

n’est pas anodin. 

Je pense que l’accueil a été, et est un échange permanent et fort autant que nécessaire 

puisque j’en ai fait le choix. C’est une manière de lever le voile. Le voile s’est levé, quand un 

lien s’est fait entre l’accueil et l’histoire familiale. 

Au cours de ma recherche d’histoire familiale, j’ai eu la connaissance de l’existence d’un grand 

oncle (qu’on appellera Vincent). Il était malade mental et a été dénié dans son état de 

souffrance. Cet homme est mort jeune (la cause ?). En voyant les photos de famille, j’ai 

toujours posé des questions à son sujet et c’était le silence total sur son état et son décès 

précoce. Le frère de cet homme a accueilli chez lui, plus tard, dans des conditions lamentables 

(petite pièce à côté d’une porcherie) un handicapé mental en tant que commis à la ferme. 

J’allais souvent en vacances, en étant jeune, dans cette ferme et j’allais rendre visite à ce 

commis ; on m’en empêchait, je le trouvais malheureux et triste. Il avait un bec de lièvre et, si 

je le fréquentais de près, il allait m’arriver la même chose. 

Dans l’ordre des choses, mon père a eu, lui aussi, son lot : à 55 ans il est en préretraite 

obligatoire, il fait une jolie dépression, ma mère n’a pas supporté, finalement il en est mort.  

Quelque part il n’a pas été entendu lui non plus.  Quand je remonte dans le temps, je me rends 

compte que l’histoire de la maladie mentale, à chaque fois revient sur le tapis. 

Oui, je pense que j’effectue une réparation de l’histoire familiale. La mise en place de l’accueil 

familial thérapeutique me permet aujourd’hui de mettre à jour le non-dit de la souffrance 

mentale. Egoïstement, je pense à moi, mais aussi à mes enfants et à mes petits enfants à 

venir. Je pense que chacun s’est débrouillé avec les moyens du bord, avec ce qu’il était. 

Vincent on l’a évincé ; le deuxième on l’a accueilli dans des conditions de vie difficiles pour lui 

mais il avait une fonction ; le troisième, mon père, je m’en suis occupé mais il est mort trop 

tôt. 

Et voilà que je transporte chez moi une possibilité de réparation … 

Finalement «bon troc», non ? » 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 3 

M. Bernard, N. Dussart, M. Bibollet. Jeux d’ombre et de lumière en AFT : l’art d’être une famille 

Madeleine BIBOLLET vit en milieu semi urbain avec son fils adulte et un autre jeune adulte 

dont elle a été l’assistante maternelle pendant de très nombreuses années et qui a choisi de 

continuer de vivre à son domicile. Elle accueille depuis un an une patiente des unités de soins 

psychiatriques de l’hôpital d’Annecy, patiente psychotique, hospitalisée pendant plusieurs 

années, difficile à prendre en charge. 

«Mes motivations dans l’accueil familial thérapeutique : travailler pour un salaire, sur et avec 

l’humain. 

La famille d’accueil par son écoute attentive, son accompagnement de tous les instants et du 

seul fait d’accueillir permet au «placé» de faire partie d’une histoire et par là même d’être. 

Pour aider la personne à être mieux, je dois distiller à la fois l’amour et l’autorité, laisser une 

grande place à l’écoute et au dialogue, fixer des limites qui lui serviront à s’inscrire dans la vie 

sociale. Je peux être un guide, accompagné moi-même par des cadres techniques : AFT et 

médecins spécialistes. Mais le guide n’est pas toujours clairvoyant et force est de constater 

que, selon les situations, il peut perdre le nord. Mon métier est  constitué de certitudes, de 

repères théoriques mais aussi de beaucoup de tâtonnements. Je dois tenir compte du  cœur 

et de la raison, en accepter les contradictions dans le respect de nos différences même si 

cela n’est pas facile. 

La famille d’accueil s’inscrit dans le temps présent, le temps du quotidien. Le passé lui échappe 

et le futur est incertain. C’est dans le présent que la famille d’accueil tente de donner ou de 

redonner à la personne une mémoire affective de la vie quotidienne, de l’ambiance familiale, 

des petites habitudes et des petits riens qui font les évènements de la vie ordinaire. 

La mémoire concrète du quotidien se fait de souvenirs qui s’ancrent dans des lieux, des 

objets, des photos, des valeurs et des traditions du groupe familial. Le «nous» est important. 

L’homme a toujours eu besoin de faire partie d’un groupe, de s’y référer : sa famille, une fois 

scolarisé des amis ayant les mêmes affinités et enfin, adulte, au travers de son métier, de ses 

loisirs. J’espère  que ces mémoires affectives  et vécues au fil du temps donneront un «autre 

sens» à la trajectoire de l’individu. 

Suite à diverses formations, j’ai pris conscience que certaines raisons personnelles motivaient 

mes choix de travail en accueil familial. 

J’ai été assistante maternelle pour pouvoir m’occuper de mes propres enfants mais ce choix 

était finalement motivé par le vécu de mon enfance. J’ai perdu mon père à 7 ans et j’ai été 

très vite responsabilisée dans les tâches familiales. Je devais garder mon petit frère de 22 

mois lorsque ma mère était occupée aux travaux de la ferme. Il m’était très douloureux de 

devoir rester à la maison au lieu d’aller jouer comme mon frère de 5 ans avec les enfants du 

village. 

Notre ouvrier agricole était un homme blessé par les aléas de la vie qui avait «son monde à 

lui». A son décès, le chagrin m’a fait comprendre la place qu’il avait occupée dans ma vie : sans 

toutefois remplacer mon père, sa présence devait me rassurer. 

Mon mari était curateur de sa sœur malade mentale. Toute la famille élargie l’aimait bien mais 

craignait ses réactions et la laissait de côté. «Elle ne peut pas  s’intégrer dans la famille» 

disaient-ils. 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 4 

M. Bernard, N. Dussart, M. Bibollet. Jeux d’ombre et de lumière en AFT : l’art d’être une famille 

S’il n’y a aucun plaisir à échanger et à travailler ensemble le climat devient vite insupportable ; 

sans une certaine distanciation, l’intimité première qui permet l’intégration risque d’aboutir 

rapidement à une situation conflictuelle. 

Je pense, aussi, qu’il est nécessaire d’avoir des projets pour la personne accueillie. Elle a 

besoin d’être stimulée, encouragée, reconnue dans ce qu’elle est, dans ce qu’elle fait. C’est 

avec patience et détermination que je dois fixer les objectifs. La persévérance doit être de 

mise sinon on risque l’essoufflement voire le découragement. 

Pour moi, l’accompagnement de l’équipe AFT est très important. L’AFT mesure les effets 

engendrés par le placement et les écarts par rapport aux objectifs initiaux. L’évaluation est à 

situer dans une dynamique de changement, c’est un regard critique sur l’action menée et non 

pas sur la famille d’accueil. 

L’équipe AFT apporte une distance et en même temps une certaine compréhension de ce qui se 

vit au quotidien. Je me sens intégrée, soutenue et reconnue au sein de cette équipe. » 

2. Commentaires 

Nous reprendrons, pour amorcer la discussion, trois idées contenues dans les témoignages que 

vous venez d’entendre, idées qui nous semblent essentielles. 

A- Le «NOUS». 

Madeleine l’évoque explicitement («le nous est important» dit-elle). La famille est un groupe 

et c’est en tant que groupe singulier, ayant une histoire singulière qu’elle accueille un 

«étranger». 

La famille joue un rôle central dans la construction de l’identité. Elle est le premier lieu de 

fabrication et de diversification des identifications qui trouveront ultérieurement d’autres 

terrains d’épanouissement (école, amis, relations affectives, travail). La famille suscite chez 

ses membres un sentiment d’appartenance et chacun dans ce groupe contribue à sa manière à 

construire, à entretenir, à renforcer ce sentiment, à infléchir le fonctionnement du groupe 

voire à s’en écarter ou au contraire à en consolider la cohésion. 

Nous sommes soumis à la fois à «l’obligation implicite», plus ou moins forte, de  solidarité 

familiale et au besoin de développer son identité personnelle, son  espace de libre mouvement, 

ses croyances, ses conceptions propres. Dans ce groupe chacun peut avoir une fonction 

(Nadège l’évoquait concernant le commis de la ferme de son enfance). 

C’est ce jeu groupal subtil qui n’est comparable à aucun autre fonctionnement de groupe, que 

la famille d’accueil met à disposition du patient qu’elle reçoit. 

B- La transmission/transformation 

«Egoïstement je pense à moi, à mes enfants et à mes petits enfants …» souligne Nadège 

comme si l’accueil familial pouvait représenter une manière de «conjurer le sort» et d’éviter 

6ème congrès du GREPFA France, Annecy (15-16 mai 2003) 5 

M. Bernard, N. Dussart, M. Bibollet. Jeux d’ombre et de lumière en AFT : l’art d’être une famille 

la reproduction à l’identique de prototypes relationnels. La famille a une «obligation» de 

transmission, c’est en quelque sorte sa raison d’être : transmission d’un patrimoine génétique 

certes mais bien au-delà, transmission de valeurs, d’habitudes, de traditions, d’un patrimoine 

«culturel», reçu des ascendants et qui doit être «livré» aux descendants. 

Pour autant la livraison ne s’effectue pas «brute de décoffrage», elle se doit d’être 

«assimilable» par les générations qui suivent, introjectable devrions nous dire. C’est à cette 

transformation de «l’héritage» que l’accueil familial thérapeutique participe, le patient comme 

la famille y ayant une part active. 

C- «Labilité identificatoire, expérience transformationnelle, relation fusionnelle 

réversible» 

Trois concepts glanés ça et là au décours de nos lectures, qui nous semblent proches les uns 

des l’autres et féconds pour le sujet qui nous occupe cette année. Ces différents concepts 

évoquent à la fois l’idée de proximité des psychés (identification, fusion) mais aussi l’idée de 

mouvement (labilité, transformation, réversibilité). 

C’est cette conjonction de proximité et de mobilité qui nous semble juste pour approcher le 

jeu relationnel à l’œuvre dans les familles d’accueil. Cette capacité à s’approcher en groupe, à 

s’identifier sans se perdre, à la détresse, aux difficultés psychiques de l’autre stigmatisé 

comme malade, nécessite une confiance suffisamment forte dans ses propres assises 

familiales mais aussi une perception le plus souvent intuitive et confuse de leurs failles. 

Les familles qui se risquent à l’accueil familial font, de cet ensemble relationnel complexe, un 

creuset de créativité proposé au nouveau groupe familial constitué par les différents 

membres de la famille et le patient, nouveau groupe dans lequel chacun a sa partie à jouer y 

compris le patient. 

Conclusion 

Ainsi, nous le voyons, sur la scène familiale se joue une pièce en clair-obscur dont le scénario 

prend sa source dans les histoires familiales des protagonistes, se déroule dans un mouvement 

incessant d’improvisations, de remaniements, de transformations, qui entraînent les acteurs 

dans un jeu incessant d’aller-retour et de transmission de l’un à l’autre. 

Et le thérapeutique dans tout cela ? Peut-être est-il tout simplement «de surcroît» comme la 

guérison en psychanalyse ?  

Le thérapeutique ce n’est pas l’affaire des familles d’accueil, ce n’est ni leur but ni leur 

préoccupation. Leur affaire c’est «d’animer» (au sens latin de souffle, vie), créer en quelque 

sorte un supplément d’âme pour leur famille. 

Le thérapeutique par contre c’est l’affaire des soignants. A eux incombe la mission d’en 

repérer les éléments potentiels, d’en garantir sur un plan éthique les conditions et, si 

possibles, d’en exprimer collectivement les effets.  


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