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Annulation du Congrès 2020 du GREPFA-France

Annulation des journées de formation du GREPFA-France de juin 2020

La situation sanitaire que nous avons traversé nous a contraint à devoir annuler les journées de formation des 11 et 12 juin 2020 à Paris.

Sans possibilité de trouver des dates satisfaisantes de report avant la fin de cette année, le comité d'organisation a définitivement entériné l'annulation de ces journées.

Nous vous informerons de la suite de nos activités dès que nous le pourrons.

D'ici là, vous pouvez continuer à consulter les actes des précédentes journées compilés sur notre site (colonne de gauche). Celui-ci avait rencontré des soucis d'accès, nous empêchant de l'actualiser pendant plusieurs mois: c'est finalement rétabli ! Veuillez nous excuser de ce silence bien involontaire et de ce désagrément.

Nous vous adressons plein d'énergie et d'enthousiasme pour la poursuite/reprise de vos activités auprès des personnes accueillies, des accueillants et assistants familiaux, ainsi que de l'ensemble des professionnels (soignants ou non) de l'Accueil Familial.

Bien amicalement.

L'équipe du GREPFA-France

Congrès Paris 2018

Actes des 13èmes Journées de Formation du GREPFA France

CLIQUER dans Actes des Congrès (à gauche ;)) sur Congrès 2018 à Paris

qui se sont tenues les Jeudi 7 et vendredi 8 juin 2018 à Paris

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Déplier Fermer  Congrès 2006 au SABLES D'OLONNE

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 1 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

Laurent Pierquin1 

Julie Henon2 

Joëlle Baa3

Dr Lionel Mahier4 

 

 AXE n°2 « DIVERSITE DES ENVELOPPES » 

CA COMMENCE PAR UN « E », CA FINIT PAR UN « E », 

AVEC UNE LETTRE A L’INTERIEUR. 

(Une typographie différenciée a été choisie afin de rendre à 

chacun des intervenants leurs propos et leur forme) 

Anthony est, actuellement, un jeune garçon âgé de 9 ans (né le 22/04/97). Nous 

l’avons connu alors qu’il était âgé de 5 ans et demi. Sa mère avait sollicité le 

CMPP, sur les conseils de l’éducatrice de l’AEMO, à cause des troubles du 

comportement et de l’énurésie d’Anthony. 

L’histoire de cet enfant est très chaotique et fait écho à l’histoire de la mère, 

elle-même marquée par une suite de ruptures et de séparations intempestives. 

Histoire d’Anthony : 

Il vit ses premières années avec sa mère et son père, la famille étant hébergée 

chez les grands-parents paternels. La mère d’Anthony rapporte de cette période 

des souvenirs pénibles : elle dit avoir été quasi séquestrée dans sa chambre, 

reléguée par sa belle-famille, vivant enfermée dans une petite chambre avec son 

fils, sans communication avec l’extérieur. 

Alors qu’Anthony est âgé de 2 ans et demi, la mère sollicite les services de l’aide 

sociale à l’enfance. A la suite d’une altercation plus violente que d’habitude entre 

la mère d’Anthony et le grand père paternel, une décision de placement, en 

internat, dans une Maison d’enfant à caractère social de la région, est prise par 

le Juge des enfants. Ce placement durera environ deux ans. La directrice du 

                                                

1 

 Psychologue, Centre de consultation et de cure ambulatoire, équipe d’accueil familial spécialisé et 

thérapeutique de Creil. 

2 

 Assistante sociale, , Centre de consultation et de cure ambulatoire, équipe d’accueil familial spécialisé et 

thérapeutique de Creil. 

3 

 Directrice pédagogique, , Centre de consultation et de cure ambulatoire, équipe d’accueil familial spécialisé et 

thérapeutique de Creil. 

4 

 Psychiatre, médecin directeur, , Centre de consultation et de cure ambulatoire, équipe d’accueil familial 

spécialisé et thérapeutique de Creil. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 2 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

centre se souvient d’un enfant agréable, bien intégré et facilement pris en 

charge par les autres dans la mesure où il était le plus jeune pensionnaire de 

l’institution. Elle note, cependant, les difficultés constantes d’Anthony au 

moment de l’endormissement et son besoin d’être réassuré par la présence d’un 

adulte. Elle se souvient de la relation d’Anthony à sa mère, relation marquée par 

l’agressivité de l’enfant à l’encontre de sa maman. Cette période sera marquée, 

durant le séjour de l’enfant dans l’établissement, par un abus sexuel dont 

Anthony aurait été victime, de la part d’un enfant plus âgé (novembre 2000). 

Anthony sortira de l’établissement, après mesure de main levée de l’OPP, en juin 

2001. 

A son retour, Anthony sera accueilli par sa mère, qui aura, depuis, quitté le père 

pour vivre avec un Monsieur dont elle aura un autre fils (en février 01). Le retour 

d’Anthony dans le foyer familial est difficile. Peu à peu, Anthony manifeste des 

troubles du comportement, à type d’agitation, d’agressivité reprennent et c’est 

dans ce contexte que la mère nous sollicite. 

Histoire de la mère d’Anthony. 

Mme D a développé avec nous une relation marquée par une confiance prudente. 

Elle nous fera part de certains des éléments d’une vie qu’elle disait marquée par 

la souffrance. 

Orpheline dès la toute petite enfance (meurtre de la mère par le père), elle a 

d’abord été placée en foyer avant d’être accueillie par une famille en vue d’une 

adoption qui ne s’est jamais réalisée. D’après elle, la famille d’accueil la traitait 

mal. Suit, à l’adolescence, une période d’instabilité et d’errance au cours de 

laquelle elle a probablement contracté un comportement d’addiction (alcool, 

tabac et peut-être substances stupéfiantes). Elle dit avoir toujours eu une très 

mauvaise opinion d’elle-même, jusqu’à manifester une véritable phobie sociale. 

Dans les premiers temps, elle ne pouvait se rendre aux consultations 

qu’accompagnée d’une voisine ou de l’une de ses filles aînées. 

Elle a eu 5 enfants de trois unions différentes : 

D’une première union, 2 filles et un garçon : la plus jeune de ces filles 

ayant été elle-même placée dans le même établissement qu’Anthony ; 

D’une deuxième union, Anthony ; 

D’une troisième, Jordan actuellement âgé de 5 ans (né le 02/02/01). 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 3 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

PC au CMPP et évolution 

Lors des premières consultations, Mme D se plaint de ne plus savoir faire face au 

comportement d’Anthony : il se montre agressif, agité, pris de « crises » au 

cours desquelles il peut avoir un comportement particulièrement brutal, tournant 

sa violence vers les autres mais surtout sur lui-même (peut se mettre 

brusquement à courir et à se jeter avec violence sur un mur, dans ces périodes 

d’agitation non maîtrisable). 

Nous avons été témoins à plusieurs reprises de ces manifestations 

paroxystiques. Se joue alors entre Anthony et son interlocuteur une relation 

extrêmement déstabilisante où l’autre est mis en demeure d’être le spectateur 

captif de ses actes transgressifs, violents et fous. Toute intervention ne fait 

qu’accroître la jouissance que semble prendre Anthony à cette perversion des 

règles sociales. 

Impossible de ne pas rapporter ce comportement à ce qui avait été perçu de 

l’agressivité inhérente aux rapports d’Anthony à sa mère, et ce depuis son plus 

jeune âge, comme en témoigne la mère, se disant elle-même mauvaise, incapable 

d’amour, et comme en témoigne d’Anthony (« Quand tu mourras, j’irai chez ma 

grande sœur, t’es une patate pourrie, maman pas belle, je t’aime pas »). 

Il est alors décidé de mettre en place des soins associant aux consultations avec 

la mère et l’enfant et participation à deux petits groupes thérapeutiques.  

A partir de janvier 2005, le consultant proposera également de le rencontrer 

seul, régulièrement, dans ce qui pourrait être qualifié d’accompagnement 

psychothérapeutique puis de lui proposer un travail de psycho-pédagogie 

individuel. On reviendra plus avant sur ces indications de soins qui feront suite à 

des évènements particulièrement difficiles. 

L’admission au service d’accueil familial 

Depuis les premières consultations la mère d’Anthony se plaint du comportement 

de ce dernier, symptôme qui avait motivé la demande de soins. L’amélioration 

constatée durant quelques mois ne perdure pas et la mère d’Anthony finit par 

demander elle-même une aide sous forme d’un hébergement de semaine de son 

fils. Nous proposons l’accueil familial thérapeutique qu’elle accepte (juin 2004). 

Son caractère partiel, le maintien des responsabilités parentales, l’assurance que 

l’assistante maternelle ne pourra se substituer à elle, le fait qu’elle pourra y 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 4 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

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mettre fin dès qu’elle le décidera, sont autant d’arguments qui lèvent les 

réserves que l’intense culpabilité d’une première mesure de placement avaient 

fait naître. 

 

Deux mots quant à notre pratique d’accueil familial 

LE FONCTIONNEMENT DU SERVICE D’ACCUEIL FAMILIAL 

Par JULIE Henon 

Nous allons vous présenter plus largement le fonctionnement du Service 

d’Accueil Familial afin de vous éclairer davantage sur nos pratiques mais également 

pour comprendre ce qu’Anthony et sa mère ont accepté lorsqu’ils se sont engagés dans 

cette démarche. 

Notre équipe 

Nous sommes un service constitué de techniciens d’Accueil Familial de diverses 

professions. Ainsi, on y trouve : 

 

 Un éducateur spécialisé 

 

 Une secrétaire administrative 

 

 Deux psychologues 

 

 Deux assistantes de service social 

 

 Le Médecin Directeur du CMPP qui est également représentant de ce 

service 

Cette équipe a un rôle d’intermédiaire entre les parents et la famille d’accueil 

afin d’assurer un lien entre les différents temps de vie de la personne accueillie.  

Nous essayons donc, dans notre travail au quotidien, de garantir la circulation de 

la parole.  

Nous intervenons par binôme auprès des situations et, nous avons une réunion de 

service qui se tient une fois par semaine où nous échangeons ensemble autour des 

accueils en cours.  

Ce lieu institutionnel indispensable nous permet aujourd’hui d’affirmer que dans 

nos pratiques, la référence, c’est l’équipe !!! 

L’Accueil Familial tels que nous le pratiquons 

Pour nous, le caractère thérapeutique du placement passe avant tout par le fait 

qu’il suppose l’engagement actif des parents (ou des responsables légaux) et de l’enfant, 

et qu’il ne peut, par principe, se substituer à des parents perçus comme « défaillants ». 

L’indication de l’accueil familial est une proposition de travail qui vise à 

réaménager les relations familiales de la personne accueillie, s’inscrivant dans un projet 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 5 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

plus global de traitement de ses difficultés psychiques et de l’élaboration de son 

processus d’individuation. 

L’objectif premier de ce mode de soins est donc de proposer à l’enfant un espace 

nouveau dans lequel il puisse révéler d’autres aspects de lui-même et de faire que cet 

espace s’articule de façon institutionnalisée avec les autres espaces que l’enfant 

fréquente (domicile familial, école, institution médico-sociale…). 

Dans ce sens, l’assistante familiale qui se voit proposer l’accueil d’un enfant 

n’aura aucune information sur celui-ci si ce n’est son prénom et son âge. 

L’accueil familial est également un soutien à la parentalité et un temps 

d’éducation construit avec les parents. Les parents sont et restent les premiers 

éducateurs de l’enfant. Ils restent à l’origine de toutes les décisions importantes 

concernant la vie de leur enfant. Ils continuent d’assurer les soins réguliers, le suivi de la 

scolarité…  

La partielisation des accueils que nous proposons et le fait que les parents 

décident avec leur enfant de la fin de l’accueil, garanti ce principe de fonctionnement

 Au cours de l’accueil d’un enfant, l’équipe de l’accueil familial occupe donc une 

place de tiers obligé de toutes les relations entre parents et famille d’accueil. 

Il est ainsi demandé aux parents et à la famille d’accueil de se garder de contacts 

directs et indirects en dehors des temps initiaux de rencontre. Une seule rencontre aura 

lieu entre eux, avant le premier temps d’accueil de l’enfant chez l’assistante familiale et 

ce, pour pouvoir poser un visage sur un nom, travailler à minima son angoisse, échanger 

des informations dites pratiques. 

Ce principe de soins se concrétise aussi dans la conduite de la cure par des 

rencontres régulières et rythmées entre les uns et les autres. En effet, des entretiens sont 

mis en place : 

 

 Entre la personne accueillie elle-même et les référents, 

 

 Entre les parents de la personne accueillie et les référents, 

 

 Entre l’assistante familiale et les référents, 

Où chacun est invité au travers de ses récits à restituer ce qui s’y passe. 

 Le service dispose également d’une permanence d’écoute sous forme  d’astreinte 

téléphonique permettant la transmission d’informations utiles par le biais du service, en 

dehors des heures d’ouverture de CMPP. 

Ces conditions d’accueil dans le service, claires dans leur principe, ont été 

favorablement perçues par la mère. On peut penser qu’elles respectaient 

également la profonde ambivalence, en retour, des sentiments d’Anthony pour sa 

mère, qu’on pourrait qualifier par ce quasi oxymore « d’attachement haineux ». 

De fait, Anthony saura nous rappeler que sa mère restait sa mère, que 

l’assistante maternelle ne pouvait prétendre à ce rôle, qu’il nous était échu, à 

nous, les adultes de garantir les limites assignées aux différentes places, à la 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 6 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

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sienne en premier lieu mais également à celle des autres. La suite montrera à 

quel point cette insistance était nécessaire. 

De juin à septembre –octobre 2004, l’accueil d’Anthony s’engage de façon 

relativement satisfaisante. Au domicile de la famille d’accueil, les choses se 

passent bien. L’entrée dans la nouvelle école se déroule relativement 

correctement. 

Nous recevons régulièrement Anthony et sa mère durant cette période. Celle-ci 

se plaint que, si elle peut se réjouir du fait que les difficultés d’Anthony soient 

moindres durant le séjour en famille d’accueil, elle constate qu’à la maison le 

comportement d’Anthony reste toujours aussi difficile. Elle nous informe 

également de l’aggravation de sa maladie qu’elle nous avait dit stabilisée quelques 

mois auparavant. 

De fait, très vite, l’état de Mme D va se détériorer : après une phase où elle 

peut se déplacer très difficilement et seulement accompagnée d’une tierce 

personne et durant laquelle elle ne peut plus s’exprimer oralement (extinction 

totale de voix qui nous oblige à recourir, pendant les entretiens, au dialogue 

écrit), Mme D doit être hospitalisée. 

Nous maintiendrons le contact durant ce temps d’hospitalisation, en allant lui 

rendre visite régulièrement ou en organisant les visites de son fils. Celles-ci se 

passent mal. L’atmosphère de l’hôpital, une ambiance morbide (Mme D. ne cache 

pas qu’elle va mourir) dans un lieu inaffectivé, provoque, chez Anthony, des 

réactions d’agitation, de dérision. Les quelques visites à son jeune frère se 

déroulent dans une ambiance tendue. Il est mal accueilli, tant les personnes de la 

famille sont dans l’espoir d’une résolution heureuse, dans la crainte d’un 

dénouement tragique. 

Mme D. décède au début du mois de janvier 2005. Nous nous coordonnerons avec 

les services sociaux afin qu’Anthony puisse assister aux funérailles de sa mère. 

On notera que, durant toute cette période, Anthony ne fera preuve d’aucune 

émotion marquée : pas de pleurs, pas de plainte, juste cette agitation critique, 

cette dérision devant les « petites » douleurs de ce monde. 

Après la mort 

Dès l’annonce de la gravité de la maladie, nous nous étions concertés avec les 

services sociaux de proximité pour envisager l’avenir d’Anthony en prévision de la 

disparition probable de sa maman. Nous avions tenu à en informer les services de 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 7 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

l’aide sociale à l’enfance afin qu’un relais puisse être préparé. Il s’agissait de ne 

pas laisser Anthony seul, sans repère, face à ce manque. Il était important que 

notre service d’accueil familial, que la famille d’accueil, elle-même, ne soit pas 

amenée à jouer ce rôle de substitution affective, artificielle et sans avenir, que 

nous avions jusqu’ici évité qu’elle soit. Nous regrettons de ne pas avoir été 

suffisamment suivis dans notre projet. Il aura fallu des mois pour que les 

responsables de l’ASE mettent en place le cadre législatif qui permette de 

donner à Anthony les substituts institutionnels aux repères symboliques naturels 

disparus. Les services sociaux de proximité ont été heureusement mis à 

contribution : demande à l’AS de rencontrer le père d’Anthony afin d’évaluer son 

souhait et ses capacités à assurer l’éducation de son fils, désignation d’une 

éducatrice chargée d’assurer l’accompagnement éducatif et social de l’enfant. 

Finalement, le père se déchargera de ses responsabilités en confiant à l’ASE la 

délégation d’autorité parentale. Depuis, les choses ont évolué, la grande sœur, 

récemment maman, s’est portée volontaire pour assurer la responsabilité 

éducative de son frère, en demandant à être désignée tiers digne de confiance. 

Ce qui a été décidé par le JDE en mai dernier. 

Se raccrocher aux mailles du filet : 

Nous intervenons dans ce congrès comme le coucou dans un nid, car, d’enveloppe, 

cette histoire n’en parle que de façon « symbolique », comme on le verra en 

conclusion de cette intervention. 

Anthony est arrivé trop vieux déjà. Les enveloppes étaient bien déchirées, elles 

ne protégeaient plus beaucoup, ou alors comme la tunique de Nessus, piège 

brûlant et irritant jusqu’à ce qu’on ne voie plus la mort que comme une délivrance. 

Quelque chose semble effectivement près de mourir dans la vie psychique de ce 

petit garçon. Nous avons tenté de rattraper quelques germes, ou plutôt évité 

qu’ils s’assèchent définitivement. Ce combat pour une vie psychique sera illustré 

par : 

Une chronique de l’AFT depuis les vacances d’été 2005 

Une séance de consultation individuelle 

Une séance de psycho-pédagogie 

 

Retour de grandes vacances. 

Par Laurent Pierquin 

Anthony répond il devient insolent. Le matin il ne veut plus aller à l’école. Les 

fourniture disparaissent très vite .La trousse est déchirée. Les vêtements idem. Et il a 

dit : -je ne veux plus rester ici. Avant de partir, il n’était pas comme ça. 

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L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

Voici ce que rapporte l’assistante familiale en septembre 2006, et que nous reprenons 

sous 

Deux angles. 

Le premier autour de la première rentrée scolaire pour Anthony depuis le décès de sa 

maman. La première fois pour lui que face à cette nouveauté souvent angoissante que 

constitue l’arrivée dans une nouvelle classe, il se retrouve seul, pas tout à fait bien sur 

mais sans le soutient que sa mère avait pu lui apporter jusqu'à présent. 

Le second angle de lecture, autour de l’expérience faite par Anthony, pour la première 

fois depuis son arrivée chez l’assistante familiale et encore plus depuis le décès de sa 

maman, d’avoir passé un temps, pendant les grandes vacances, chez une autre assistante 

familiale. En effet, celle qui l’a reçu depuis son arrivée à l’accueil, a pris des congés, a 

pris ses congés. Et c’est alors tout le cadre qui se rappelle à Anthony. Tous ce qui redit 

qu’il n’est la «que »  dans le contexte d’un travail, d’une situation transitoire. Qui 

rappelle que la femme qui l’accueil, n’est « que » comme une maman, sans pouvoir 

jamais la remplacer.  

Quelques semaines plus tard, C’est Florence Langlois du CMS de Creil qui nous 

informe que Anthony s’est plein auprès de sa sœur et de son beau père, de mauvais 

traitements chez  son assistante familiale. 

Quelle réalité ? Quel danger ?  

Nous proposons alors un rendez vous à Anthony seul afin qu’il puisse s’exprimer sur ce 

sujet. Et pour se garder de créer une situation par trop étonnante, nous proposons à 

l’assistante familiale de la recevoir la semaine suivante avec Anthony. Sans savoir à ce 

moment ce que nous pourrons reprendre de la situation. 

- Elle me tape quand je fais des bêtises. Elle est méchante avec moi mais pas 

trop. Depuis que je suis chez Babette, mon faux papa il est gentil avec moi. Moi 

j’aimerais aller dormir chez lui une fois. 

- Babette elle m’a dit que si je le dis à quelqu’un, elle va me taper et si je 

parle pas elle arrêtera. ( ?) C’est arrivé 6 fois car j’au 6 bleu. ( ?) Fessée, ou coup de pied 

aux fesses, ou tirer les oreilles. 

- Ce sera quel jour que je vais partir de chez Babette pour aller chez ma 

sœur ? Comme ça je pourrai voir beaucoup mon petit frère. Ma sœur, elle dit que ça 

serait bien car comme ça Babette me taperait plus. 

Comme je lui explique que nous ne pouvons pas le laisser dans cette situation 

dangereuse pour lui et que nous devons réfléchir à un accueil chez une autre assistante 

familiale, Il reprend la parole. 

- Mais c’est que si je fais des bêtises, et la j’en fais plus… 

Il souhaite rester chez Babette, ne veut pas que je parle avec elle de ses énonciations, et 

est informé que je me dois d’en parler au docteur MAHIER qui est le directeur du 

service d’accueil. 

Une semaine plus tard, et conformément à l’organisation que nous nous étions donnés, 

nous le recevons avec l’assistante familiale

- Il y a des choses importantes que Babette veut dire. 

- Anthony  a fait la photo. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 9 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

- Moi j’ai envie de donner une photo à Babette et le reste à des personnes de ma 

famille. 

- Il fait bien ses devoirs. Il les copie et il me dit que à l’école il travail bien. Il n’y a 

plus de rouge, il y a plus de vert et d’orange. Là il commence à faire attention à 

ses fournitures scolaires. 

Comment comprendre ce retour à la normal ? Sachant que par la suite aucune plainte 

n’a été réitérée ni auprès de nous, ni auprès de sa sœur, de son beau père, de Madame 

Langlois ? 

Il me semble que plusieurs réponses coïncident avec cette question. 

Parce que sa déclaration était peut-être plus destinée à sa sœur, en ce qu’elle 

pouvait faire levier pour elle de démarche pour être reconnue tiers digne de confiance et 

prendre ainsi pleinement une place de responsabilité auprès d’Anthony. « Ma sœur, elle 

dit que ça serait bien car comme ça Babette me taperait plus. » 

Parce que le cadre de la protection de sa personne lui a été rappelé et que son discourt à 

été pris au sérieux, jusque dans l’expression de son sentiment de pouvoir gérer la 

situation « c’est que si je fais des bêtises ». 

Et parce qu’il a fait l’expérience à cette occasion du lien qui existe autour de lui, au 

travers de cette chaîne crée par sa sœur, Madame LANGLOIS, les référents du service, 

le docteur MAHIER, et l’assistante familiale. C'est-à-dire de quelqu’un du social, sa 

sœur, qui pour l’instant n’occupe pas une place socialement repérer comme faisant 

autorité légalement auprès de lui, active l’institution qui incarne pour l’heure cette 

autorité afin que puisse se faire le lien avec le soin qui lui est proposé. 

Nous savons que l’accueil familial est construit comme un espace transitionnel. Mais 

c’est ici l’assistante familiale qui se fait objet transitionnel. Elle accompagne, permet 

d’affronter la solitude, accepte d’être le support de jeu mettant en scène l’amour et de la 

haine. Elle est tour à tour choyée, attaquée et à nouveau aimée, jusqu'à pouvoir être 

laissée, désinvestie tel le doudou dont un jour l’enfant n’a plus besoin.  

La séance de thérapie qui suit s’est déroulée en octobre dernier 

Scène I : la crise 

Anthony refuse de venir avec moi quand je viens le chercher dans la salle d’attente. Il se met à 

courir en m’évitant, il monte à l’étage supérieur, se cache dans les bureaux. Je le suis 

lentement, sans essayer de le maîtriser. Il est très excité et rigolard. Il semble prendre 

beaucoup de plaisir à me voir l’attendre. Me fuyant, il se réfugie dans mon bureau et s’assoit 

sur mon fauteuil (antérieurement, à plusieurs reprises, nous avions proposé un jeu d’inversion 

des rôles). 

Scène II : le retrait boudeur. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 10 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

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Il me laisse mon fauteuil et s’assoit près de la caisse de jouets. Il met en scène des jeux avec 

des petits personnages et des petits animaux qu’il joue à dévorer. Il verbalise son jeu mais ne 

m’adresse pas la parole. Je reste silencieux pendant. Tout cela dure une dizaine de minutes. 

Scène III : la reprise du contact 

Il m’adresse la parole et me demande ce qu’est un trombone. Puis, il me demande quand il 

pourra aller, en visite, chez sa grande sœur. 

Scène IV : cause toujours 

« Je vais te poser une question, mais je sais que tu vas dire non » me dit-il à trois reprises. 

Me demande alors s’il peut utiliser l’ordinateur (ce qu’il faisait parfois lors des séances 

précédentes). 

Je réponds : « oui, si tu es capable de ne pas faire le fou » 

A : « Je ne sais pas pourquoi je fais ça » 

LM : « peut-être parce que tu es malheureux, mais comme tu ne sais pas le montrer en 

pleurant, tu fais le fou. Peut-être es-tu encore plus comme ça depuis que ta mère est morte ? » 

LM : je propose également qu’il y a des choses qu’il ne comprend pas et en particulier la 

raison pour laquelle il est frappé par tant d’événements injustes : un père qui ne s’occupe pas 

de lui, une mère qui meurt,… Cette interprétation lui convient : « c’est vrai ce que tu viens de 

dire ». 

Scène V : les affaires reprennent 

Anthony demande à changer de groupe. Il ne veut plus y aller. Je propose qu’il s’engage dans 

un travail psycho-pédagogique, j’insiste sur le mot « travail ». 

Il refuse et redevient boudeur « tu m’as mis en colère ! ». Se lève et va jouer, dit ne plus rien 

vouloir entendre se bouche les oreilles. 

Epilogue 

Je remplis le carton de rendez-vous et fais, sans un mot, les photocopies destinées à sa 

maîtresse et à l’assistante familiale. Je les lui tends, puis je lui tends la main pour lui dire au 

revoir, toujours sans un mot. 

Il comprend alors qu’il s’agit d’un jeu et veut alors ranger les jouets et feutres restés sur le 

bureau avant de partir. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 11 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

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Accueil Familial et psychopédagogie au  CMPP de CREIL 

…… 

Par Joëlle Baa  

  L’existence du service de Placement Familial au sein du CMPP de Creil 

ne m’était pas inconnue … Je connaissais son existence sans en avoir été 

confrontée directement ….  

 

 J’ai aussi connu l’existence d’Anthony avant même de partager avec lui 

un travail de prise en charge direct … 

 

En effet Anthony « existe » au CMPP … Il était parlé lors des 

réunions d’équipe de l’Accueil Familial auxquelles je participais… Mais aussi 

lors des réunions cliniques du « parcours des enfants » et lors de rencontres 

plus informelles entre cliniciens dans des lieux comme la cuisine ou les 

couloirs ….  

 

Au cours d’une réunion clinique …. Le consultant pose une indication de 

psychopédagogie qu’il va proposer à Anthony lors de sa prochaine rencontre 

…. 

 

Et je mets un visage sur le prénom de ce petit garçon alors qu’une 

violente altercation l’oppose à une de mes collègues …Une image de petit 

garçon qui s’affronte  à une jeune adulte ….. Qui la frappe …. Qui hurle … 

qui est tout  colère et souffrance … Qui ne peut entendre les paroles de 

cette jeune femme qui essaie de mettre des mots sur ses actes, qui essaie 

de rappeler le non passage à l’acte … Qui essaie de le calmer … En vain 

….. !!!!!! 

 

Je rencontre donc Anthony, petit garçon de 9 ans qui est scolarisé en 

CE2, dans les semaines qui suivent et je pose le cadre de la prise en charge 

psychopédagogique … Dans ces séances les interdits posés sont : la non 

destruction du matériel et la non agression physique de soi-même et de 

l’autre … L’utilisation des supports de travail comme l’ordinateur, le tableau, 

les feuilles de papier et tous les outils scripteurs … tout matériel étant dans 

la salle de travail peut-être utilisé par Anthony … 

 

Il va utiliser plus particulièrement l’ordinateur, le tableau avec les 

craies, et les livres de la bibliothèque des enfants du CMPP  et les livres de 

mon bureau … 

 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 12 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

Suite à un travail à partir d’une histoire « écoutée et lue » sur un cd 

rom, je lui propose la création d’un livre retraçant cette histoire : « Ma 

maîtresse est une sorcière » …. L’objectif de ce travail étant de faire un 

lien indirect avec le travail de sa classe où Anthony a de grandes difficultés 

à accepter « l’enseignante partagée » avec les autres et où il pose des 

difficultés d’adaptation relativement importantes.  

 

A l’heure où j’écris ce texte nous en sommes à une quinzaine de 

séances … Le livre est presque terminé … 

 

Anthony a tout de suite mis en mot toutes les difficultés qu’il mettait 

ensuite en actes … « Je ne peux pas m’empêcher de bouger de ma chaise » 

« c’est comme à l’école »… Alors nous avons réfléchi ensemble sur le fait de 

bouger tout le temps … Comment pouvait-on écouter si on se levait toutes 

les cinq secondes ? Et alors comment « on perdait le fil » de ce que l’on 

était en train de faire ….. Ce n’était pas un  interdit, au cours de la 

séance, de se lever toutes les cinq secondes mais comment pouvait il faire 

pour « suivre le fil » de notre conversation, de la lecture et l’écoute de 

l’histoire sur l’ordinateur ????? Je l’ai accompagné dans son interrogation et 

nous avons partagé ensuite le clavier de l’ordinateur et le travail d’écriture 

et de réécriture du livre … Nous avons travaillé en « dictée à l’adulte » … 

j’étais très admirative du savoir d’Anthony pour le vocabulaire très approprié 

aux contes … Il parlait de « grimoire » et la structure des contes lui était 

très familière … En fin de séance il choisissait un livre de tout petit qui 

parlait des sensations de « toucher-douceur » et maintenant il est capable 

d’écouter une lecture de conte à épisodes… Il peut différer son attente … 

Accepte plus une certaine frustration … 

 

 Cela semble être un travail comme j’ai l’habitude de faire avec 

les enfants … Chaque séance est singulière comme avec chaque enfant … 

Avec Anthony j’ai commencé à m’interroger et éprouver un malaise quand il a 

dans le déroulement de la séance … abordé « les petites choses de la vie » 

comme le font les enfants… Un mot lui rappelait quand il était bébé … A la 

maison d’enfants … Et puis il avait envie que l’assistante familiale lui lise un 

conte comme je faisais en fin de séances et puis elle ne le faisait pas … 

« elle dit que je suis plus un bébé » « moi j’aurais envie qu’elle me lise une 

histoire pour pouvoir m’endormir » et il était souvent dans la plainte … Il 

n’avait pas eu le temps de déjeuner et puis il avait mal à la tête … et puis 

finalement il a pu parler le conflit avec la jeune collègue et faire  lien entre 

sa colère à ce moment là  (il ne peut aborder le terme de tristesse …) et le 

fait qu’il ait  appris à cet atelier le départ d’une stagiaire éducatrice … 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 13 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

Alors nous avons parlé de la réalité de ce départ… De la souffrance quand 

des personnes partent ailleurs … Le droit de pleurer pour soulager … « Pas 

moi, dans ma famille les garçons ne pleurent pas  » « Tu pleures toi ? Et tu 

as déjà vu des garçons pleurer ?» ma réponse positive le laisse interrogateur 

… 

 

Et moi je me questionnais : je renvoie au consultant ????? Quelle est 

la place des référents du PF ?????  

Je savais qu’ils recevaient Anthony en entretien … Anthony a une 

histoire particulière …avec beaucoup de souffrance et de deuil ….  

Les séances devaient l’amener à se construire mais comment faire lien 

avec les autres ….. Comment ne pas mélanger les places ??????   Enfin pour 

moi ... Alors  j’ai commencé à travailler avec les référents du placement 

familial et avec le consultant …. J’évoquais mes séances de travail avec 

Anthony … Ce qu’il disait quand il évoquait  sa petite enfance, … son lien 

avec l’assistante familiale… Ses interrogations quant à sa nouvelle vie au sein 

de la famille de sa sœur et les places de chacun … et puis finalement sa 

mère qui existait pour lui par l’intermédiaire « des confitures de fraises 

qu’elle avait faites et qui étaient bonnes jusqu’en 2008 … » et un travail de 

lien  a pu commencer entre nous avec toute une élaboration autour de 

l’enfant … 

 

Le consultant et les référents du placement familial m’apparaissent 

comme les garants du cadre de vie physique mais surtout psychique 

d’Anthony … La parole recueillie et accueillie par eux fait exister ces 

enveloppes autour d’Anthony … autour du cadre que nous posons en tant que 

cliniciens dans notre travail singulier avec cet enfant. 

 

 

 A mon avis le fait que  le CMPP soit un lieu thérapeutique avec une 

référence de psychothérapie institutionnelle ne me semble pas anodin au fait 

que le placement familial soit une « enveloppe » permettant à cet enfant de 

se construire dans le lien entre des intervenants diverses et nombreux qui le 

prennent en charge … Je ne peux m’empêcher de les comparer à  la mère 

suffisamment bonne  de Winnicott5 … Qui permet à son enfant de se 

construire en lui permettant la rencontre avec l’extérieur tout en maintenant 

                                                

5 

  

Winniccott,  jeu et réalité, Paris Gallimard 1971   

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L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

un espace potentiel … dans lequel il va pouvoir  jouer sa créativité et devenir 

autonome … 

 

Avant de conclure, nous poserons un dernier regard sur cette période d’accueil 

familial en train de se terminer. 

Suite à la décision du Juge 

Par Julie Henon 

Nous avons reçu Anthony suite à l’audience au tribunal où la sœur d’Anthony a été 

nommé tiers digne de confiance. Ce nouveau statut et les responsabilités lui incombant, étant 

effectif au 1° Juillet 2006. 

Anthony sera reçu seul dans un premier temps puis avec l’assistante familiale. 

Anthony dit être « très, très satisfait » de la décision du juge. Il ajoute même que c’est 

ce qu’il attendait « je l’ai dit depuis le début que je voulais vivre chez ma sœur ». 

Cet entretien nous permettra d’observer qu’Anthony a tout à fait mesuré ce qu’engage 

ce nouveau statut dans sa vie. Le premier étant la modification de son accueil, à compter de 

cette audience, il rentrera chez sa sœur tout les week end en attendant la date du 1 Juillet. 

De même, Anthony définit le rôle de tiers digne de confiance, « c’est que ma sœur, 

elle s’occupe de moi et prend toutes les décisions pour moi » et aussi « Bon, angélique, c’est 

ma sœur et je suis son frère, mais quand elle achètera quelque chose à ma nièce et bien, elle 

me l’achètera aussi, parce que c’est pareil ». 

Effectivement, ce nouveau statut octroi des responsabilités parentales à Mme R. sans 

être pour autant à une place de mère. 

L’assistante familiale n’a pas occupé cette place, sa sœur ne l’occupera pas non plus, 

Anthony peut continuer d’effectuer son travail de deuil. 

Enfin, il évoquera les conséquences de cette décision au niveau de son accueil familial, 

« on en a parlé avec ma sœur et elle a dit que j’irai chez l’assistante familiale les week end, 

comme ma sœur elle a en ce moment ». 

Le projet serait donc une inversion du temps d’accueil actuel. 

Anthony vivrait chez sa sœur la semaine et serait accueilli chez l’assistante familiale le 

week end afin de travailler progressivement sa sortie du service. 

Nous finirons l’entretien en lui demandant si il a évoqué avec l’assistante familiale la 

décision du juge et ces changements. Il nous répondra que non. 

Alors qu’il n’a cessé de dire à l’assistante familiale pendant le déroulement de son 

accueil qu’il allait vivre chez sa sœur, qu’il allait partir ; lorsque cela se présente, il s’avère 

trop difficile pour lui de lui dire. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 15 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

Dans un second temps, nous recevons donc l’assistante familiale et Anthony. Anthony 

semble mal à l’aise et en attente de ce que nous allons dire et de comment va réagir 

« Babette ». 

Nous informons donc l’assistante familiale de la décision du juge et de ces 

conséquences au niveau de l’accueil familial. Mme R. sera donc reçue par nous-même pour 

décider ensemble de la suite du projet d’Accueil Familial ou non. 

Même si cette annonce a été amené le plus délicatement possible, elle n’en reste pas 

moins un choc pour l’assistante familiale qui répond assez vivement qu’elle aussi doit être 

associée à la décision « parce que ça la concerne aussi »

Même si la re-partielisation de l’accueil et sa fin était connue de tous depuis le départ 

puisqu’elle est inévitable, cela n’en reste pas moins difficile à vivre pour eux deux.  

Anthony fut très sensible à la réaction de l’assistante familiale. 

Après cet entretien, nous prendrons régulièrement contact avec l’assistante familiale et 

nous lui proposerons un entretien seul afin qu’elle sache que dans cette période de transition, 

elle peut compter sur nous. 

Rencontre entre les référents de l’Accueil Familial, Anthony et Mme R. 

Quelques temps après, nous avons proposé à Anthony et à sa sœur un rendez-vous. 

Anthony est arrivé en taxi au CMPP mais sa sœur n’est venue. 

Nous avons donc décidé de maintenir un entretien avec Anthony. 

Anthony a accepté de nous suivre dans le bureau mais une fois installé, il ne voulait 

pas nous parler : 

« Bon, bonne nuit » 

« Vous n’avez qu’à parler entre vous » 

« Moi, j’ai rien à dire donc vous n’avez rien à dire » 

« Là, vous pouvez vous taire car je suis en train de faire un truc ». 

Effectivement, Anthony était en train de nous montrer quelque chose. 

Il a pris deux feuilles blanches qu’il a agrafé ensemble, tout le long de leurs bords. 

Puis, il a essayé de retirer, une à une, les agrafes qui liées les deux feuilles. 

« C’est dur ! Quelqu’un peut me le faire car je crois que je vais m’énerver ». 

Cela nous a permis de reprendre la difficulté que l’on pouvait ressentir lorsqu’il faut se 

séparer. 

C’est difficile de séparer des choses qui ont beaucoup collés, comme lui et l’assistante 

familiale. 

Deux papiers agrafés restent difficile à dégrafer. Ce sur quoi, Anthony ajoute : « ça 

prend des années et des années… Surtout quand il y a mille feuilles collées, mille paquets de 

feuilles collées… ». 

Nous avons donc répondu à Anthony qu’il est vrai que le travail de déccrochage prend 

du temps et nous lui avons fait remarquer que ces deux feuilles, qu’il avait finalement réussit 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 16 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

à décoller, avaient des trous laissés par les agrafes…Traces indélibiles, sorte de bons 

souvenirs de quand elles étaient attachées. 

N’est ce pas cela le plus important !? 

A la fin de cet entretien, Anthony a décidé d’emporter avec lui les feuilles qui avait été 

agrafé ensemble puis dégrafées. 

Suite à cet entretien, nous avons contacté Mme R., celle-ci n’avait pas reçu le courrier 

convenant de ce rendez-vous, nous avons donc repris une date. 

CONCLUSION 

A travers cette histoire, nous avons voulu montrer comment l’accueil d’un enfant 

et la séparation d’avec son « milieu familial naturel » est quelque chose de 

complexe, aussi complexe que les liens d’attachement mis en place dans sa propre 

famille. Et ce d’autant que les sentiments de l’enfant, mais aussi de ses parents, 

sont eux-mêmes marqués par l’ambivalence la plus forte. Eprouver de l’amour, et 

a fortiori le montrer, est impossible et dangereux. On risque alors d’être à la 

merci de l’autre : de sa violence, de son indifférence, de son rejet, de son 

absence, de sa mort. L’agitation, la dérision, la fausse indifférence sont autant 

d’enveloppes, ou plutôt de gangues, qui protègent contre le risque de blessure 

affective. 

Dans ces conditions, nous avons proposé une autre enveloppe qui ne puisse pas 

donner l’illusion d’un amour de remplacement. Plutôt qu’une couverture, chaude, 

bien tissée, mais risquant d’être étouffante, un filet à mailles lâches, 

suffisamment élastique pour accepter que l’enfant puisse y tomber sans se 

blesser, s’y mouvoir sans le déchirer, sans s’étouffer avec. 

L’accueil familial n’est qu’une des mailles de ce filet, il ne peut avoir la prétention, 

ni à lui seul, ni même prioritairement, de constituer l’essentiel des soins de 

l’enfant. Il nous est apparu nécessaire d’inscrire ce mode de soin dans un réseau 

plus complexe où pouvaient intervenir les acteurs du soin, les acteurs sociaux, 

l’école, l’entourage familial. 

A ce niveau, il nous semble important d’insister sur la dimension symbolique que 

peut recouvrer ce mode de soins. A notre sens, Anthony, comme beaucoup 

d’enfants malmenés par leur histoire familiale ne peuvent, par loyauté, admettre 

l’absence ou la mauvaise qualité de leurs parents. Symétriquement, il leur est 

inacceptable de constater que la société, qui leur renvoie systématiquement leur 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 17 

L. PIERQUIN, J. HENON, J. BAA, Dr L. MAHIER 

Ca commence par un E, ça finit par un E, avec une lettre à lintérieur. 

statut d’enfant, ne puisse pas leur désigner, nommément, celui ou celle qui devra 

assurer la fonction parentale devenue vacante. 

Ce travail de repérage, des places, des fonction, des personnes, est 

indispensable à la définition d’un cadre suffisamment protecteur mais également 

suffisamment ouvert pour que l’enfant puisse s’y mouvoir. C’est celui que nous 

avons tenté de faire à travers, entre autres, notre service d’accueil familial. 

Ah, au fait, l’énigme qui donne le titre « Ce qui commence par un « e », finit par 

un « e », avec une lettre à l’intérieur », est une devinette qui nous a été posée 

par Anthony lui-même au cours d’une de nos rencontres. 

Vous avez trouvé la réponse ??? 


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7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 1 

Dr M. REVEILLAUD, F. GUYOD, J. MAHE, J. MAZOUIN, JL. MUTSCHLER 

LAFT séquentiel pour soutenir le placement famlial de lASE dans la prise en charge dun enfant violent : 

reconstruction des liens affectifs 

Dr Marie REVEILLAUD, 

Psychiatre, Chef de service, CH Mazurelles, La Roche-Sur-Yon 

Fabrice GUYOD, 

Psychologue, CH Mazurelles, La Roche-Sur-Yon 

Jacqueline MAHE, 

Infirmière, CH Mazurelles, La Roche-Sur-Yon 

Joël MAZOUIN, 

Infirmier, CH Mazurelles, La Roche-Sur-Yon 

Joëlle FRANÇOIS, 

Infirmière, CH Mazurelles, La Roche-Sur-Yon 

Jean-Luc MUSTCHLER 

Infirmier, CH Mazurelles, La Roche-Sur-Yon 

 

 AXE n°2 « DIVERSITE DES ENVELOPPES » 

L’AFT séquentiel pour soutenir le placement familial de l’ASE 

dans la prise en charge d’un enfant violent : 

reconstructions des liens affectifs. 

  

Nous présenterons un cas d’enfant dont la pathologie se manifestait par une dangerosité, une 

explosion de violences brutale et imprévisible : immotivée au premier abord mais pas sans 

cause comme nous tenterons de le démontrer dans ce qui suit. 

Plusieurs dispositifs thérapeutiques ont été déployés au cours de sa prise en charge en 

réseau pluri-institutionnelle et pluri-partenariale,  

Ces dispositifs sont capables, selon nous,de donner des réponses adéquates à la montée en 

puissance des hospitalisations en pédopsychiatrie d’enfants présentant au premier chef du 

tableau symptomatologique des passages à l’acte violents.     

Dans cet ensemble, construit comme autant d’enveloppes contenantes emboîtées les unes 

dans les autres, fermes et souples à la fois, centrées sur l’espace interne du sujet dans ses 

rapports aux objets, nous voudrions mettre en relief l’accueil familial thérapeutique 

séquentiel. 

Bien que ne représentant qu’un des maillons de l’ensemble du projet thérapeutique, cet 

élément du dispositif de soins n’en fût pas moins essentiel pour que cet ensemble résiste à la 

destruction 

  

  

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LAFT séquentiel pour soutenir le placement famlial de lASE dans la prise en charge dun enfant violent : 

reconstruction des liens affectifs 

1- Histoire de Alan : un regard de loup. 

  

Alan arrive à l’âge de onze ans et demi dans la structure temps plein en urgence après avoir 

été exclu d’un Institut de Rééducation.Pédagogique. L’exclusion de cette institution est en 

rapport avec ses comportements violents. C’est un enfant qui est pris en charge par les 

services sociaux depuis l’âge de deux ans. 

  

Nous connaissons le père de Alan, qui lui-même a été suivi depuis l’âge de douze ans en 

pédopsychiatrie et qui continue à être suivi en psychiatrie adulte avec un traitement 

neuroleptique très important. Sa mère, originaire des Dom Tom, et adoptée à l’âge de 7 ans 

par une célibataire, est décédée lorsqu’il avait trois ans. 

  

Cette grand-mère maternelle a toujours manifesté de l’intérêt pour son petit-fils, le prenant 

en vacances fréquemment, contactant régulièrement les familles d’accueil. Pour autant, elle 

tenait un discours très négatif sur sa propre fille, mère de l’enfant, et rejetait totalement le 

père. 

  

Les autres éléments traumatisants de son histoire sont liés aux placements successifs depuis 

l’âge de trois ans dans cinq familles d’accueil différentes, avec à chaque fois des ruptures 

difficiles dans des contextes de violences de l’enfant et/ou de maltraitances des parents 

d’accueil.  

  

Mais reprenons chronologiquement et dans les détails. La mère de Alan entreprend à la fin de 

son adolescence des études d’aide-soignante. Suite à l’échec de ses examens, elle bascule 

dans la délinquance et les amours vagabonds. 

  

Le père de Alan, diagnostiqué psychopathe, est hospitalisé en psychiatrie dès sa petite 

enfance, puis orienté en Institut Médico-Educatif. Il a été placé avec ses frères en famille 

d’accueil et suivi par le service de L’Aide Sociale à l’Enfance. 

  

Les deux premiers mois de son existence, Alan vit avec ses deux parents. Jusqu’à huit mois il 

se retrouve avec sa mère dans un foyer maternel où s’est réfugiée sa mère pour fuir les 

violences de son père. Les travailleurs sociaux relèvent la présence de violence de la mère sur 

son fils. De huit mois à un an, il vit seul avec sa mère dans un appartement. A l’âge de deux 

ans, tandis que la mère rompt sa collaboration avec les travailleurs sociaux, il est constaté 

l’apparition de comportements violents chez Alan dans le même temps qu’il lui est prodigué un 

câlin, il griffe et égratigne le cou.  

  

A l’âge de trois ans, Alan est placé en famille d’accueil tandis que se déclare un cancer chez la 

mère. Elle apprend alors à son fils que son père n’est pas mort, contrairement aux propos 

qu’elle lui avait tenus jusqu’alors, et désire que la famille d’accueil adopte son fils à sa 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 3 

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LAFT séquentiel pour soutenir le placement famlial de lASE dans la prise en charge dun enfant violent : 

reconstruction des liens affectifs 

disparition qui survient quelques mois plus tard. Mais très vite, il est établi une maltraitance 

de la famille d’accueil sur Alan. La seconde famille d’accueil divorce. La troisième porte des 

coups sur Alan et le mari est suspecté d’agressions sexuelles.  

  

A l’âge de sept ans, alors qu’il est placé dans une nouvelle famille d’accueil, il est orienté dans 

un Institut de Rééducation Pédagogique. Il y demeurera jusqu’à ses onze ans, où à la suite 

d’une crise d’agitation, il sera hospitalisé d’abord en psychiatrie adulte, puis dans un service 

de pédiatrie, et enfin dans notre service. 

  

A son arrivée, le tableau symptomatologique est des plus préoccupant. L’angoisse, l’agressivité 

et la colère de Alan s’expriment par des coups violents portés sur les soignants, hommes et 

femmes. 

  

Il bouscule et malmène volontiers les enfants plus jeunes ou les personnes fragiles. Lorsqu’il 

frappe, il prend un regard noir que nous avons pris l’habitude de qualifier comme un regard de 

loup. Son maintien psychomoteur se décompose, donnant l’impression d’un démantèlement, les 

épaules montées, la tête baissée, tel un rugbyman, car il est d’une morphologie imposante, qui 

aurait perdu toute consistance. 

  

Il est très collé aux adultes, et présente toujours le besoin d’être touché, ou de toucher lui- 

même : il touche les seins des infirmières surtout lorsqu’elles sont décolletées. Il ne supporte 

pas que quelqu’un soit dans son dos. 

  

Il recherche l’exclusivité de la relation duelle, vampirise l’attention et les affects du 

soignant, monopolise et contrôle ce qui est fait et dit. Lorsqu’il y a plusieurs soignants, Dylan 

opère d’emblée un clivage entre le bon soignant qu’il idéalise, et le mauvais auquel il voue une 

haine destructrice.  

  

Il parle sans arrêt, persévère, pose des questions, souvent les mêmes, trahissant une 

angoisse envahissante. Il ne supporte absolument pas d’attendre avant qu’on ne lui réponde, 

pas plus que les temps libres entre deux activités, tandis qu’il doit se retrouver seul avec lui- 

même : le vide le terrifie. 

  

D’une façon générale, ses capacités de tolérance à la frustration sont très faibles. 

  

  

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LAFT séquentiel pour soutenir le placement famlial de lASE dans la prise en charge dun enfant violent : 

reconstruction des liens affectifs 

2- Les dispositifs de prise en charge : endiguer la répétition des ruptures abandonniques ; 

supporter l’attaque systématique des liens ; injecter et restaurer l’appareil à penser les 

pensées. 

  

D’emblée, il nous apparaît que le tableau présenté par Alan évoque un ancrage dans la position 

schizo-paranoïde et ses mécanismes de défenses spécifiques tels le clivage et le recours à 

l’identification projective si minutieusement décrits par Mélanie Klein. Pour autant il nous 

semble possible d’y isoler également le travail plus silencieux de l’identification adhésive 

postulée par Esther Bick, et magistralement articulée dans les développements théorico- 

cliniques de Geneviève Haag.  

  

En ce début de prise en charge, Alan oscille ainsi de manière frappante entre 

bidimensionnelle, caractérisée par la recherche de contacts sensuels avec les surfaces 

(CICCONE Albert & LHOPITAL Marc, Naissance à la vie psychique. Modalité du lien précoce 

à l'objet au regard de la psychanalyse, Paris, Bordas-Dunod, 1994), une relation au temps 

essentiellement circulaire (éléments d’immuabilité), et tridimensionnalité (Donald Meltzer) où 

le temps et l’espace deviennent discernables, les espaces internes du Moi et de l’objet se 

différencient, tandis qu’apparaissent les premiers produits de l’appareil à penser les pensées 

(Bion), racines de l’émergence d’une instance tierce à même de médiatiser l’immédiateté de la 

chose en soi (éléments ). Nulle trace cependant du moindre signe d’une position dépressive : 

les conflits en présence demeurent largement préœdipiens. 

  

C’est selon ce référentiel, munis de cette boussole qu’émergent nos premières hypothèses de 

travail puis l’ébauche de notre prise en charge. 

  

 a) Reconstruction du complexe familial. 

  

 Nous écartons d’abord un premier projet médical qui consistait à transférer l’enfant vers un 

lieu de vie éloigné de 400 Kms de sa famille, et privilégions, en accord avec le service de 

l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), le retissage des liens familiaux.   

  

Nous mettons en place une prise en charge à l’Hôpital de Jour et un Accueil Familial 

Thérapeutique (AFT) pour soutenir le nouveau placement de l’ASE. Ainsi le projet est 

coordonné entre les deux institutions : Aide Sociale à l’Enfance et Pédopsychiatrie. 

  

Nous oeuvrons de concert afin de reconstruire avec l’enfant son histoire et celle de ses 

parents :  

- Du côté paternel, par des rencontres avec le père en accord avec le service de psychiatrie 

adulte qui le soigne, et par des rencontres avec les grands-parents paternels. Le père nous 

apprenant qu’il ne voit plus sa famille depuis plusieurs années, nous l’incitons à reprendre 

contact avec sa mère, son beau-père, ses frères et sœurs, ce qui enrichit nos points d’appui 

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Dr M. REVEILLAUD, F. GUYOD, J. MAHE, J. MAZOUIN, JL. MUTSCHLER 

LAFT séquentiel pour soutenir le placement famlial de lASE dans la prise en charge dun enfant violent : 

reconstruction des liens affectifs 

familiaux car les frères du père sont des personnalités très solides et ont  des professions 

respectables.  

- Du côté maternel, nous rencontrons la grand-mère tous les 15 jours avec l’enfant pour 

reparler ensemble de l’évolution de Alan en profitant de relations chaleureuses, tout en 

évitant de la laisser dénigrer les parents de l’enfant. Cette grand-mère apporte des photos 

de sa fille et des objets qu’elle a aimés. 

  

Nous mettons en place peu à peu, un filet qui va contenir les éléments éparpillés d’histoire de 

l’enfant, de liens affectifs positifs ou négatifs pour les mettre en liens, les mettre en sens. 

  

Nous rencontrons dans cette perspective les oncles paternels de l’enfant qui refusent tout 

d’abord puis, comprenant le sens de notre démarche, acceptent de rencontrer l’enfant avec 

nous en amenant une petite cousine. 

Des rencontres sont également organisées chez la grand-mère paternelle que l’enfant n’a pas 

vue depuis 5 ans. Des visites sont organisées chez la famille d’accueil qui a élevé le père et qui 

transmettent à l’enfant les souvenirs d’enfance du père et des photos. 

Il découvre peu à peu des personnes qu’il ne connaissait pas ayant un lien, soit familial, soit 

affectif avec lui, sur lesquels il peut s’appuyer pour se construire dans un sens non négatif. 

  

Les troubles du comportement qui ont nécessité son hospitalisation persistent dans les lieux 

hospitaliers. L’enfant est maintenu en Hôpital de Jour, 4 fois par semaine et dans ses 

moments d’hospitalisation de jour, il peut se montrer violent, dangereux. Il agresse à 

plusieurs reprises des soignants infirmiers, éducateurs ou médecins. 

Pour soutenir l’équipe soignante, les temps de réunion de synthèse et le travail régulier et 

assidu des reprises des groupes thérapeutiques de l’hôpital de jour avec la psychiatre et le 

psychologue s’avèrent incontournables et décisifs, que ce soit pour désintoxiquer les résidus 

d’éléments  générés dans la relation à Alan ou que ce soit pour mobiliser leur appétit de 

savoir (mise en branle de la fonction )ou leur capacité de reverie, dans la résolution de 

nouveaux problèmes émergeant dans sa prise en charge. 

  

L’accueil familial thérapeutique 

Pour contenir la violence de l’enfant, nous nous coordonnons avec l’Aide Sociale à l’Enfance 

pour organiser la prise en charge de Alan dans la famille ASE d’une part et les 3jours par 

semaine en famille d’accueil thérapeutique d’autre part. 

Nous utilisons notre dispositif habituel de fonctionnement de la structure AFT en mettant la 

famille d’accueil ASE à la place habituelle de la famille naturelle de l’enfant tout en ajoutant 

le retissage des liens avec la famille naturelle. 

Ce dispositif consiste en visites à domicile régulières dans les deux familles par un binôme 

infirmier différent dans chaque famille et des étayages à l’école ou dans d’autres lieux de vie 

ou d’accueil de l’enfant. C’est la mise en commun des éléments recueillis lors de ces 

rencontres au cours de la réunion hebdomadaire d’une durée de trois heures de toute l’équipe 

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reconstruction des liens affectifs 

d’AFT qui nous semble être le moment le plus important de notre dispositif. L’équipe d’AFT 

comporte 10 soignants, un cadre de santé un médecin psychiatre. A ce personnel travaillant à 

temps partiel (environ deux demi-journées par semaine) s’ajoutent ponctuellement à la 

réunion hebdomadaire les soignants ayant l’enfant en psychothérapie, en soin à l’hôpital de 

jour ou en groupe au CMP 

Nous attribuons les effets de restauration psychique des enfants bénéficiant de cette 

structure, d’une part aux possibilités d’identification croisées offertes par les rythmes 

d’aller et retour dans l’une et l’autre famille, d’autre part à la reconstitution d’une enveloppe 

psychique contenante solidifiée . Cette reconstitution se ferait, selon nous, grâce à la 

superposition  complémentaire et non contradictoire des enveloppes groupales offertes par 

chacune des deux familles auxquelles s’ajoutent l’enveloppe groupale scolaire lorsque nous 

avons réussi une intégration, puis s’ajoutent encore le travail des équipes de soins des 

hôpitaux de jour ou des CMP et enfin celui essentiel de la grande réunion hebdomadaire 

Cette réunion qui analyse les interactions de ces différents lieux et réajuste en permanence 

le dispositif en fonction des nécessités dictées par tous les mini évènements rapportés en 

réunion. 

Les différentes enveloppes psychiques vont servir de contenant pour les évènements 

corporels et psychiques de l’enfant, effectuant le tri des éléments négatifs et positifs et 

l’aidant à s’appuyer sur ces enveloppes contenantes puis à s’approprier ce contenant dans son 

propre psychisme. Nous verrons de manière magistrale Alan s’approprier progressivement la 

fonction contenante de la superposition complémentaire des différentes enveloppes qui lui 

sont offertes. 

Les visites à domicile dans les deux familles ont lieu en règle générale deux fois par mois, 

mais dans le cas de Alan nous avons augmenté ces visites au rythme hebdomadaire en y 

ajoutant des appels téléphoniques quotidiens dans les moments plus difficiles. 

Une règle de fonctionnement essentielle dans notre dispositif, est l’absence de contact entre 

les deux familles. Dans le cas de Alan la règle s’est appliquée aux deux familles d’accueil ainsi 

qu’à la famille naturelle. La grand-mère maternelle avait lors des placements ASE antérieurs 

utilisé largement son droit à contacter la famille d’accueil et ces échanges avaient fragilisés 

les compétences d’accueil de la famille. La grand –mère de Alan se rebelle tout d’abord contre 

notre règle de fonctionnement qui la surprend puis au fil des mois constate le confort que ce 

fonctionnement permet dans ses relations avec son petit-fils. 

Cette règle permet à l’enfant d’utiliser les apports de chaque famille sans être influencé par 

les jugements de l’une sur l’autre liés à leur rivalité et nous évitons par ailleurs l’alliance des 

deux familles contre l’enfant en ce qui concerne les symptômes difficiles à supporter. Ainsi la 

famille d’accueil puise dans sa propre énergie et ses propres expériences ainsi que dans le 

soutien que nous lui apportons et non sur l’expérience de la famille naturelle ou de l’autre 

famille d’accueil pour supporter les moments difficiles. 

Etonnement, Alan bénéficiant de deux accueils différents dans la semaine se révèle non 

violent dans l’une et l’autre famille. Il tente cependant de les mettre en rivalité l’une contre 

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reconstruction des liens affectifs 

l’autre. Notre règle de fonctionnement permet de surmonter cette rivalité qui aurait pu être 

destructrice. 

Nous comprenons que l’enfant, outre les traumatismes, a été prisonnier des discours toxiques 

véhiculés sur lui, et sur ses parents. La grand-mère, très affectueuse avec l’enfant parle de 

sa mère (sa fille adoptive), en termes assez péjoratifs et critique sans retenue le père qu’elle 

n’a jamais accepté.  

En évitant les contacts de la grand-mère auprès des deux familles d’accueil et des deux 

familles d’accueil entre elles nous évitons que ces deux familles ne soient envahies par ces 

représentations négatives et les laissons développer leurs propres stratégies tout en les 

étayant dans leurs difficultés.  

  

Le travail de l’équipe de soins se situe essentiellement dans le soutien apporté à la rencontre 

de tous ces points d’appui et de ces parcelles d’enveloppes psychiques comblant les trous 

laissés par les arrachages répétés et  les maltraitances. 

  

Pour Alan outre les visites à domicile faites dans les deux familles d’accueil, des rencontres 

hebdomadaires sont organisées avec le père dans le cadre de la musicothérapie, des 

rencontres bi-mensuelles avec la grand-mère maternelle, des rencontres avec la grand-mère 

paternelle plusieurs fois par an, avec les oncles paternels une fois par an . 

  

Ce tissage permet de parler avec l’enfant et de lui permettre de reconstruire son roman 

familial avec tous ses éléments nouveaux dont beaucoup d’éléments positifs. Ce nouveau 

roman va prendre une place importante et va combler les trous. 

Nous allons relater quelques moments clés de ce montage fragile qui s’est révélé un succès 

thérapeutique : 

L’AFT chez Mr et Mme L mis en place pour soutenir et compléter le placement en famille ASE 

dure deux années exactement et débute quelques semaines avant le placement ASE chez Mr 

et Mme B. 

Lors des premières semaines M. et Mme L. exigent de Alan qu’il dise « bonjour » »au revoir» 

« merci » ce qu’il accepte, mais il préserve son intimité en ne montrant pas la photo de sa 

mère, sa trousse offerte par la grand-mère etc. Lorsque Alan s’énerve, Mm L. reste ferme et 

maintient le cadre. 

 Alan n’agresse pas la famille d’accueil alors qu’il frappe dans la journée des enfants ou des 

soignants de l’hôpital de jour. 

Alan commence à critiquer la famille L. deux semaines après son arrivée chez les B. mais 

n’obtenant pas la déstabilisation du projet qu’il a connue lorsqu’il était jeune, il cesse ses 

critiques mais les reprendra contre l’une ou l’autre famille de temps à autre. On décèle dans 

ses critiques une tentative de manipulation et des éléments de perversité. Parallèlement, il 

exprime beaucoup de douleurs somatiques. 

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reconstruction des liens affectifs 

Pour exprimer sa colère en famille d’accueil, Alan s’attaque aux objets : il abîme la voiture de 

la famille L., détruit des plantes dans la famille B, détruit des plantes également chez des 

amis de la famille B. 

Les deux familles essayent d’inculquer à Alan des mesures d’hygiène et nous soutenons ce 

travail à l’hôpital de jour. 

Dès le premier mois chez les deux familles, les rencontres en famille naturelle et les séances 

de musicothérapie avec son père sont organisées et les effets de cette reconstruction sont 

observés dans les deux familles d’accueil. 

Pour le premier Noël de cette période, Alan demande à rester chez les B. 

Une réflexion concernant les destructions matérielles de Alan nous mène à décider de lui 

demander sa participation financière à l’indemnisation. 

Le traitement neuroleptique très important qui a été prescrit avant l’arrivée de Alan est un 

élément de discussion car il ne diminue pas vraiment le risque de violence ; Il aggrave par 

contre le comportement boulimique et le surpoids qui menace de devenir de l’obésité. Chaque 

tentative de diminution entraîne des réactions de protestation des personnes qui craignent sa 

violence. Ce problème est la cause d’une perte de confiance d’une partie de l’équipe infirmière 

qui porte plainte contre le médecin auprès de son syndicat. 

C’est en maintenant coûte que coûte la diminution très progressive qu’on réussira en 18 mois à 

changer ce traitement. 

La réintégration scolaire est un difficile projet soutenu par tous les partenaires. Nous 

réussissons à envoyer Alan à l’école une heure par jour en classe de CM1 où se révèle son 

incapacité à l’effort. La fierté qu’il ressent d’être à nouveau un élève, l’aide à se contenir 

pendant une heure et à effectuer le travail que lui demande sa maîtresse. 

Pendant les vacances scolaires, le cahier de travail scolaire permet un maintien de l’effort 

intellectuel de Alan dans ses trois lieux(l’hôpital de jour et les deux familles d’accueil) 

L’année scolaire suivante est beaucoup plus compliquée à organiser puisque Alan a atteint l’âge 

du collège ! Il est orienté en Segpa mais l’intégration partielle au collège se révèle très 

difficile avec des exclusions répétées et peu de progression dans le comportement car Alan 

est confronté à la violence des autres élèves et a du mal à contenir la sienne. 

Les deux familles d’accueil soutiennent les déconvenues et comblent les temps d’exclusion et 

un étayage au cours des récréations est organisé avec la participation des soignants de 

l’hôpital de jour. 

Au cours des huit premiers mois chez les B., éclatent des crises toujours en lien avec 

l’agressivité de Alan envers les objets parfois envers les personnes. Ces crises entraînent des 

synthèses avec les responsables de l’ASE. Le soutien que nous apportons à la famille B. (de 

l’ASE )et l’augmentation des temps d’accueil dans la famille L( de notre structure) 

permettent à chaque fois de surmonter les crises. 

Alan participe progressivement aux petits travaux dans l’une et l’autre famille et en est fier. 

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LAFT séquentiel pour soutenir le placement famlial de lASE dans la prise en charge dun enfant violent : 

reconstruction des liens affectifs 

Peu à peu Alan peut renoncer à ses attitudes toutes puissantes, parler de sa tristesse d’avoir 

perdu sa mère. Après un an et demi, il pleure au lieu de recourir à la violence. 

A l’âge de 13 ans, la rentrée scolaire est toujours un problème et l’intégration se fait 

difficilement mais Alan peut s’exprimer de manière très élaborée, il n’a plus de 

comportements dangereux, il a le soutien continue de sa famille naturelle et nous arrêtons 

l’AFT. Alan reste uniquement chez les B. 

  

  

b) Rencontres avec le père réel et sollicitation de la fonction paternelle symbolique. 

Un espace thérapeutique père-fils est mis en place sous forme d’un atelier de 

musicothérapie, une fois tous les quinze jours, et encadré par une infirmière de l’hôpital de 

jour et un musicothérapeute. Trois moments peuvent être retenus afin de décrire la manière 

dont Alan s’est peu à peu réapproprié son père réel et quelques bribes de la fonction 

paternelle symbolique dans un tel bain musical. 

D’abord, il doit être recadré et sécurisé constamment : il recherche le contact 

physique avec son père, souvent avec insulte et violence. Il lui écrase les pieds, lui tire les 

cheveux, les oreilles. Le père, en grande quête affective, cherche fréquemment à 

l’embrasser, mais ne peut répondre à ses attaques. D’une manière générale, il devient 

toujours plus insultant vis à vis de son père, et lui reproche d’avoir tué sa mère (discours tenu 

par la grand-mère maternelle), de ne pas l’avoir aimé petit enfant. Le père reste sans 

réaction. Ces épisodes conduisent à un resserrage strict du cadre. Les séances sont 

interrompues dès qu’il y a violence, et les interdits sont nommés face à son père.  

Toutefois, le travail de retissage de liens fait avec la famille paternelle et la famille 

d’accueil où était placé son père, commence à porter ses fruits. Les rencontres de Alan avec 

ces personnes permettent de modifier l’image de fou qu’il porte sur son père. Son père lui 

même semble tirer bénéfice de la prise en charge : sa dernière hospitalisation remonte à plus 

d’un an alors qu’il était hospitalisé à sa demande environ toutes les six semaines jusqu’alors. 

Une bascule s’opère et inaugure le deuxième moment de la prise en charge : un certain 

respect s’actualise entre le père et le fils autour du piano. C’est alors que Alan nomme pour la 

première fois son père « papa ». De la même manière et toujours pour la première fois, le 

père exprime son opposition à son fils quelques séances suivantes, lorsque Alan demande à 

rester seul avec lui. Le départ est alors mouvementé : Alan se jette dans les bras de son 

père, pleurant à chaudes larmes, et le supplie de le garder avec lui. Il s’ensuit une série 

d’échange de cadeaux (montre, bague, argent placé sur un compte par le père pour Alan) et 

une demande reconnaissance du père qui propose à son fils de se faire baptiser (inscription 

dans une filiation). 

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reconstruction des liens affectifs 

Le troisième temps est alors le parfait envers du premier. Alan répète les contacts 

physiques avec son père, mais avec mesure, sans exubérance ni intrusion. Il s’allonge sur ses 

genoux, se laisse tomber sollicitant son père pour qu’il le soutienne et le rattrape. Le père se 

prête sans difficultés à ce rapprochement. Alan dit au revoir à son père avec tendresse. 

Désormais, les rencontres du père et du fils n’auront plus lieu seulement dans le cadre 

thérapeutique de la musicothérapie, mais aussi autour de repas ou de sorties à partir de 

l’hôpital de jour. 

c) Psychothérapie : mobilisation de suppléances à la fonction paternelle.  

Relevant l’intérêt que Alan manifeste pour comprendre son histoire, à élaborer des 

éléments de pensées et à les mettre en lien, nous décidons de lui proposer une 

psychothérapie avec le psychologue. Une règle lui est posée au principe de ce nouveau 

dispositif thérapeutique : le seul acte autorisé dans cet espace est l’acte de dire.  

Cette règle sera respectée… mais au bout d’une dizaine de séances. Les premières 

rencontres prennent la forme des psychothérapie kleiniennes, durant lesquelles Alan se livre 

à une œuvre de destruction : il ouvre systématiquement les fenêtres avec violence et fracas ; 

il envoie valdinguer le mobilier de la salle de séance, touchant comme sans faire exprès mes 

jambes, mes pieds, venant se blottir sur mes genoux avec la volonté d’entrer dans mon corps ; 

il demande régulièrement à fixer mon regard en tête à tête, silencieusement, sans aucun 

geste, et de rester ainsi aussi longtemps que possible ; il m’assène des gifles magistrales, 

propose régulièrement de se livrer à des bras de fer ou des jeux de barbichette. 

Dès les premières séances, il lâche : « Je veux que ma mère ressuscite et vivre 

éternellement avec elle… Je veux que mon père meure, il a fait des choses ignobles, il m’a 

battu et il a battu ma mère ». Plus tard il reprend : « Mon père a des yeux verts de vipère, 

parfois il fait peur ». 

En venant à une séance, il hurle de toutes ses forces, s’approche de mon oreille et me 

tympanise. Il parle fort, « c’est pour marquer son territoire », précise-t’il. Il refuse 

l’interruption de séance, me colle et me serre tandis que je le raccompagne à l’hôpital de 

jour : subrepticement il me donne un coup dans les parties génitales. 

La séance suivante et pour la première fois, Alan est détendu, mais aussi soucieux. Il 

me demande de lui trouver l’idée d’un métier : je l’invite à y réfléchir aussi. Détective privé, 

décidera-t-il. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 11 

Dr M. REVEILLAUD, F. GUYOD, J. MAHE, J. MAZOUIN, JL. MUTSCHLER 

LAFT séquentiel pour soutenir le placement famlial de lASE dans la prise en charge dun enfant violent : 

reconstruction des liens affectifs 

Et les investigations démarrent. Alan ne cherchera plus à m’agresser, envahir mon 

corps ou détruire la salle de séance. Désormais, il redouble d’efforts : 

1) pour endiguer et transposer sur le plan des pensées la délocalisation des jouissances 

de corps qui le traverse sur un mode hypocondriaque (« je ressens des choses dans mon corps 

que tu ne peux pas comprendre ». Il poursuit : « Des fois j’ai mal dans tout le corps et je me 

sens lourd. J’ai mal à la tête mais c’est pas comme quand j’ai de la fièvre (il me désigne l’arête 

sur le sommet du crâne), j’ai mal partout, dans les genoux, dans tout le corps »);  

2) pour donner sens au vécu paranoïde qui l’assaille, en empruntant à diverses sources 

de quoi le métaphoriser (paléontologie, films (« Mars attack », « E.T. », « Stars War »), 

ouvrages pour enfants (« Il y a un cauchemar dans mon placard »), religion …). Il exige que 

j’écrive scrupuleusement le détail de ses chiffrages ; 

3) et pour palier enfin la signification phallique qui lui fait défaut. 

Voilà où en est Alan dans sa psychothérapie, avec une extension croissante de sa 

capacité à penser les pensées. C’est en effet le problème relatif à la fonction paternelle qui 

le préoccupe en ce moment, mais fait nouveau et d’importance, il cherche à présent à 

construire un moyen pour se pacifier la haine vengeresse du père qui désirait sa perte ou sa 

mort. 


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ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006) 1 

M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

Dr Martin PAVELKA 

Pédopsychiatre, Unité d‟Accueil Familial Thérapeutique, E.P.S. Barthélémy Durand, Sainte 

Geneviève-des-Bois 

Sylvie DENIZET  

Infirmière psychiatrique, Unité d‟Accueil Familial Thérapeutique, E.P.S. Barthélémy Durand, 

Sainte Geneviève-des-Bois 

 

 

 AXE n°3 « IDENTITE ENTRE FAMILLE D’ORIGINE ET FAMILLE D’ACCUEIL » 

« Le plongeon dans le sac » 

L’enveloppe matérielle et humaine de la médiation 

Dans notre Unité d‟Accueil Familial Thérapeutique, qui fait partie d‟un secteur public de 

Pédopsychiatrie de l‟Essonne nous soignons majoritairement les enfants qui ont dû être 

séparés par le Juge de leurs parents, qui en raison de leurs graves troubles de parentalité, 

imposent à leurs enfants les carences ou maltraitances, qui sont nocives dès le développement 

précoce. Face aux troubles mentaux et troubles de personnalité des parents, notre objectif 

premier est le soin et la prévention chez leurs enfants d‟une évolution vers un trouble grave 

de la personnalité, vers un trouble envahissant, voire le repli autistique.  

 

Les enfants de notre service sont accueillis de manière permanente continue - souvent depuis 

le jeune âge - en familles d‟accueil. Parallèlement au soutien du lien d‟attachement avec les 

accueillants, notre équipe met l‟accent sur l‟accompagnement aménagé des liens des enfants 

avec leurs parents. Non pas parce que c‟est le droit, mais parce que l‟expérience montre que 

cela contribue à l‟évolution favorable des enfants séparés. 

Notre dispositif de soins inclut,    quand c‟est indiqué,     la pratique de médiation des 

rencontres enfant/parents. C‟est sur ce point que nous nous focaliserons, sur le cadre et les 

mécanismes d‟action préventive et thérapeutique de la médiation, de ce que nous avons 

rebaptisé pour les besoins de cet atelier l‟enveloppe matérielle et humaine de la médiation. 

Nous nous appuierons sur une vignette clinique. Notre expérience se base sur une activité 

annuelle d‟une centaine de rencontres parents-enfants qui sont médiatisées par les soignants. 

BREVE HISTOIRE DE LA SITUATION 

Jean et Nelly ont aujourd‟hui 16 et 18 ans. Ils ont une sœur âgée de 22 ans qui n‟a pas été 

suivie par notre service. Ils ont été tous les trois brusquement séparés de leurs parents, plus 

d‟1 an et ½ après le premier signalement, par l‟ordonnance du juge à l‟age de 4 et 6 ans car ils 

ont fait l‟objet d‟agissements incestuels induits par les troubles de la personnalité du père. 

Nelly les a révélés dans ses dessins à l‟école. La dysparentalité de la mère est également 

sévère en raison de la psychose déficitaire qu‟elle présente associée à l‟époque à l‟alcoolisme. 

L‟installation de Jean et Nelly en famille d‟accueil à l‟âge de 7 et 9 ans a été lente, suite à une 

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ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006) 2 

M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

série de changements d‟accueils institutionnels qui précédaient leur admission dans notre 

unité. 

Les liens avec leurs parents ont été maintenus. Avec le père, dans un centre de rencontres 

« agrée justice ». Avec la mère, les rencontres sont assurées par notre équipe. Le mode 

relationnel de Nelly et Jean a été marqué par l‟idéalisation de leurs parents, phénomène que 

développe Maurice BERGER. En effet, les enfants sont à cette époque dans l‟illusion et 

l‟attente du retour chez les bons parents. Cette idéalisation est fort connue et il ne faut pas 

en négliger sa puissance. Comme si, après une rupture brutale, sans préparation ni 

accompagnement, l‟élaboration de la séparation avait été gelée et les enfants s‟étaient figés 

dans l‟attente du passé idéalisé. 

A cette époque, Jean présentait un retard global du développement, son niveau 

d‟apprentissage a retardé son entrée au C.P. et son comportement exprimait des troubles de 

personnalité plus profonds. A partir de son accueil en milieu familial, ses difficultés ont 

évolué favorablement. 

Nelly a dû retourner en maternelle après une tentative de C.P. devant son manque de maturité 

pour les apprentissages scolaires, puis elle a redoublé son C.P. avec un projet d‟entrée dans 

une classe spécialisée. Finalement, après l‟accueil en milieu familial, elle a commencé à 

développer sa curiosité et à suivre, même si laborieusement, une scolarité ordinaire. 

Leur mère a été suivie par un service de psychiatrie et fréquentait un hôpital de jour. Les 

agissement sexuels du père n‟ont pas fait l‟objet d‟un jugement. Seule la mesure de 

séparation protectrice (OPP) a été effectuée. 

Et c‟est donc dans ce contexte familial, qu‟il y a 8 ans, nous avons commencé à médiatiser les 

rencontres des enfants avec leur mère sur le mode qu‟on va détailler.  

Mais d‟abord quelques remarques théoriques sur le lien pathologique. 

LIEN ENFANT/PARENTS ET LA DYSPARENTALITE 

Les personnes gravement dysparentales, souvent souffrant d‟une pathologie psychique, sont 

défaillantes, selon les repères de Didier Houzel, 1/dans leur capacité de soin parental 

quotidien, 2/dans la manière de penser l‟enfant et soi même et 3/dans l‟aptitude à tenir le 

rôle social de parent. 

La relation avec leur enfant est de nature à créer un attachement hautement pathologique. 

Leur lien se tisse déjà avant la décision de séparation, peu importe sa précocité. Le 

développement postnatal du bébé est non seulement entravé par les interactions 

dysfonctionnelles mais il serait marqué déjà intra-utéro, comme le postule Suzanne Maiello, 

où le fœtus a été exposé aux manifestations du monde psychique de sa mère et les aurait 

engrangées voire mémorisées.  

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ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006) 3 

M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

Notre conception d‟accompagnement et de soin part de l‟idée que le lien entre ce type de 

parents et leur petit comporte schématiquement deux aspects intriqués : 

D‟abord un aspect “favorable”, touchant à la conception et transmission de la vie,   fondateur 

de l‟affiliation et de l‟assise identitaire,    touchant à la question d‟origines qui dépassent la 

vie individuelle de l‟enfant comme du parent. Cet aspect    est souvent masqué et saboté par 

le deuxième. 

Ce deuxième   est l‟aspect “nocif”, générateur de la pathologie du lien, et des 

dysfonctionnements psychiques du bébé et de l‟enfant. Ceux-ci se renforcent à chaque 

exposition à cette dysparentalité. Ils compromettent le développement de l‟espace psychique 

de l‟enfant. 

C‟est ce deuxième, l‟aspect nocif de la dysparentalité, avec l‟incapacité du parent, malgré 

l‟aide, d‟établir une interaction dyadique favorable,   qui appelle et justifie la décision de 

séparation, avec l‟accueil de l‟enfant dans la famille suppléante. Cette séparation évite à 

l‟enfant l‟aggravation de la psychopathologiques voire assure sa survie.  

Toutefois, l‟acte de séparation protectrice seul non seulement n‟est pas soignant, mais il a 

des effets secondaires dus à la rupture du lien, même pathologique. C‟est pourquoi il faut que 

le moment même de la séparation soit préparé, accompagnée et travaillée, ce qui a manqué 

chez Nelly et Jean. Mais, dans ces dysparentalités graves, la distanciation reste le préalable 

à tout soin… 

C‟est la considération du premier aspect favorable du lien (touchant à l‟affiliation, l‟identité, 

les origines) qui répond à la question - pourquoi, malgré les dangers, le maintien des 

rencontres dans des conditions aménagés après la séparation est favorable pour l‟enfant ? Le 

matériel clinique rassemblé en France mais aussi aux Etats-Unis, témoignent dans ce sens. 

C‟est forts de ces constatations théorico-cliniques que nous soutenons l‟hypothèse de l‟impact 

préventif et thérapeutique de l„enveloppe matérielle et humaine que constitue la médiation. 

 

JEAN, NELLY ET LEUR MERE 

Revenons à notre exemple. Les rencontres médiatisées entre Jean, Nelly et leur mère durent 

1 heure au rythme de 2 fois par mois dans une pièce de notre Unité, située dans un pavillon 

individuel.  

Pendant ces rencontres, il y avait plusieurs atmosphères, plusieurs ambiances, qui pouvaient 

alterner de l‟une à l‟autre, que je vais tenter de vous transmettre. 

La maman pouvait avoir des moments d‟absence psychique. Elle était assise parmi nous sans 

contact visuel ni verbal. Elle ne montrait aucune curiosité en ce qui concernait leur quotidien 

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ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006) 4 

M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

et ils avaient beaucoup de mal à s‟écouter les uns les autres. Souvent dans ces moments-là, 

Jean et Nelly étaient agités et se disputaient en tenant des propos blessants l‟un envers 

l‟autre. Comme s‟ils cherchaient à faire réagir leur mère ou à la réanimer, Mais ces échanges 

ne la faisaient pas changer de comportement. 

A d‟autres moments, la mère et les enfants pouvaient avoir des mouvements de 

revendication. Ils me disaient que je les dérangeais, que ça se passerait mieux si je n‟étais 

pas là et qu‟ils n‟avaient pas besoin de moi. Qu‟1 heure de rencontre ce n‟était pas suffisant, 

alors qu‟il arrivait à leur mère de montrer des signes d‟impatience au bout de quinze minutes. 

Quant aux enfants, ils pouvaient dire qu‟ils ne savaient pas quoi faire, qu‟ils s‟ennuyaient. Dans 

ces moments là je faisais l‟objet de projections hostiles, par exemple Jean et Nelly me 

renvoyaient qu‟ils ne comprenaient pas mon métier, que je ne servais à rien et fréquemment 

aussi ils me faisaient des remarques désagréables sur mon apparence physique et 

vestimentaire ou encore me disaient que j‟étais folle. 

Ces moments décrits ci-dessus alternaient avec des moments de « collage » sans mot entre 

la mère et la fille. Par exemple, Nelly pouvait passer un long temps de la rencontre à coiffer 

sa mère. Cela me surprenait toujours car Nelly ne semblait pas gênée et surtout ne semblait 

pas s‟apercevoir de l‟aspect physique et vestimentaire très négligé de celle-ci. Cela semblait 

être pour elles deux, un mode de relation familier et ancien qu‟elles remettaient en place à 

chaque nouvelle rencontre. Le collage entre Nelly et sa mère semblait combler le vide de leur 

relation. Nelly était comme « aspirée » par ce vide, comme si elle était incapable de penser et 

d‟agir par elle-même. 

Mais ce qui était très significatif, c‟était d‟autres moments où Madame ne montrait aucune 

pudeur ni limite. Il lui arrivait de faire des confidences à ses enfants sur son intimité 

(racontant son dernier rendez-vous amoureux) ou encore lorsqu‟on jouait aux petits chevaux, 

elle pouvait érotiser ce jeu en insistant sur l‟expression « sauter » accompagné d‟une 

excitation qui semblait la réveiller et la sortir de sa passivité. Ce climat, plus encore que les 

autres, était source de sidération pour moi avec, on peut l‟imaginer, des effets similaires sur 

les enfants. 

Quant à Jean, son mode de relation avec sa mère était différent de celui de sa sœur. Il était 

peu investi par elle. Il arrivait que Madame apporte un cadeau à Nelly sans en apporter à 

Jean. Lors des premières rencontres médiatisées, Madame pouvait tourner le dos à Jean et 

ne pas lui adresser la parole durant une longue période, comme si elle ne le voyait pas, qu‟il 

n‟existait pas. Notons, que lors d‟un entretien, et probablement devant les enfants, Madame a 

pu à la fois dire « je ne désirais pas de garçon »  et  « les garçons c‟est pas mon truc ». 

Jean avait donc du mal à rester une heure entière dans la pièce. Il lui arrivait fréquemment 

de sortir dans le couloir, il pouvait sauter au cou de la première personne qu‟il y rencontrait, 

comme s‟il la connaissait depuis toujours. Jean avait aussi des difficultés pour se concentrer 

et accepter les règles d‟un jeu. Il pouvait passer d‟une idée à l‟autre sans transition. Lors des 

disputes, avec sa sœur, il se mettait très en colère et semblait débordé par ce qu‟il 

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ème 

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ressentait.  

L’ENVELOPPE DE LA MÉDIATION – SON CADRE ET SES EFFETS 

Nous tenons à vous parler de l‟organisation concrète des rencontres médiatisées, du 

contenant auquel nous tenons pour son effet soignant – préventif et curatif, et qui permet à 

tous les intéressés de faire avec les ambiances qu‟on vient de décrire. 

Chacune des séquences du déroulement de la rencontre est pensée pour favoriser le soin, 

favoriser au mieux chez l‟enfant la capacité très progressive de faire face et de soutenir, 

puis rendre conscients les affects et les pensées survenues avant, pendant et après sa 

rencontre avec ses parents. Il les a vécu bien avant la séparation protectrice mais n‟a pas pu 

les intégrer. 

D’abord, la rencontre n’est pas faite pour être le lieu d’échanges entre les 

parents et la Famille d’accueil. Ce n’est pas le moment. L’architecture et la 

circulation dans les locaux y sont adaptés. 

Cela permet d‟éviter l‟expérience confuse générée par un 

face-à-face Parents/FA en présence de l‟enfant. 

Paradoxalement, c‟est une prévention du clivage entre les 

deux espaces relationnels spécifiques, FA & parents, qu‟a 

crée la séparation protectrice. 

Quand cela arrive quand même par ex. chez un bébé, son 

regard « valse » confusément et s‟accroche souvent sur un 

tiers, comme une référente ou éducatrice. Quand l‟enfant 

marche, le plus souvent il tente de quitter les lieux. On 

s‟emploie à l‟éviter. 

La famille d'accueil accompagne l’enfant 1/4 H avant le début dans la pièce 

des Assistantes Maternelles par une entrée séparée.  

Là a lieu un échange bref entre l’Assistante maternelle et les soignants 

avant la rencontre. 

Cet échange en sa présence tend à éviter à l‟enfant le 

sentiment de discontinuité d‟étayage grâce à ce relais 

d‟une référence adulte avant de voir ses parents. 

La transition de l‟assistante vers les référents est 

baignée de mots sur le quotidien immédiat qui font le lien 

et enveloppent. 

Chaque fois que nos moyens le permettent, nous préférons 

aller chercher l‟enfant en Famille d‟accueil. 

 

Quand l’Assistante familiale quitte les locaux l’enfant entre avec ses 

référents dans la pièce de médiation. 

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ème 

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M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

C‟est le temps d‟adaptation, 

d‟ajustement psycho-affectif de 

l‟enfant dans le lieu de la rencontre.. 

  

Les parents viennent en salle d’attente, seuls ou accompagnés de leurs 

propres référents, qui eux n’assisteront pas à la rencontre. 

Les parents ainsi bénéficient d‟appui disponible en arrière 

plan. Car malgré leurs troubles, les « parents » ne sont pas 

reçus par nous en tant que « patients ».  

Pendant la rencontre il arrive que les parents vérifient 

leur présence : « Sont-ils là ? », « Le taxi est-il arrivé ?  

 

Un des référents vient à la rencontre des parents, l'autre restant auprès 

de l’enfant. 

Ces instants permettent une évaluation discrète de leur 

état clinique. C‟est la prévention de la répétition 

traumatique des interactions traumatiques en cas de 

rechute des parents. Certains parents utilisent ce moment 

pour parler d‟eux, leurs angoisses, ou pour contester le 

Juge, défier les soignants, etc… 

Cela leur permet ensuite de mieux se contenir 

devant l‟enfant et les interactions sont de meilleure 

qualité. 

Une fois, à cette occasion la mère de Nelly a montré aux 

soignants la bande dessinée « Fluide glacial » qu‟elle a 

apporté pour Jean. Les référents ont pu prévenir ce 

passage à l‟acte incestuel, en l‟amenant à garder ce cadeau 

qu‟elle a reçu pour elle, d‟une de ses connaissances. » 

Ensuite le parent entre dans la pièce de médiation avec le référent qui l'a 

accueilli et qui va rester tout au long de la rencontre. 

A ce moment très important se joue pour l‟enfant la 

confrontation à l‟image du parent (parfois effacée quand il 

était absent longtemps) et pour le parent la confrontation 

à son enfant réel, très différent de celui qu‟il porte dans 

sa tête. 

Ces moments où l‟enfant imaginaire qu‟ils viennent visiter 

ne colle pas avec l‟enfant réel en face d‟eux, qui est mal 

supporté voire non perçu, sont très fréquents et 

nourrissent chez les parents les vécus persécutifs, de 

perplexité ou d‟abandon. 

La pièce est équipée selon l’âge de l’enfant et offre les moyens d’ajuster la 

distance. (berceau, cosy, tapis, table basse, etc.. 

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M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

Les jeux et jouets facilitent les interactions d‟un niveau 

adapté à l‟âge de l‟enfant. Le berceau, cosy, tapis de jeu, 

table basse permettent aux enfants de régler la distance 

pour éviter l‟étau fusionnel. 

Le déroulement de la rencontre suit les initiatives des parents et des 

petits. Deux soignants présents permettent à l’enfant et aux parents de 

bénéficier d’interlocuteurs distincts. 

Le rôle des référents n‟est pas d‟initier mais de soutenir 

les initiatives, si nécessaire. Ca reste quand même une 

visite, une rencontre. Ce en quoi elle contribue au soin 

c‟est ce que nous tenons autour de ce réel, en le 

médiatisant. 

       La présence de deux référents s‟adapte à la 

psychopathologie du parent d‟un côté et les initiatives de 

l‟enfant de l‟autre. Si le parent devient par ex. hostile 

avec un référent l‟enfant s‟appuie sur l‟autre, et l‟effet 

filtrant, pare-excitant, qu‟il propose. 

C‟est aussi la prévention de la rivalité parent–enfant face 

à un seul tiers.  

A la fin, c’est le parent qui fait « au revoir » et sort le premier de la pièce 

pour partir seul ou avec ses accompagnateurs. 

Ce moment de la rencontre renvoie constamment à l‟acte 

de séparation protectrice. Si on invitait l‟enfant de faire 

« au revoir », on le pousserait à jouer un rôle actif dans ce 

qui génère l‟angoisse de séparation ou d‟abandon, mêlé à la 

culpabilité d‟abandonner et de ne pas soigner son parent. 

Aussi, le départ du parent (qui rejoint ses référents) 

n‟accentue pas la parentification de l‟enfant. Il nous 

semble que ces dynamiques sont valables dès le premier 

âge.  

Une fois l’enfant seul avec ses référents, ils ont l’occasion d’évoquer 

ensemble les contenus marquants de la rencontre qui méritent une évocation 

explicite ou une clarification du sens. 

Le fait qu‟il s‟agisse de référents connaissant son histoire, 

et avec une expérience de la pathologie des parents, est 

ici fondamental et différencie notre travail des 

« rencontres accompagnées » dans le champ social.   

      C‟est un moment de verbalisation des aspects 

significatifs nocifs ou nourrissants de la rencontre.  

Un grand casier personnel est disponible pour chaque enfant, où peuvent 

être entreposés les objets d’une rencontre à l’autre. Dessins, jouets. 

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M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

Y déposer les objets permet à l‟enfant de modérer leur 

circulation entre l‟espace relationnel de la FA et le lieu de 

rencontre de ses parents. Il s‟agit de dessins, jouets, 

jeux, cartes, etc.   

La famille d'accueil arrivera plus tard. 

L‟arrivée de l‟Assistante familiale permet un nouvel 

échange d‟"après-médiation" pendant lequel les référents 

restent aussi discrets que possible sur le contenu de la 

rencontre.  

Après le départ de l‟enfant ils prennent un temps de post- 

médiation pour reparler et prendre des notes sur le 

déroulement, les échanges, leurs sentiments.  

Les deux mêmes soignants référents mènent les 

médiations successives pour un même enfant. 

Nous insistons sur ce souci de continuité/rythmicité pour 

l‟enfant, de la facilité de faire les liens d‟une fois sur 

l‟autre et donc soutenir l‟historicité des rencontres. Le 

« Vous vous souvenez ? » des soignants peut faire revenir 

des événements récents ou bien éloignés dans le passé. 

Cette constance du milieu référent assure l‟enveloppe qui 

favorise chez l‟enfant le processus d‟intégration et 

continuité externe et interne face au parent.  

Cette constance permet aux soignants de ne pas se 

retrouver englués dans les répétitions induites par la 

pathologie parentale, qui sinon seraient bien plus difficiles 

à repérer et élaborer. 

 

Lors de l’entretien ultérieur avec les parents en absence de l’enfant mais en 

présence du médecin référent, les éléments des rencontres sont remémorés, 

et repris quand les parents l’acceptent. 

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M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

Il n‟a pas lieu le même jour. Tout dépend d‟une 

confiance suffisante entre les parents et l‟équipe. Souvent 

les parents oublient ou refusent de venir, d‟autres 

l‟utilisent pour parler d‟eux, ou pour contester.  

Les soignants référents bénéficient du temps 

d’élaboration. 

Pendant la rencontre ils reçoivent les projections, font 

face aux symptômes des parents, leur psychisme est 

fortement sollicité. 

 Alors, la réunion de « reprise », d‟élaboration de la 

pratique, en présence d‟un psychologue ou pédopsychiatre, 

permet aux référents d‟évoquer le déroulement des 

rencontres, leurs sensations, sentiments, réactions, 

mettre en récit des vécus sidérants, s‟interroger et mieux 

identifier les climats relationnels qui les ont induits. Ils 

pourront alors mieux les appréhender à l‟avenir, et 

maintenir leur vitalité au moment où ça se reproduira, user 

les mots plus justes à partir de leur ressentis.  

     C‟est le fondement de la dimension préventive et 

thérapeutique de cette pratique. 

Naturellement, il ne s‟agit pas d‟une élaboration 

personnelle des résonances avec l‟inconscient des 

référents. Ce n‟est pas le lieu. 

« Stabilité, continuité, progressivité, élaboration » sont des caractéristiques structurelles et 

dynamiques de la médiation, afin d‟assurer la sécurité psychique pour l‟enfant et les 

conditions rassurantes pour les parents. Ceci étant dit, les repères du cadre sont aussi là 

pour être tantôt malmenés, transgressés ou assouplis. Mais même malmenés, ils exercent leur 

fonction d‟enveloppe contenante. 

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M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

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« LE PLONGEON DANS LE SAC » 

Afin d‟illustrer l‟effet curatif et préventif que peut avoir la médiation des rencontres, j‟ai 

choisi de vous raconter un des nombreux éléments cliniques que j‟ai rencontré durant ces 10 

ans de médiations. J‟intitulerai ce fragment « le plongeon dans le sac » : 

La première chose que faisait Nelly en entrant dans la pièce de médiation, sans mot, c‟était 

d‟ouvrir le sac à main de sa mère, comme si c‟était leur façon d‟entrer en relation. Nelly 

plongeait systématiquement dans ce sac à main et regardait tout son contenu. Il n'y avait 

aucune parole échangée entre la mère et la fille. Nelly citait tous les objets qu‟elle trouvait 

dans le sac. Cette liste, semblait être adressée à tous et à personne en particulier. Il n‟y 

avait aucune réaction de la mère, pas un mot, peut être une certaine jubilation. Jean, ne 

participait pas à l‟exploration du sac. Même s‟il était souvent sorti de la pièce, il en était le 

témoin. 

A chaque fois que cela se produisait, je ressentais d‟abord un malaise, sans pouvoir 

l‟identifier et sans pouvoir verbaliser quoi que ce soit pour les enfants. Ce malaise devait être 

visible à travers mes attitudes et les enfants ont pu le percevoir. 

Chaque médiation débutait par le « plongeon de Nelly dans le sac » dans les climats que j‟ai 

essayé de vous décrire tout à l‟heure. C‟est comme s‟ils me montraient à voir des choses de 

leur fonctionnement familial, je les voyais, je les constatais, les ressentais mais je n‟arrivais 

pas à élaborer ni à penser. C‟est comme si moi aussi, j‟étais « collée » à ce que je voyais sans 

pouvoir mettre des mots. Mais, si moi, j‟étais engluée dans cette dynamique familiale, je 

pouvais déjà entrapercevoir ce que les enfants peuvent vivre et ressentir en présence de leur 

mère. 

 

En fait, je réalisais que ce n‟est pas seulement parce que j‟étais dans une pièce avec une mère 

et ses enfants que je médiatisais la rencontre, ou que je faisais tiers. Ce sont mes ressentis 

qui comptent et les enfants les perçoivent bien, à travers mes postures, mimiques, gestes et 

paroles. Toutefois, c‟est cette prise de conscience qui est la base du rôle thérapeutique et 

préventif que je peux jouer auprès des enfants.  

Je me suis alors servie d‟une réunion de reprise, où j‟ai évoqué l‟impression que Nelly voulait 

entrer entièrement dans le sac de sa mère, sans notion des limites et de l‟ordre de ce qui est 

intime et personnel. Grâce à cet espace de réflexion, j‟ai compris que l‟origine de mon malaise 

et de mon empêchement de penser pendant les rencontres provenait d‟un climat incestuel. 

Parallèlement aux médiations, le travail de reprise continue. Ceci m‟a permis de mettre des 

mots sur des ressentis et donc de me « décoller » de ce que j‟observais pendant les 

rencontres et ainsi, j‟ai pu plus tranquillement renvoyer, faire des liens, mettre du sens. 

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 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006) 11 

M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

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Par exemple, pour reprendre mon illustration, j‟ai pu exprimer que cela me dérangeait, qu‟un 

sac à main est un objet personnel et que dedans il y a nos petits secrets, que cela fait partie 

de l‟intime. Je le disais à chaque fois que cela se produisait et j‟interpellais Madame à ce 

sujet : « Qu‟en pensez-vous ? Cela ne vous dérange pas que Nelly fasse cela à chaque fois ? » 

et la mère me répondait inlassablement la même chose ! « Je ne peux pas l‟en empêcher si elle 

en a envie ». 

Lors de ce travail de reprise j‟ai pu aussi, entre autres, évoquer toutes les projections 

hostiles des enfants et ainsi j‟ai pu comprendre que je leur servais de mauvais objet externe 

de projection. 

Dans l‟intérêt des enfants, ces temps de réflexion et d‟échanges me sont indispensables. Ces 

« retours » et « arrêts sur image » me permettent de mieux identifier mes ressentis, voir 

malaises ou découragements, et donc de mieux les appréhender.  

EFFETS PRÉVENTIFS ET THÉRAPEUTIQUES DE LA MÉDIATION 

Quand la médiation est effective elle a l‟impact curatif et préventif dans les domaines 

suivants : 

 

- Elle permet d‟éviter les échecs répétitifs des interactions et les traumatismes psychiques à 

répétition qui en résultent chez l‟enfant. 

- Elle protége l‟enfant du recours au repli relationnel, ou dans la fusion avec le parent.  

- Elle préserve l‟enfant de l‟empiétement par les interventions parentales. 

- La médiation tend à contrecarrer l‟installation du mode d‟attachement pathologique (Mary 

Dozier) 

- Elle réduit la tendance à la parentification de l‟enfant, car il n‟est pas seul face aux 

sollicitations du parent. 

- Sur le plan fantasmatique, elle réduit la défense par l‟idéalisation des parents, ou à 

contrario leur dénigrement et réel rejet.  

- Leur tenue permet d‟éviter le vécu de perte d‟Objet primaire aux conséquences d‟autant 

plus terrifiantes et dépressogènes que cet Objet était défaillant.  

ALORS SEULEMENT, « l‟aspect favorable » du lien enfant/parent devient opérant, s‟ouvre 

pour l‟enfant l‟accès à la partie saine des parents, des parties préservées de leurs capacités 

parentales. Cela favorise les processus complexes d‟attachement, d‟affiliation et de 

transmission favorables. 

ALORS SEULEMENT, et à la longue, l‟accompagnement thérapeutique peut éviter le clivage 

des Imagos parentales dont l‟élaboration s‟appuie non seulement sur la Famille d‟accueil, mais 

également sur les parents. L‟accompagnement thérapeutique ainsi facilite l‟affiliation, face au 

problème de la “double appartenance” et la complexité de ce qui est “familier”. 

ALORS SEULEMENT il est concevable, si le développement de l‟enfant le nécessite, de 

proposer des rencontres, visites ou hébergements non médiatisés. 

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M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

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TRANSFORMATIONS  CLINIQUES 

 

2 ans se sont écoulés depuis (que) le(s) plongeon(s) dans le sac on(t) cessé ; les rencontres 

sont plus paisibles et leur contenu a changé. 

En effet, les discussions entre les enfants et leur mère s‟ouvrent vers l‟extérieur et ne sont 

plus centrées exclusivement sur eux-mêmes. Maintenant les enfants lui montrent par 

exemple leurs dernières productions scolaires ou des disques qu‟ils aiment.  

Nelly et Jean sont beaucoup moins dans l‟agir mais plus dans le langage, c‟est à dire qu‟ils 

peuvent rester autour d‟une table, jouer, échanger, exprimer leurs ressentis par rapport à 

leur quotidien. Ils peuvent aussi être de temps en temps critique vis-à-vis de leur mère. 

Jean peut maintenant rester l‟heure entière dans la pièce. Les séances de coiffage entre la 

mère et la fille ont disparu. 

Cependant, les rencontres ne sont pas si simples. Il reste encore des moments difficiles liés 

à la pathologie toujours présente de la mère, suscitant des situations qui doivent être 

accompagnées. 

C‟est dans ce climat que, 6 ans après la première rencontre médiatisée, se produit un « fait » 

rappelant le « plongeon dans le sac ». 

Jean avait besoin d‟une calculatrice pour faire un jeu, je savais que j‟en avais une dans mon 

sac posé sur une chaise plus loin. Je lui demande donc de me le rapporter. Jean me regarde 

l‟air courroucé et me rétorque sur un ton très vif « Quoi, qu‟est-ce que tu me demandes ? Ca 

jamais, je ne ferai jamais cela, ça ne se fait pas… » 

Et là tout me revient en mémoire, les « plongeons dans le sac » de Nelly et toutes les paroles 

que nous avons échangées autour de cela. Je comprends que Jean a entendu que je lui 

demandais de prendre la calculatrice à l‟intérieur de mon sac. 

Je lui précise donc que, bien-sûr je ne lui ai pas demandé d‟ouvrir mon sac pour  

y prendre la calculatrice, cela me dérangerait aussi et je ne l‟accepterais pas. 

Jean me redit sur le même ton qu‟il ne ferait jamais cela même si je le lui demandais. 

La mère, silencieuse jusqu‟à présent, dit « Ah oui, je me souviens quand vous interdisiez à 

Nelly de fouiller dans mon sac » !. 

A aucun moment Nelly ne participe à cet échange mais elle écoute silencieusement. Par contre 

plus tard dans la même médiation, elle me demandera à plusieurs reprises de lui « passer son 

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 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006) 13 

M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

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sac » comme si elle s‟exerçait, pour voir quelle impression cela lui faisait. Peut-être aussi pour 

vérifier que je n‟allais pas fouiller dedans. C‟était comme si elle avait besoin de décliner cette 

expérience pour se l‟approprier. 

Cela semblait donc plus superficiel pour Nelly puisqu‟elle avait besoin de passer par les actes 

pour le ressentir et l‟intégrer. Alors que Jean exprimait verbalement les limites, l‟interdit. 

Cela semble intégré pour lui, de l‟ordre du « sur-moi ». 

Quant à Madame, à sa façon et malgré ses difficultés, elle a pu soutenir, grâce à ce 

dispositif, l‟interdit qui est posé et comme le disait mon collègue tout à l‟heure, donner ainsi 

aux enfants l‟accès à ses parties saines, l‟aspect « favorable » de ses capacités parentales.  

AUJOUR’HUI – 10 ANS APRES 

Aujourd‟hui Nelly prépare un C.A.P.- Petite enfance et elle est de plus en plus autonome. Elle 

se confronte aux difficultés de surpoids et se décourage vite quand elle a à mener à bien un 

projet (job d‟été). Elle est amoureuse d‟un garçon de même âge, Simon, qui vit également 

séparé de sa famille. Elle lui a proposé un hébergement de dépannage chez sa mère, avec 

l‟accord de celle-ci, le temps qu‟il retrouve un foyer. 

Lors d‟une visite à domicile de la famille d‟accueil, en absence de Nelly, nous apprenons qu‟un 

jour au retour de week-end passé chez sa mère Nelly affiche une colère (révolte) et raconte 

à l‟Assistante familiale : « je n‟ai pas confiance en ma mère » ; l‟Assistante écoute 

tranquillement et Nelly poursuit : « Simon a peur de ma mère car un jour il lui a dit qu‟il avait 

froid, et ma mère lui a répondu : « viens dans mon lit, j‟ai des préservatifs, je vais te 

réchauffer » » et Nelly termine en disant « bientôt tout cela sera fini ». En effet, avec 

Simon ils espéraient prendre un hébergement dans les mois qui suivaient ce qui n‟a finalement 

pas pu se faire. Aujourd‟hui Simon vit dans un foyer, quant à Nelly, elle a décidé à ses 18 ans 

de rester encore dans sa Famille d‟accueil et ils continuent à se fréquenter régulièrement. 

Ce même jour elle confiera à la Famille d‟accueil sa crainte d‟être enceinte tout en disant 

aussitôt que « si c‟est le cas je garderai le bébé »

Nelly est outragée par les propos, elle l‟exprime et le marque en n‟allant pas voir sa mère 

pendant plusieurs semaines. La réaction de Nelly et les propos de la mère nos renvoient au 

"plongeon dans le sac". C‟est à dire aux limites de chacun, aux interdits, à tous ces mots posés 

autour et pendant les plongeons dans le sac. La mère de Nelly garde ses difficultés et ses 

passages à l‟acte incestuels liés à sa pathologie. Nelly, elle, peut réagir, se défendre, ne 

pas être complètement « collée » à sa mère, (éviter un jeu de séduction déniant la différence 

de générations et l‟interdit de l‟inceste). A son retour Nelly raconte cet épisode à son 

Assistante maternelle, comme si elle avait besoin d‟entendre, de voir, de sentir (et se sentir 

confirmée), par la réaction de l‟autre repère (identitaire) de sa vie. 

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 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006) 14 

M. PAVELKA, S. DENIZET Le plongeon dans le sac – lenveloppe humaine et matérielle de la médiation 

14 

Bibliographie : 

Maurice BERGER, "Les visites médiatisées", Revue de Neuropsychiatrie de l'Enfance et de 

l'Adolescence, 2001; 49, pg 159 - 170. 

Maurice BERGER, « L‟échec de la protection de l‟enfance » Dunod, Paris, 2003 

Christopher BOLLAS, "Les Forces de la destinée", Calmann-Lévy, Paris, 1996. 

Myriam DAVID, « Le placement familial : De la pratique à la théorie », ESF éditeur, Paris, 

1989. 

Mary DOZIER, K. Chase STOVALL, Kathleen E. ALBUS, Brady BATES, “Attachment for 

Infans in Foster Care: The Role of Caregiver State of Mind”, Child Development, Sept/Oct 

2001, Vol 72, No 5, Pg 1467-1477. 

Wendy L. HAIGHT, Jill Doner KAGLE, James E. BLACK, “Understanding and Supporting 

Parent-Child Relationship during Foster Care Visits: Attachment Theory and Ressearch”, 

Social Work, Vol 48, No 2, April 2004. 

Suzanna MAIELLO, "Objet sonore. Hypothèse d‟une mémoire auditive prénatale" , Journal de 

la psychanalyse de l‟enfant, No 20, pg 40,1997 . 

Suzanna MAIELLO, "Trames sonores et rythmiques primordiales. Réminiscences auditives 

dans le travail psychanalytique", Journal de la psychanalyse de l‟enfant ,2000 , No 26, pg 77. 

Hana ROTTMAN, "L'enfant face à la maladie mentale de ses parents. Impact et traitement 

en placement familial", Revue de Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'Adolescence, 2001; 

49, pg 178 - 185. 


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7 

ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006)   1 

R. PASSERA « Se disant… probable…denviron… » Cherchez lorigine, vous trouverez lorigine… 

  1 

Rosella PASSERA 

Psychologue, CH Esquirol, Paris 

 

 AXE n°3 « IDENTITE ENTRE FAMILLE D’ORIGINE ET FAMILLE D’ACCUEIL » 

 « SE DISANT… PROBABLE… D’ENVIRON…. » 

CHERCHEZ L’IDENTITE, VOUS TROUVEREZ L’ORIGINE…. 

L’histoire d’un patient, accueilli en A.F.T. après 4 ans d’hospitalisation, interroge les concepts 

d’origine et d’identité, eux-mêmes liés, et la possibilité d’un lien entre famille d’origine et 

famille d’accueil. 

Comment créer une « enveloppe psychique élargie » qui puisse se substituer au moins pour un 

certain temps, à l’enveloppe familiale défaillante ? 

Surtout lorsque, pour un sujet dont le nom est « se disant », l’origine « probable », l’âge 

d’ « environ », comment, dans cette situation l’aider à se construire sa propre identité quanD 

il s’agit, pour l’heure, de lui permettre de la retrouver ? 

Comment l’aider à reconstruire cet autre aspect de l’enveloppe psychique, l’ « habitat », cette  

stabilité qui participe à la mise en place du sentiment d’identité ? 

J’ai donc commencé, avec la participation de la famille d’accueil, à chercher des petits bouts 

d’histoire, éparpillés, parfois des « riens » et à les lier… mais ça n’a pas été si facile que de 

passer « une enveloppe » à la poste ! 

 

L’histoire d’un patient, accueilli en A.F.T. après 4 ans d’hospitalisation, m’a interrogé sur les 

concepts d’origine et d’identité, eux-mêmes liés, et sur la possibilité d’un lien entre la famille 

d’origine et la famille d’accueil.  

Mes recherches ont débuté par l’effeuillage du mince dossier du patient, dont le bulletin 

d’entrée livre les premières informations : 

Nom, Prénom :    se disant…. 

Age :     environ 42 ans 

Sexe :      masculin 

Lieu de naissance :   probablement Portugal 

Profession :    néant 

Domicile :    S.D.F. 

Situation familiale :   néant 

Motif de l’hospitalisation :  troubles de l’ordre public 

Pièces produites à l’admission :  néant 

7 

ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006)   2 

R. PASSERA « Se disant… probable…denviron… » Cherchez lorigine, vous trouverez lorigine… 

  2 

Un questionnement s’impose d’emblée lorsque le nom est : « se disant », l’origine : 

« probable », l’âge : « d’environ » ; que va-t-il être transmis par les soignants à une famille 

d’accueil en plaçant une personne à l’identité incertaine ? Comment accompagner dans ces 

conditions, et le patient, et la famille d’accueil ? Comment aider le patient, dans cette 

situation, à se construire sa propre identité quand il s’agit, pour l’heure, de lui permettre de 

la retrouver ? 

Au bout d’une année de placement dans la famille d’accueil, les multiples recherches menées 

pour retracer la biographie de cette personne effacée, ne prononçant que quelques mots, 

restent infructueuses… Mais à l’occasion d’une sortie au marché, le hasard croise sa route. 

Une personne reconnaît le patient et en informe un de ses frères, domicilié dans une localité 

proche de celle de la famille d’accueil. La belle-sœur contacte la famille d’accueil pour avoir 

des nouvelles de ce patient qui va enfin être nommé : un embryon d’identité et d’origine est 

en train de voir le jour. 

A l’occasion d’une rencontre, quelque temps après, l’identité est finalement confirmée : le 

patient devient, ou redevient, du jour au lendemain, Monsieur nom-prénom.  

Ce nom, nous dira-t-il, est composé de la juxtaposition des deux patronymes de ses parents. 

Il raconte, sans pouvoir donner d’explications, avoir décidé de changer son nom en 1997 

« pour rien », mais il souhaite que l’on continue de l’appeler par ce pseudonyme. Par ailleurs, il 

accepte de recevoir la visite et les appels de sa famille, si elle se manifeste. 

L’équipe soignante et la famille d’accueil veillent à ce que des liens se tissent avec la famille 

d’origine. Les renseignements fournis par la belle-sœur permettent la constitution d’une 

trame historique à son existence. Mais il y aura toujours beaucoup de conditionnels  

« serait », « aurait », « environ », « plus ou moins »… 

Nous arrivons, non sans efforts, à contacter la sœur aînée, personnage très important 

apparemment dans la jeunesse du patient. Elle accepte de rencontrer une fois l’équipe tout en 

nous faisant comprendre qu’elle ne veut plus revoir son frère. Durant cet entretien, elle ne 

raconte rien, se limitant à confirmer de temps en temps les informations données par la 

belle-sœur. L’accent est mis sur l’attachement que lui vouait son petit frère, allant jusqu’à 

l’appeler maman, qu’il se faisait porter très, trop souvent, cela jusqu’à l’âge de 5 ans. Elle 

souffre d’une déformation visible de la hanche qu’elle attribue au portage de son frère. Déjà 

petit, celui-ci s’échappait de la maison, errait et se réfugiait dans les champs Les voisins le 

retrouvaient et le ramenaient chez lui. Lorsqu’on lui demandait son nom, il s’affublait déjà du 

pseudonyme que nous lui connaissons…. 

Issus d’une famille de la terre profonde, au Portugal, les parents travaillaient durement dans 

les champs pour nourrir la famille nombreuse (5 enfants). C’est ainsi que la sœur aînée jouait 

le rôle de la mère vis-à-vis de son frère déjà décrit comme un enfant sauvage présentant des 

moments de retrait « probablement » autistique. 

7 

ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006)   3 

R. PASSERA « Se disant… probable…denviron… » Cherchez lorigine, vous trouverez lorigine… 

  3 

Le père est  décrit comme quelqu’un de très dur, buveur, parfois violent, qui n’hésite pas à se 

servir du bâton pour réprimander son fils. Le terme bâton que l’on retrouve dans le 

pseudonyme que ce dernier s’est donné. C’est à la suite d’une nouvelle bastonnade violente que 

le fils, accusé d’avoir dérobé les bijoux de famille, à l’âge de 17 ans, part en France y 

retrouver ses deux frères. 

En tout état de cause, la sœur aînée ne veut plus revoir son frère car sa vie est déjà assez 

difficile avec son mari, lui aussi buveur, comme son père…. 

Le frère et la belle-sœur montrent une réticence à l’accueillir chez eux quelques jours : « la 

coupure est déjà faite, il ne veut rien, il se protège, il nous protège ». 

Mais de quoi ? d’aveux impossibles à dire ? Les liens d’origine sont-ils si porteurs de 

souffrance ? Pourquoi, après de si brèves retrouvailles, la famille évite-elle de renouer des 

liens ? 

Cette identité, perdue, retrouvée, nouvelle, oubliée, nous laisse face à un questionnement. 

Tenter de relier les données, si possible en leur donnant un sens, revient à chercher les liens 

qui peuvent rattacher l’identité à l’origine, à la famille…. 

F. Laplantine, anthropologue, énonce que : « {…..} en renvoyant chaque individu à une 

appartenance, l’identité signe l’origine. L’identité attire l’attention sur ce qu’il y a de plus 

stable et de plus permanent chez l’être humain, appréhendé à partir de ce qu’il était avant, et 

non de ce qu’il est en train de devenir. L’identité réactualise toujours, en le ritualisant, un 

fondement incontestable. Elle est un processus de réactualisation de l’origine » 1

Par ailleurs, le terme                           en grec, signifie l’identité et la répétition.  

La sociologue, A. Muxel2, en mettant en avant la notion de « mémoire familiale » insiste sur le 

rôle fondamental de la famille dans la construction de l’identité. Nous naissons dans une 

famille, nous nous inscrivons en fonction de valeurs, d’attributs sociaux et symboliques, 

transmis, à la fois par une histoire familiale lointaine et celle vécue dans l’enfance, avant de 

devenir adulte et autonome. C’est cette double inscription qui fixe la configuration de 

l’identité individuelle.  

C’est à ce point que je voudrais introduire la notion « d’habitat », troisième feuillet de 

l’enveloppe psychique selon Houzel3 « cet autre type de stabilité qui participe à la 

construction des limites du soi et du sentiment d’identité. L’habitat répond à un principe de 

stabilité simple dans lequel c’est le lieu même que l’on habite dans l’espace qui doit être stable 

et pas seulement la forme et le déroulement des processus psychiques à l’œuvre dans le 

sujet ».  

                                                           

1 

  LAPLANTINE (F) - « Je, nous et les autres, être humain au-delà des appartenances » - Editions Le Pommier-Fayard – 

collection manifeste – Paris, 1999 – p.41 

2 

  MUXEL (A) - « La mémoire familiale » - revue sciences humaines, hors-série n°15 – 1996-97 – p.22 

3 

  HOUZEL (D) - « Le concept d’enveloppe psychique » - Editions In press – p.31 

7 

ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006)   4 

R. PASSERA « Se disant… probable…denviron… » Cherchez lorigine, vous trouverez lorigine… 

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Mais il y a plusieurs formes et niveaux de stabilité : si la fonction contenante se trouve être 

défaillante, le psychisme se contentera d’une « stabilité simple » dans laquelle «tout doit 

rester immuable, figée : c’est le type de stabilité que l’on observe dans l’autisme infantile : le 

refus de tout changement, le déni de la temporalité en sont les expressions cliniques. Ce type 

de stabilité ne peut s’obtenir que moyennant un renoncement à tout développement de la 

communication avec autrui et de sa propre pensée»4.  

Anzieu nous rappelle aussi les effets désastreux sur le psychisme humain des « maladies de la 

mémoire ». Nous sommes en effet confrontés quotidiennement, dans la clinique des 

psychoses, aux conséquences tragiques de l’ignorance du passé et du non accès à la 

temporalité5. La découverte de l’historicité peut se faire uniquement dans une relation où une 

remémoration partagée et communiquée est possible.          

En d’autres termes, pour créer son identité et son origine, il faut la participation de quelqu’un 

qui partage des souvenirs, qui réactive une mémoire historique, « une rencontre durable du 

jeu de souvenirs entre l’enfant et sa mère, et ultérieurement, entre le sujet et lui-même »6

P. Aulagnier met l’accent sur la défaillance chez le psychotique de la dimension 

historicisante : « l’attaque sur les liens et la propension au désinvestissement sont tels qu’ils 

finissent pas détruire les traces de ce qui a eu lieu et à créer des trous irréparables dans 

l’activité représentative »7

Pour notre patient, nous pouvons constater l’oubli, l’effacement des traces, le 

désinvestissement… , la défaillance quant aux enveloppes psychiques de la mémoire, de 

« l’habitat » … S’inventer une nouvelle identité représente une rupture avec les liens 

d’origine…  La retrouver revient à renouer avec ces derniers, ce qui n’est pas exempt de 

contraintes, d’enchaînements. La dimension familiale devient nécessairement importante dans 

cette histoire identitaire. 

J. C. Cebula8 nous dit que la famille, d’origine ou d’accueil, introduit la dimension de l’identité, 

à savoir que chacun y est interpellé quant à ses origines, son histoire, ses alliances… et que la 

famille d’accueil fonctionne à ces niveaux d’interpellation de l’identité bien plus qu’un 

établissement de soins, car elle peut permettre la reconstitution d’une enveloppe psychique, 

car les rôles et les liens s’organisent en fonction des attentes et des places à prendre.     

L’enveloppe familiale, carentielle, défaillante dans le cas présent, peut, à notre avis, être 

restaurée en famille d’accueil par un travail d’élaboration commune entre équipe et famille, 

                                                           

4 

  Ibid – p. 123 

5 

  ANZIEU, HOUZEL – « L’enveloppe de mémoire et ses trous » - p.91 dans « Les enveloppes psychiques » - Editions Dunod, 

collection inconscient et culture. 

6 

  Ibid – p. 95 

7 

  Ibid – p. 112 

8 

  CEBULA (J.C.) – « L’accueil familial des adultes » - Editions Dunod – p. .91 

7 

ème 

 congrès du GREPFA France, Les Sables dOlonne (15-16 juin 2006)   5 

R. PASSERA « Se disant… probable…denviron… » Cherchez lorigine, vous trouverez lorigine… 

  5 

que Houzel nomme  « enveloppe élargie ». Aider, dans cette situation, la famille d’accueil à se 

substituer si possible, et temporairement à l’enveloppe familiale déhiscente.  Travail long, 

difficile, parfois frustrant, mené par l’équipe, la famille d’accueil et la famille d’origine. Car 

quel rôle et quelle identité  une famille d’accueil accepte-t-elle d’assumer dans ce « théâtre 

familial » élargi vis-à-vis de l’accueilli, quels liens propose ou accepte-t-elle avec la famille 

d’origine ? 

Mme C., la famille d’accueil en charge de notre patient, pense que ce dernier, lorsqu’il le 

souhaite, doit avoir la possibilité de rencontrer sa famille d’origine en tenant compte des 

antécédents relationnels. Le patient, dit-elle, semble content lorsqu’il revient des ses rares 

rencontres familiales et ne formule jamais le désir d’une de ces rencontres qui se raréfient 

de plus en plus et sur sa fonction stimulante pour les organiser car la famille d’origine, 

occultant la dimension pathologique du patient, entretient la distance, persuadée qu’il se 

complait dans l’assistanat et profite de la situation. 

Mme C. reste néanmoins persuadée que les relations entre famille d’accueil et famille 

d’origine sont une partie du travail de l’A.F.T. qui ne peut se limiter aux simples soins 

d’entretien et d’hébergement. 

La famille d’accueil, conclut-elle, en permettant une ouverture sur l’extérieur, peut offrir un 

cadre contenant et enveloppant plus convivial que l’institution hospitalière aux aspects 

fortement déprimants pour les familles d’origine. Elle regrette d’ailleurs que la famille 

d’origine, enfin retrouvée, ne donne plus ni ne demande des nouvelles du patient accueilli. La 

question du  « pourquoi » revient régulièrement sur le tapis lors des réunions familles 

d’accueil/équipe soignante… 

On a cherché l’identité, on a trouvé l’origine et/ou vice versa… 

Nous voilà repartis pour un nouveau voyage ! 


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La diffusion de l’Accueil 

Familial Thérapeutique 

en Italie 

Gianfranco Aluffi 

GREPFa Italia 

REGIONE  PIEMONTE -AZIENDA  SANITARIA  LOCALE  5 

A. S. O. SAN LUIGI GONZAGA,  DIPARTIMENTO INTERAZIENDALE UNIVERSITARIO DI SALUTE MENTALE 

UNIVERSITA’  DEGLI  STUDI  DI  TORINO, FACOLTA’  DI  MEDICINA  E  CHIRURGIA 

Direttore: Prof. Pier Maria Furlan

Traitement de communautéen 

Italie après la loi 180/78

C'est un DIAPORAMA... mais en PDF


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7ème CONGRES DU GREPFA-France

 

ENVELOPPES FAMILIALES THERAPEUTIQUES

 

Les Sables d’Olonne

15 et 16 juin 2006

 

L’Accueil Familial Thérapeutique donne la possibilité à un patient de reconstituer ses enveloppes psychiques en réparant les éléments de discontinuité, les trous, les béances liées aux carences, aux traumas, aux troubles de l’attachement précoce.

 

Le « holding » trouvé dans cette famille complémentaire (la famille d’accueil) apporte des possibilités de reconstruire une harmonie relationnelle entre le corps propre à travers les gestes du quotidien et les personnes vivant dans la famille d’accueil.

 

L’expérience de nombreuses années de pratique montre que, par les nouveaux points d’appuis proposés, il est possible pour ceux qui souffrent de troubles graves de la personnalité, d’intégrer ces nouvelles enveloppes aux différents éléments d’enveloppes qu’ils conservent de leurs expériences antérieures et de leurs liens actuels avec leurs familles naturelles.

 

Par superposition des différents éléments, ils peuvent restaurer leurs enveloppes psychiques, reprendre alors confiance dans leur capacité à penser et à agir de manière plus adaptée à l’environnement.

 

 

JEUDI 15 JUIN 2006

 

 

14 h 30 : J.C. CEBULA (Nantes):

               ENVELOPPES ET CONTEXTES

 

15 h 15 : Dr P. BANTMAN (Paris) :

               LA FAMILLE PEUT-ELLE CONSTITUER UNE ENVELOPPE                PSYCHIQUE ?

               Liens entre concept analytique et systémique

 

16 h 30 : Dr M. WINDISCH (Paris) : « LES ENVELOPPES »….après une lecture de Samuel Beckett

 

VENDREDI 16 JUIN 2006

 

ATELIER N° 1 : CONTINUITE/DISCONTINUITE

 

* M. ANAUT (Lyon) : Attachements multiples et liens familiaux dans le placement familial

* S. LOEB (Lagny) : L’histoire d’Adélaïde : du traumatisme à la restauration de la vie psychique 

 

ATELIER N° 2 : DIVERSITE DES ENVELOPPES

 

* Equipe du C.M.P. d’ Annecy – L’alchimie d’une rencontre : d’une vie en lambeau à un patchwork revitalisant

* L.PIERQUIN & l’équipe de  Creil – Qu’est ce qui commence par un « e » fini par un « e » avec une seule lettre entre les deux

* M. REVEILLAUD & F. GUYOD (La Roche S/Yon) : L’AFT séquentielle intégrée dans un dispositif de soins, pour un enfant violent : Alan.

 

ATELIER N° 3 : IDENTITE ENTRE FAMILLE D’ORIGINE ET FAMILLE D’ACCUEIL

 

* R. PASSERA (Paris)  :  Se disant….probable…d’environs…. 

* M. PAVELKA  (Paris) : Enveloppe matérielle et humaine de la médiation  thérapeutique

 

ATELIER N° 4 : ENVELOPPES INSTITUTIONNELLES, CADRE ET LEGISLATION

 

* B. LACOUR & O. LEDRU (La Roche S/Yon) : Le moi-peau budgétaire : « de la pelure d’oignon » à la dépense bénéfique 

* G. ALUFFI (Italie) : La diffusion de l’A.F.T. en Italie

 

SEANCE PLENIERE

 

* Dr D. GORANS (Nantes) : « T’as d’beaux draps tu sais »

* I. LEBLIC (Paris) : Relation entre les noms et la définition de la personne…

 


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7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 1 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

 1 

Dr Daniel GORANS, 

Psychiatre, Nantes 

 

 

« T’as d’beaux draps, tu sais ! » 

 

 

Aujourd’hui, j’attends tranquillement mon départ pour l’hôpital. J’ai de la fièvre et je tousse. 

Des fois je crache même un peu de sang. Par la fenêtre de la chambre, je perçois quelques 

arbres. Une fois encore, ils se couvrent de feuillage et les oiseaux s’y disputent. Le ciel est 

menaçant mais cela m’est égal.  

La semaine dernière, ma nièce est venue me chercher. J’ai passé la journée du dimanche avec 

elle et son frère. J’avais hâte de retrouver ma chambre, mon lit, mes draps. Mon neveu m’a 

posé plein de questions. Il est dans une école pour devenir journaliste. Quelle drôle d’idée ! Il 

veut écrire un article sur moi. Pourtant, je n’ai pas eu une vie intéressante. Je lui ai quand 

même répondu, pour lui faire plaisir. 

Il m’a envoyé une lettre. Dans la lettre, il y a ce qu’il a rédigé sur moi. Mais je ne sais pas lire. 

Maria m’a proposé de la lire à voix haute. Il faut que je vous dise, Maria est celle chez qui 

j’habite. Enfin, c’est Maria et Paul. Ils sont plus jeunes que moi. Je n’ai pas d’enfant. Comme 

je n’ai jamais su me débrouiller tout seul dans la vie, ils me reçoivent chez eux et touchent un 

salaire : ce sont mes accueillants familiaux. Ils sont plutôt gentils avec moi. Ils ont tout de 

suite compris que pour moi, l’important c’est les draps. Chez eux, j’ai même  droit à une petite 

armoire, rien que pour mes draps.  

Voici ce que Maria m’a lu : 

« Cher Tonton Jules, 

Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à mes questions. J’ai trouvé passionnant tout ce 

que tu as dit et en ai tiré le texte qui suit. Si tu veux bien me faire savoir ce que tu en 

penses, cela me permettra ensuite de le proposer au journal. J'espère que tu pourras vite me 

répondre. A bientôt. »  

Maria m'a dit qu'elle était un peu inquiète avant de commencer à lire. Elle s'inquiète 

facilement. Au début, quand je suis arrivé, c'est surtout moi qui étais inquiet. Mais c’était 

déjà il y a quelques années. Je trouve que mon neveu a beaucoup arrangé ce que j'ai dit car je 

ne parle pas comme un écrivain. Voici ce que j'ai entendu : 

  

« Un usager raconte sa vie en famille d’accueil

 

Quand j'étais tout petit, à peu près à l'âge de deux ans,  une dame est venue à la maison. Elle 

se sentait fort, une odeur que je ne connaissais pas. Beaucoup plus tard, j'ai appris que ce 

qu’elle sentait s’appelait du parfum.  

 Ce souvenir m’est revenu en mémoire avec beaucoup d’autres, le jour où je suis devenu 

majeur : j’ai eu alors accès à mon dossier. Un drôle de cadeau d’anniversaire ! J’avais insisté 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 2 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

 2 

auprès de Vanessa, mon éducatrice. Elle m’a accompagné. Je lui ai demandé de tout lire, de A 

à Z. J’ai beaucoup pleuré. Ca l’a obligé à faire des pauses.  

J'étais le plus jeune de quatre. J'étais dans mon lit. Un lit à barreaux. La dame, une 

assistante sociale, a écrit que ma mère criait et pleurait beaucoup. Elle ne s’est calmée que 

lorsque la police est arrivée. 

 Maman était seule avec nous quatre. Mon frère et nos deux soeurs auraient dû être à l'école 

ce jour-là. Les jours d'avant aussi d'ailleurs.  

Nous dormions tous les cinq dans la même chambre. J'avais le lit à barreaux pour moi tout 

seul. Il n’y avait qu’un autre lit. 

 J’ai retenu par cœur quelques phrases du dossier tellement elle m’ont fait mal quand je les ai 

découvertes : « Né de père inconnu comme ses frères et sœurs, Jules,  pour qui nous avions 

une ordonnance de placement signée du juge des enfants, prostré dans un angle de son petit 

lit, se balançait, indifférent aux cris de sa mère ; Jacques, Paulette et Jeannine regardaient 

la télévision. Le linge sale,  amoncelé dans un coin de la pièce, dégageait une odeur 

désagréable. La vaisselle débordait de l’évier. Sur la table, les restes de plusieurs repas 

côtoyaient les boîtes de médicaments. Les neuroleptiques que Mme V. était censée prendre 

tous les jours étaient à portée de main de ses enfants. J'avais prévu que le départ de Jules 

serait mouvementé. Au fur et à mesure, Mme devenait plus menaçante. J’ai dû demander 

l’aide de la police qui était prévenue de mon intervention.  

Jules a continué à se balancer lorsque je me suis approchée. Il était sale et ne sentaient pas 

bon. L’état de son lit à barreaux était catastrophique. Les draps ressemblaient davantage à 

des chiffons déchirés et troués qu'à une parure de lit. A côté de Jules: une tétine. Un 

biberon à moitié vide gisait par terre hors de portée de main de l'enfant. Je me suis 

approchée en lui parlant. Il n'a pas semblé remarquer ma présence. Lorsque je l’ai pris dans 

mes bras c'est comme s'il était une poupée de son. Le temps d'arriver à la porte, les cris et 

pleurs des trois autres enfants se sont  joints à ceux de leur mère. Les deux policiers ont eu 

beaucoup de mal à les contenir pendant que je gagnais la voiture. » 

C'est comme ça que je suis parti de la maison. L'assistante sociale m'a accompagné chez la 

première assistante maternelle à s’être occupée de moi. Tata Mauricette. Il paraît que le 

jour de mon arrivée, j'étais épuisé. Elle aussi sentait le parfum, pas le même que l'assistante 

sociale. C'était l’heure de la sieste. Elle m'a conduit dans une chambre très claire. Je devais 

être ébloui : d’après elle, je clignais des yeux en essayant de cacher mon visage. Elle m'a dit 

plus tard qu'elle m'a d'abord déshabillé et donné un bain. Elle était désolée que je semble 

indifférent à ce qui m'arrivait. Elle m'a ensuite mis des vêtements propres et a tenté en vain 

de me donner à manger. Sa plus grande surprise a été que je me mette à hurler lorsqu'elle 

m'a mis au lit. Il s'agissait d'un lit à barreaux. J'étais inconsolable. Je paraissais même 

terrorisé. Elle m'a dit avoir tout essayé : paroles douces, berceuses, faire l'obscurité dans la 

chambre, mettre dans mes bras la peluche qu'elle avait préparée pour moi... Lorsque que, 

devenu adulte, je suis retourné la voir, pour lui poser des questions sur comment j’étais à 

l’époque, nous avons réfléchi à ce qui a pu se passer pour moi lorsque je suis arrivé. Je crois 

que j'ai hurlé pendant des heures parce que je n'avais plus aucun de mes repères : il y avait 

beaucoup de lumière, le contact avec les draps n'était pas celui auquel j’étais habitué et leur 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 3 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

 3 

odeur légèrement parfumée me dérangeait beaucoup, il n'y avait peut-être pas non plus les 

bruits familiers : cris de mes frères et soeurs, bruit de fond de la télévision... 

Lorsqu’elle a compris, tata Mauricette a eu une idée géniale : elle a pris mes vêtements sales, 

en a fait un petit tas dans le coin de mon lit, non loin de ma tête. Elle a été surprise de voir 

que j'essayais de les attraper et encore plus lorsque j’ai  porté à la bouche celui que j’ai 

réussi à attraper. Toujours est-il que ça m'a apaisé et que j'ai pu enfin m'endormir. J'ai 

recommencé à hurler lorsqu'elle est venue me réveiller pour me présenter sa famille : Alfred, 

son mari, ses deux enfants, Amélie et Julien que je considère encore aujourd'hui comme 

faisant partie de ma famille. Mais ce jour là, sentir leur présence m'a fait hurler de peur. 

Albert a voulu me prendre dans les bras et paraît-il que cela m'a calmé. Je me demande si 

c'est parce qu'il ne sentait pas le parfum, lui. Il y sentait la sueur, odeur plus proche de 

toutes celles auxquelles j'étais habitué. Il  y avait aussi le chien, Baltazar, que je n'avais pas 

remarqué lors de mon arrivée. Peut-être était-il assoupi dans un coin de la maison. Lorsqu'il 

m'a vu dans les bras d'Albert, il s'est mis à japper et à sautiller autour d’Albert. Je me suis 

remis à hurler. 

Ça a donc été très difficile les premiers mois. J'ai passé beaucoup de temps à pleurer, me 

balancer, dormir. Je mangeais très peu et vomissais souvent ce que Mauricette arrivait à me 

faire avaler. Surtout quand j’étais dans mon lit. Un jour, sans qu'elle comprenne pourquoi, j'ai 

fait une crise plus forte que les autres. Il paraît que j’étais un peu autiste. 

 J'ai oublié de dire que dès le jour où je suis arrivé et plusieurs fois par semaine dans les 

mois qui ont suivi, Vanessa, mon éducatrice, venait pour me voir  et parler avec Mauricette. 

Quelquefois, elles m'emmenaient toutes deux en poussette dans un endroit qui sentait le 

médicament où d’autres bébés pleuraient, surtout quand des dames en blouse blanche 

s’approchaient d’eux. 

 Lorsque j'ai fait la première grande crise, Mauricette et Vanessa ont essayé de comprendre 

pourquoi. D'après elles, cela a correspondu au jour où tata Mauricette avait changé les draps 

de mon lit. 

Depuis, elle a toujours fait attention d’y mettre quelque chose susceptible de rappeler l’odeur 

de mes vieux draps. Cela ne m'a jamais empêché d'y faire des petits trous. Mauricette s'est 

toujours demandé comment j’y parvenais. Un jour elle m'a surpris en train de mordiller des 

draps qu’elle venait de changer. Dès que mes premières dents sont sorties, j’y mettais 

beaucoup d'application. Plus grand, je me souviens que j'élargissais les petits trous avec mes 

doigts. Ça a duré plusieurs années, Vous comprendrez plus tard comment ça s'est arrêté.  

 Il a fallu longtemps avant que je puisse avoir des contacts avec ma mère est mes frères et 

soeurs. Je crois que ça a duré presque un an. Comme je ne parlais pas, je ne pouvais pas faire 

comprendre combien c’était difficile pour moi. Tout se passait comme si les seuls liens que je 

parvenais à garder avec ma famille étaient rattachés aux odeurs, en particulier aux odeurs 

des draps. Lorsque Mauricette me mettait au lit, avant de parvenir à m'endormir, j’attrapais 

le vêtement ou l'ancien drap qui conservait un peu de mes odeurs d’avant et me frottais 

longuement le nez avec. 

 Quand je rencontrais ma mère, seule Vanessa m’accompagnait. C’était dans une grande pièce 

avec beaucoup de jouets. Elle me serrait très fort dans les bras en parlant vite. J’aimais bien 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 4 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

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son odeur, celle de mon premier lit. Mais pas sa voix. Elle me disait qu’elle allait me reprendre 

bientôt. J’ai compris bien plus tard ce que cela voulait dire. Dès fois, nous l’attendions 

longtemps. Au bout d’un moment, malgré tous les efforts de Vanessa pour m’intéresser aux 

jouets, je me balançais  et quelquefois me donnais des coups sur la tête. Vanessa m’expliquait 

après que « maman a peut-être oublié, elle est peut-être malade… » J’ai su qu’elle était 

parfois hospitalisée, pour sa dépression comme elle disait. Mais moi, ça me trouait le coeur. Il 

fallait quelquefois plusieurs jours à Mauricette pour m’arracher à mon repli et à ma tristesse. 

C’est surtout dans ces moments que je faisais les plus beaux trous dans mes draps, quelque 

soit leur épaisseur et leur solidité.  

Mauricette m'a dit que j'avais pris du retard dans mon développement. Je n’ai commencé à 

marcher qu’après mon arrivée chez elle. Mon regard n’était pas facile à attraper. Je ne 

m’intéressais pas aux jouets. Je préférais les draps, les serviettes, les torchons … surtout 

quand ils étaient bien sales et que de petits trous pouvaient y être élargis. Alfred m’avait 

surnommé : « le petit poinçonneur des lilas ». J’ai mis longtemps à comprendre la chanson 

dont il me serinait le refrain. 

 Je me balançais souvent tout seul dans un coin. Il ne fallait surtout pas me déranger dans 

ces moments là. En revanche, j’aimais beaucoup la musique. Julien apprenait l’accordéon et 

Amélie le piano. Même lorsqu’en apprenant ils faisaient beaucoup de couacs, je rigolais du 

plaisir de les écouter. Encore aujourd’hui, si vous voulez me mettre de bonne humeur, il suffit 

de me faire entendre un morceau d’accordéon ou de piano. Pour Noël, j’ai eu un baladeur MP3. 

Maria et Paul m’y ont installé mes airs préférés. Ils ont même trouvé une version accordéon 

du poinçonneur !  

 J'ai continué à faire  pipi au lit et dans ma culotte jusqu’à l’âge de neuf ans. Ça aussi avait 

une importance pour l'odeur du lit et des draps. Pour fêter que je sois devenu propre, tata et 

Albert ont voulu me faire un cadeau. J'ai demandé qu'ils m'offrent une paire de draps neufs. 

Je les ai baptisés à ma façon : j’ai fait pipi au lit la nuit suivante, une dernière fois, rien que 

pour le plaisir. Enfin surtout le mien… J’ai été tellement généreux cette nuit là qu’il a fallu 

changer le matelas. Mauricette était furieuse. Elle m’a vertement tancé. J’étais doublement 

malheureux : à cause des remontrances et de l’odeur de matelas neuf. 

N’ayant pas commencé à parler, je ne suis pas allé à l'école à trois ans, mais on m'a d'abord 

conduit à un hôpital de jour. Il y avait d'autres enfants qui ne parlaient pas et plein d’adultes 

qui parlaient beaucoup. J’aimais aller à la pataugeoire et aussi qu'on me raconte des histoires. 

Je détestais aller toutes les semaines dans le bureau du monsieur barbu qui sentait le tabac. 

Il voulait que je fasse des dessins que je joue avec lui. J'avais bien plus envie de jouer avec 

mes copains, même si quelquefois nous nous battions. De temps en temps il arrivait qu’il me 

reçoive avec maman. C'est surtout ça que j'aimais bien avec lui. 

 Mon endroit préféré à l’hôpital de jour était la pièce où il y avait des tas de gros fauteuils 

tous mous qui prenaient ma forme lorsque je m’y asseyais. Quand j'étais triste, et il paraît 

que je l’étais souvent, j’allais me réfugier dans cette pièce. Ce qui était bien, c'est que j'avais 

mon vieux drap avec moi. Personne ne m'empêchait de le sucer ou de me frotter le visage 

avec. J'aimais bien qu'il sente la bave séchée. Une odeur un peu sucrée. Le plus merveilleux 

parfum que j’ai jamais senti, même si aucun adulte n’était d’accord avec moi sur ce point. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 5 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

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Quelquefois tata voulait  mettre mon drap à laver, mais elle savait que le seul fait d’en parler 

me mettait en crise. D'ailleurs Vanessa lui avait conseillé de ne surtout pas le faire. Le 

monsieur barbu, lorsqu'il avait discuté avec elle, lui avait dit la même chose. Lui, c'était un 

psychiatre. Le premier de ceux qui se sont occupés de moi. Des fois, il me rencontrait avec 

Mauricette, d'autres fois avec Vanessa ou bien encore avec maman ou tout le monde 

ensemble. Au début je ne comprenais rien. Je sentais juste qu'il n'était pas méchant. Il me 

disait qu'il s'appelait Denis. C'était le docteur Zuet. Denis Zuet. Je ne sais pas s'il est 

toujours vivant. Mais, même après que je sois parti de l’hôpital de jour, il a pris régulièrement 

de mes nouvelles. Je l'ai même rencontré plusieurs fois après ma majorité. Il m'avait 

surnommé le roi des draps. Ça me plaisait bien. 

Un jour, dans le bureau avec maman et Vanessa, il a dit qu'il allait me proposer un drôle de 

traitement : il voulait deux fois par semaine m'envelopper dans un drap mouillé et puis me 

laisser sécher allongé sur un lit en s'occupant de moi avec Vanessa. Ca s’appelle le packing. Il  

fallait que maman soit d'accord. Elle était d’accord avec tout ce qu’il disait, comme 

hypnotisée. Elle lui demandait en échange d’écrire au juge pour qu’il lui rende ses enfants. 

Entre temps, comme elle allait souvent à l’hôpital, mes frères et sœurs étaient aussi en 

famille d’accueil. Nous pouvions nous rencontrer, une fois par mois, tantôt chez une tata, 

tantôt chez une autre. Mes deux soeurs étaient chez la même tata. 

La première fois que j'ai eu une séance de packing, j'ai hurlé pendant une demi-heure. Le 

docteur et Vanessa avaient beau me parler doucement, m'expliquer ce qui se passait, 

m'encourager à me détendre, ça ne marchait pas. Ils ont été obligés d'arrêter avant que le 

drap ait séché. Ils ne se sont pas découragés. Le docteur D. Zuet a alors proposé que je 

garde à l'intérieur du drap mouillé mon drap fétiche sale et plein de trous. Il a trouvé une 

formule magique dont je me souviens encore aujourd'hui avec beaucoup d'émotion : « t’as de 

beaux draps,tu sais». Il a dit ça en cherchant mon regard avec son regard. J’ai accepté de le 

regarder longtemps droit dans les yeux. Pour la première fois de ma vie, je n’avais plus peur 

de le faire. C'est comme si le mot drap et le son grave de sa voix avaient eu un effet 

miraculeux. Je me suis senti rassuré. 

Je me suis mis à prendre en plus de plaisir aux séances de packing. Pourtant au début ça 

faisait froid. Mais après je me sentais chaud jusque dans ma tête et dans mon coeur. Jusque- 

là, quand quelque chose me faisait plaisir, j'avais mal à ma tête est à mon coeur comme s'il y 

avait des trous qui laissaient s’envoler le plaisir en me laissant une petite écorchure de peine. 

J'ai commencé aussi à m'intéresser beaucoup plus à ce que me racontait le docteur D. Zuet 

quand il me recevait dans son bureau. Sa voix m'enveloppait. Comme un drap. Souvent, il me 

demandait de penser aux trous que je faisais dans mes draps. Avec des dessins et avec des 

jeux, il m'a fait comprendre que les trous de mes draps avaient quelque chose à voir avec les 

trous de ma tête et de mon coeur. Je me suis mis à faire des progrès en langage. Bien sûr 

Magda, l'orthophoniste de l’hôpital de jour, m’y aidait  beaucoup. Pour les trous dans ma tête 

et dans mon cœur, j'avais construit une armure avec l’air autour de mon corps pour que rien 

ne puisse me faire mal en les touchant. Gilberte, la psychomotricienne, était la seule à savoir 

parler de mon armure et à m’aider petit à petit à m’en débarrasser. Elle a d’abord fait ça 

dans la pataugeoire, puis dans l’atelier conte. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 6 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

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 Un jour où le docteur D. Zuet avait invité Vanessa et Mauricette dans son bureau avec moi, 

ils se sont mis à parler de draps et des trous entre eux, comme si je n'étais pas là. Je leur 

tournais le dos et jouais avec les play-mobil, mais j'écoutais tout. À un moment j'ai crié : « 

Mauricette aussi a de beaux draps, tu sais ? » Ils ont sursauté tous les trois. Le docteur m'a 

demandé ce que je voulais dire. J'ai dit :  

-Une fois, j'étais dans ses bras, elle chantait une chanson, et elle a ouvert une armoire pleine 

de bras. » 

-Comment-ça une armoire pleine de bras ? demanda-t-il 

-De draps ! j’ai dit en me fâchant. 

Alors le docteur m'a dit des drôle de choses, que les draps et les bras ça pouvait être un peu 

pareil pour moi. Il a ajouté que peut-être au moment de ma naissance et les semaines qui ont 

suivi, j'avais eu l'impression que maman avait des trous dans ses bras. Comme si elle avait du 

mal à m'envelopper quand elle me prenait contre elle. Alors que Mauricette , elle, avait des 

bras qui enveloppaient bien. Comme si le travail de Mauricette ressemblait à ce qui se passait 

pendant le packing : m'envelopper dans des draps sans trous pendant que je serrais contre 

moi mon drap à trous. Il a même dit que ça pouvait avoir le même effet pour ma tête et mon 

coeur. Alors là, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. Je crois qu'il a voulu dire que le 

travail de Mauricette était aussi d'envelopper ma tête et mon coeur pour qu'ils n'aient plus 

de trous. Ou du moins, que les trous puissent cicatriser et ne plus laisser s’envoler le plaisir. 

Même si je n’ai pas compris, j’ai senti que c'était très important. À partir de ce moment-là, 

j’avais moins peur quand je rencontrais maman. Je savais qu'après, même si les  trous dans le 

coeur et la tête se rouvraient, je pouvais compter sur les « bras-draps » de Mauricette et de 

toute sa famille. De ce jour, je n’ai plus, sauf exception, ressenti le besoin de faire des trous 

dans les draps. 

Après, j'ai continué à grandir. Je ne suis plus allé tous les jours à l'hôpital de jour. Des fois, 

j'allais dans une vraie école. C'était pas très drôle, je n'arrivais pas à me sentir comme les 

autres. Quand j'essayais de me faire des copains ou des copines, je regardais derrière eux, 

ou plutôt à travers eux, pour voir si eux aussi avaient des trous dans la tête et dans le coeur. 

Mais c'était très difficile. Quand j’insistais, ils me traitaient de gogol et s'éloignaient de moi. 

Et puis, je n'arrivais pas à apprendre à lire et à écrire comme eux. Alors après, je suis allé 

dans un établissement spécialisé. Je continuais en même temps à aller à l'hôpital de jour une 

fois par semaine. Ce jour là, j'allais dans le bureau du docteur Zuet. Une semaine sur deux, il 

y avait une séance de packing. Je rencontrais aussi l'orthophoniste et la psychomotricienne. 

À l'établissement spécialisé, je m’ennuyais un peu. Des fois je me faisais taper par les autres. 

J’ai appris à me défendre. Quand je me faisais taper, ça me faisait mal aux cicatrices  du 

cœur et de la tête. Alors j'ai appris à crier quand ils s'approchaient trop de moi. J’ai ressorti 

mon armure. 

Un jour, Mauricette est tombée malade. Une maladie grave. Elle a du partir à l’hôpital 

longtemps. Je n’ai pas pu rester chez elle. Au début, Vanessa a essayé que je puisse rester 

avec Albert et ses enfants, et que trois jours par semaine j'habite avec maman. Vanessa 

venait me voir chez elle tous les jours. Maman était très contente. Elle voulait absolument 

m'apprendre un tas de trucs. D'après elle, Mauricette me les avait très mal appris. Comme se 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 7 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

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laver les oreilles ou laver mes slips dans une bassine par exemple. Quand je ne voulais pas, 

elle se mettait très en colère. Et puis après, elle pleurait. Au bout d’un mois, elle a dit à 

Vanessa que c’était trop difficile. Elle allait craquer. Alors Vanessa m'a cherché une nouvelle 

famille d'accueil. Je ne pouvais plus rester chez Albert et Mauricette. Ma tata allait bientôt 

sortir de l’hôpital, mais elle avait des traitements très fatigants. Aujourd’hui je sais qu’elle 

avait un cancer. Je crois que j’ai ça aussi. C’est pour ça que je dois aller à l’hôpital. Mais je n’ai 

pas peur :  elle a guéri. 

 Quand j'ai eu douze ans, j'ai fait connaissance de Nadia, ma nouvelle assistante maternelle. 

Vanessa l’a mise au courant pour mon drap. J’en avais toujours besoin pour dormir. Nadia était 

très gentille. Son mari Abdel aussi. Ils avaient trois grandes filles qui aimaient bien s’occuper 

de moi.  

Ce qui m'a frappé chez eux, c’est leur très grande générosité. J'avais la plus belle chambre, 

le plus beau lit, les plus beaux draps. Quand Vanessa venait, ils lui offraient du thé à la 

menthe et insistaient toujours pour qu'elle reste partager leur repas. Ils attachaient une 

très grande importance à ce que je mangeais. Il y a même eu une fois où ils ont souhaité 

inviter maman à manger avec nous. Bien sûr, Vanessa leur a expliqué que ça ne se faisait pas. 

Ils ont même tenté leur chance auprès du docteur D. Zuet. Sans succès. Ni pour Mauricette 

et Albert, d’ailleurs : ils se rencontraient quand j’allais passer un week-end sur deux chez 

eux, celui ou je n’allais pas chez maman. Le docteur leur avait expliqué à tous que c’était 

important pour mes « enveloppes psychiques ». Comme je n’avais pas compris, il m’a parlé de 

mes « draps du cœur ». J’ai tout de suite vu ce qu’il voulait dire. Dès fois, les docteurs ont 

des mots qu’on ne peut pas comprendre s’ils ne les traduisent pas…  

 Ils étaient très croyants, mais pas la même croyance que ma première famille d'accueil. Je 

ne sais pas si c'est cette croyance qui les rendait si gentils et généreux. 

 Quand j'ai eu treize ans, j'ai commencé à sentir des choses bizarres dans mon sexe. Ça m'a 

fait plein de problèmes. D'abord avec les draps, puis avec les filles de Nadia et Abdel. Je 

prenais leurs culottes pour frotter mon sexe. Malgré mon amour des draps, j'ai trouvé ça plus 

doux. Et puis je salissais beaucoup mes draps. Mais ça n'était plus mon énurésie. Nadia a 

demandé à Abdel de m'en parler. Il était très gêné. Petit à petit, j'ai recommencé à faire des 

trous dans mes draps. Nadia et Abdel, avec leur gentillesse, ne pouvaient m'en empêcher. 

C'était terrible. Moi non plus, je ne pouvais pas m'en empêcher. Vanessa a demandé au 

docteur D. Zuet de me voir plus souvent. Ça n'y changeait rien. Mon sexe était presque 

devenu plus important que les draps pour moi. C'est l’époque où je n’ai plus eu besoin de 

traîner partout mon drap fétiche. 

Comme ça ne s'arrangeait pas, j'ai du partir de chez Nadia et Abdel. J'ai alors habité en 

internat. Celui de l’E.M.P.. C'était terrible : les draps grattaient. Je dormais très mal. Je 

n'avais pas une chambre pour moi tout seul. J’étais avec trois autres camarades. Deux étaient 

gentils, mais le troisième, Dylan, me tapait souvent.  

Je continuais à sortir le week-end, tantôt chez maman, tantôt chez Mauricette ou chez 

Nadia. Vanessa me demandait de ne pas m’occuper de mon sexe quand j’allais dans les 

familles. C'était la condition pour que je puisse continuer à y aller.  Je me consolais parce 

qu'il y avait de bons draps partout. J’en profitais pour bien dormir. Même chez maman. Chez 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 8 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

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elle, je pouvais rencontrer de temps en temps l’un ou l’autre de mes frères et soeurs. Des 

fois, on lui demandait pour nos pères. Elle ne répondait que par des larmes. Alors on a arrêté. 

Pourtant, j’aimerais bien savoir. Dans mes rêves, le mien ressemble un peu à Albert et un peu 

au docteur D. Zuet, surtout quand il me regarde droit dans les yeux pendant les séances de 

packing… 

A l’E.M.P., il y avait aussi des filles. Jessica était très jolie. Je me sentais tout drôle quand 

j’approchais d’elle. Un jour, je lui ai dit la plus jolie phrase que je connaissais : »t’as de beaux 

draps, tu sais ! ». Elle a beaucoup ri et puis elle m’a embrassé sur la joue. J’ai senti des 

bonnes choses dans mon sexe. Je lui ai demandé de me le toucher. Ça lui plaisait aussi. Paul, 

notre éducateur, nous a surpris. Nous avons été convoqués chez le directeur. Il s'est mis très 

en colère. Nous ne comprenions rien. Il criait : « eh bien me voilà dans de beaux draps 

maintenant ! Je vais devoir déposer une plainte ! Il y aura peut-être une enquête ! Ce que vous 

faites est interdit. » Il nous a demandé de sortir de son bureau. Ma copine et moi,on était 

très étonnés. Je ne voyais pas pourquoi avoir du plaisir était interdit. Surtout si ça mettait le 

directeur dans de beaux draps : pour moi, c’était plutôt une récompense ou un cadeau. 

 Vanessa a essayé de m’expliquer qu’il y avait des lois. Je risquais de me faire renvoyer de 

l’E.M.P.. Je lui ai dit que je voulais bien, à cause de Dylan, mais que je ne voulais pas, à cause 

de Jessica. 

  Elle m’a aussi expliqué, en présence du docteur D. Zuet, qu’on pouvait s'occuper de son sexe 

tout seul sans se montrer aux autres. Mais je le savais déjà. Et que quand on était adulte, on 

pouvait choisir une amoureuse et se mettre dans des draps avec, si elle voulait bien. Si le 

cœur battait fort et qu’on était très très contents tous les deux, on pouvait vivre l'amour. 

J'ai tout de suite fait le lien entre l’amour et les draps. J’ai tout mélangé dans ma tête. 

J’avais pas encore l’âge, Vanessa non plus. Pourtant, j'ai rassemblé toutes mes économies, j'ai 

demandé un éducateur de l'internat de m'accompagner pour faire des courses dans un grand 

supermarché. C'est là où on allait quand on avait besoin de faire des courses. J'avais déjà 

passé beaucoup de temps au rayon des draps. J’y suis allé, et j'ai acheté la paire de draps qui 

me faisait rêver depuis longtemps. Quand je les ai tenu contre moi jusqu’à la caisse, ça m'a 

fait comme si mon coeur était enveloppé dans quelque chose de doux et chaud, parce que je 

me suis mis à imaginer comment Jessica allait réagir quand j'allais lui offrir les draps. C'était 

des draps un peu roses, avec une belle princesse dessinée dessus. On avait vu le dessin animé. 

Ça s’appelait Pocahontas. La princesse me faisait penser à Jessica. Sauf que Jessica est 

encore plus belle: elle a des grosses lunettes, et aussi des grosses fesses. Je trouve ça très 

beau. Je lui ai donné les draps en disant qu'il fallait qu'on se dépêche de devenir adultes. Elle 

m'a dit qu'elle allait m'embrasser, mais en cachette. On s'est donné rendez-vous. Là, elle m'a 

embrassé sur la bouche. C'était terrible. J'ai voulu la caresser partout, mais elle m'a poussé 

en me disant qu'on allait se faire renvoyer. Je lui ai demandé si la semaine d'après elle serait 

adultes pour qu’on puisse aller dans les draps. Elle savait mieux compter que moi et à  rigolé. 

Puis c’était l’heure de rentrer… 

Jessica était plus grande que moi. Elle est partie de l’E.M.P. à la fin de l'année. Elle m'a donné 

son adresse. Mais je ne savais ni lire, ni écrire. J'ai bien dicté une lettre une fois à mon 

institutrice. Mais Jessica n'a jamais répondu. 

7ème congrès du GREPFA France, Les Sables d’Olonne (15-16 juin 2006) 9 

D. GORANS « Tas dbeaux draps, tu sais ! » 

 

 

 9 

 J'ai recommencé à déchirer mes draps. À l'internat. J'ai fait des crises. Du coup on m’a 

conduit à l’hôpital pour me donner un traitement. Je suis resté une semaine. Ils étaient tous 

gentils mais je ne me souviens plus de leurs noms.  J'étais très malheureux. Comme un drap 

déchiré. Maman est venue me voir. Elle n'était pas d'accord pour que j’aille à l'hôpital et que 

je prenne des médicaments. Elle avait peur que j’aie la même maladie qu’elle. Alors c'est un 

juge qui a pris la décision. Le médicament, ça m'empêchait de faire des crises. Mais ça ne 

m'empêchait pas d’être complètement chiffonné. Comme un drap malade. Depuis ce temps-là, 

je reste triste. 

En sortant de l'hôpital, je suis allé dans un autre hôpital de jour. Pour plus grands. Je ne me 

souviens pas bien de tout ce qui s’est passé. J'étais trop triste. Jessica-Pocahontas  me 

manquait. Pendant un temps j’ai eu encore besoin d'un drap fétiche. Le drap doux et chaud 

autour de mon cœur avait disparu. Ça n'a pas duré parce que tout le monde se moquait de moi. 

Même les filles. 

 Vanessa, à la demande du docteur D. Zuet, a cherché une nouvelle famille d'accueil pour moi. 

J'ai dit que je voulais retourner chez Albert et Mauricette. Je pensais que j’y retrouverais 

de quoi envelopper mon cœur chiffonné. Mauricette a bien voulu essayer. Elle était guérie. 

Avant que je revienne habiter chez elle, elle a voulu qu'on discute avec Albert, le docteur D. 

Zuet et bien sûr Vanessa. Pour les histoires de sexe. Elle a bien dit devant tout le monde 

qu'elle ne pourrait jamais accepter certaines choses. J'ai compris et promis que je ferais un 

effort. Je crois que les médicaments m’aidaient un peu à faire des efforts. C'était comme 

des draps dans ma tête. Comme certaines fois au moment du packing. 

 Je suis resté chez Mauricette et Albert jusqu'à ma majorité. Ils ne veulent pas accueillir 

des adultes. Vanessa aussi s’est arrêtée de s’occuper de moi à ma majorité. Il paraît que 

j’étais devenu responsable. Enfin presque, puisque j’ai une carte d’handicapé et un tuteur. 

C’est Marcel. Il décide pour moi. Surtout pour l’argent. Quand je veux m’acheter des draps 

neufs, c’est à lui que je demande l’argent. Une seule fois il a fallu que j’insiste : pour les draps 

en soie. Il ne pouvait pas comprendre comme c’était important pour moi : dans les draps en 

soie, je rêve en soie. C’est des rêves où je retrouve Jessica, mais aussi tous mes bons 

souvenirs, ceux où je sens ma tête et mon cœur enveloppés dans la douceur et la chaleur. La 

plupart, c’est dans les familles d’accueil. Il y en a aussi un tout petit peu avec ma mère, 

d’autres pendant les séances de packing, avec le docteur D. Zuet. 

Depuis que je suis adulte, j’ai dû retourner deux fois à l’hôpital. Le psychiatrique. Une fois 

juste à ma majorité parce qu’on ne savait pas où me mettre et que je recommençais à faire 

des crises. J’étais dans des moches draps ! Une autre fois, quand maman est morte : je ne 

dormais plus et ne mangeais plus. C’était très différent de quand j’y suis allé enfant. Sauf 

pour les draps et la gentillesse des soignants. Comme ils étaient moins nombreux, ils n’avaient 

que le temps de sourire et de changer les draps, pas de parler. 

La première fois où j’y suis retourné, le docteur de l’hôpital m’a proposé une famille d’accueil. 

J’ai tout de suite accepté. Je savais que pour se sentir dans de beaux draps, il n’y avait rien 

de meilleur.  Depuis, je suis chez Maria et Paul. 


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8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 1 

C. Martin, F. Renard et P. Henin (CMP Yerres) : Quel soin possible pour un patient accueilli pris dans la 

rivalité famille d’accueil – famille d’origine ? 

C. Martin,  

Infirmière, CMP Yerres 

F. Renard, 

Infirmière, CMP Yerres 

P. Henin, 

Infirmière, CMP Yerres 

« Quel soin possible pour un patient accueilli 

pris dans la rivalité famille d’accueil – famille d’origine ? » 

 

 

INTRODUCTION 

 

Nous avons choisi de vous raconter une histoire, une de celles que vous 

connaissez, c’est une histoire de rencontres peu probables, souvent compliquées, 

mais si personne n’y croyait nous ne serions pas là. 

Je vous parlais donc d’une belle histoire pleine de suspens, de doutes, de joies 

aussi, mais surtout pleine de surprises. 

Nous sommes là, équipe d’AFT, réunie dans ce bureau à attendre Léon, notre 

héros principal, dont j’allais dire, dont je pensais qu’il était unique. Mais non, s’il 

est unique pour nous dans ce projet que nous avons imaginé pour lui et auquel 

nous cherchons à le faire adhérer, il est partie prenante de cette, histoire qui va 

se jouer à trois, le symbolique oblige ; l’accueillante familiale, l’équipe d’AFT et 

Léon. Et bien sûr nous avions oublié, perdu, ignoré, le quatrième acteur dont nous 

passerions volontiers mais qui lui s’est rappelé à nous, compliquant les choses à 

souhait, et nous rappelant à la même occasion que si les choses étaient si simples, 

si la mer était toujours verte, et le ciel toujours bleu, nous ne serions pas là, et 

on n’aurait même pas besoin de nous… 

Léon est donc un amalgame de plusieurs personnages et un patchwork de 

différentes histoires grâce auxquelles nous allons essayer de partager notre 

expérience toute nouvelle sur les interactions dont nous nous serions bien 

passées entre la famille d’accueil, la famille d’origine et nous, arbitres de touche. 

 

Trois coups. Le rideau se lève. Léon rentre en scène. 

  _ « Bonjour Léon, nous nous rencontrons aujourd’hui pour vous parler de l’AFT. 

C’est un lieu de soin comme d’autres que vous connaissez déjà. » 

  _ « comment ? Oh non Léon, bien sûr que ça ne remplacera pas vos parents. 

Dans un premier temps nous vous présenterons l’accueillante familiale. Par la 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 2 

C. Martin, F. Renard et P. Henin (CMP Yerres) : Quel soin possible pour un patient accueilli pris dans la 

rivalité famille d’accueil – famille d’origine ? 

suite, vous visiterez la maison et ferez connaissance avec la le reste de la 

famille… 

Oui, oui elle a des enfants à peu près de votre âge… 

Et puis vous ferez des essais à votre rythme. Surtout sachez bien qu’à tout 

moment vous pouvez dire stop et l’accueillante aussi si les choses ne se passent 

pas bien. 

Ensuite Léon, nous verrons au fur et à mesure, nous ferons le point toutes les 

semaines… » 

L’aventure a débuté. Léon s’est très vite adapté à sa nouvelle vie. Il a commencé 

petit à petit à se reconstruire à travers ces petits riens qui parsèment le 

quotidien.  

Il est beaucoup moins angoissé, moins marqué même physiquement. Le 

changement s’opère. Il voit régulièrement ses parents pour des week-ends ou des 

petits séjours. Et là souvent les choses se gâtent… 

Discours de l’accueillante thérapeutique 

 

Je passe beaucoup de temps à essayer d’apprendre les bases d’une éducation que 

ses parents n’ont pas réussi à lui inculquer, il y a du travail ! 

Lui apprendre à prendre soin de lui, se laver, s’habiller, se coiffer, s’occuper de 

sa chambre, de son linge etc… 

Il faut rabâcher comme à un enfant ! 

Je passe des heures avec patience dans les magasins pour aider Léon à choisir 

des vêtements et des chaussures qui conviennent à sa taille et à son goût. Tout 

ça pour les voir disparaître au retour d’une visite chez ses parents qui trouvent 

que c’est inadapté pour lui à cause de ses problèmes de pied. Quel problème de 

pied ? Il marche très bien chez moi…Ils ne peuvent pas le laisser tranquille ! 

C’est moi qui ai les difficultés à gérer à son retour, pas eux. 

Je ne sais pas ce qu’ils racontent à Léon, mais ça ne lui réussi pas ! Comme si je 

ne connaissais pas mon métier !  

Ils n’ont déjà pas réussi à l’éduquer enfant, c’est un peu tard maintenant ! En plus 

il a grossi en quelques jours, ils l’ont gavé ou quoi ? Non seulement ils critiquent 

ses choix de vêtements, mais ils ne trouvent pas autre chose à faire que de 

l’appeler tous les jours pour au final le perturber. 

Je ramasse les morceaux moi derrière… Que peuvent-ils bien lui dire ? Je suis 

obligée de gérer son portable  en ne lui donnant qu’un jour par semaine, après 

avoir pris l’avis de l’équipe d’AFT. Mais Léon a du mal à comprendre pourquoi. 

J’accompagne Léon chaque semaine le vendredi chercher son argent à la banque 

et je veille avec lui à ce qu’il ne dépense pas tout d’un coup d’autant qu’il a 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 3 

C. Martin, F. Renard et P. Henin (CMP Yerres) : Quel soin possible pour un patient accueilli pris dans la 

rivalité famille d’accueil – famille d’origine ? 

tendance à aller s’acheter de l’alcool et de boire plus qu’il n’en faut. Ça le rend 

malade à chaque fois. Je suis très vigilante au quotidien. Il ne boit pas d’alcool à 

la maison et ses parents à chaque visite lui offrent l’apéritif et le laissent boire à 

table et acheter des flashs d’alcool fort qu’il garde dans sa chambre là-bas. Ils 

le laissent s’alcooliser pour ne pas le contrarier. Il va falloir que j’en parle à 

l’équipe d’AFT pour arriver à régler ce problème. On ne va pas s’en sortir sinon ! 

Il est mis en danger car il peut tomber dans la rue. Ça lui est déjà arrivé ! Je 

crois que ses parents ne s’en rendent pas compte. Je m’inquiète pour lui moi ! 

Pourtant ils ont l’air de vouloir l’aider.  

Ils nous prêtent leur maison familiale en Bretagne pour passer des vacances. Ça 

permet à Léon de retrouver ses racines et de revoir sa famille car ses parents 

ne lui proposent pas d’aller avec eux, ils ont un peu honte… 

Léon préfère y aller avec moi…On arrive à s’entendre, c’est bien pour tout le 

monde. Ça me fait plaisir qu’ils me fassent confiance. On est moins dans la 

rivalité. On dirait qu’ils ont peur que je leur vole leur « enfant ». Ils se sentent 

peut-être coupables de ne pas y arriver avec Léon… 

Est-ce pour avoir l’impression de le garder un peu pour eux qu’ils refusent que 

Léon ait son adresse de domiciliation chez nous ? Ça serait tellement plus simple 

pour tout le monde au niveau administratif. Ça éviterait de quémander 

régulièrement à ses parents tel ou tel papier qu’ils conservent précieusement 

comme « un bout de leur enfant ». il faut ruser en permanence pour obtenir 

rapidement un document, pris entre l’angoisse de Léon qui n’ose pas réclamer à 

ses parents et celle de devenir indépendant d’eux. Ils ne veulent pas que je 

l’amène à la poste pour modifier sa domiciliation. Quitter le logement de ses 

parents complètement est un déchirement pour lui ou ses parents ?  

Discours de la famille d’origine 

 

 

Aujourd’hui, j’ai rencontré un médecin, des infirmières et je ne sais plus qui 

semblait savoir mieux que moi ce qu’il fallait faire avec Léon. Et en plus, il faut 

que je passe par l’équipe pour pouvoir voir mon fils, et bien je ne le prendrais que 

quand ça m’arrangera. Ce week-end, il est chez nous et bien sûr il faut que j’aille 

lui acheter des chaussures, elle n’a toujours pas compris qu’il a besoin de 

chaussures qui tiennent  bien la cheville de mon Léon, sinon il boite. Je n’ai plus 

qu’à jeter celles qu’il avait aux pieds. Et puis il a encore maigri et il a très 

mauvaise mine mon Léon. Comment s’en occupe-t-elle ? Selon le médecin, je dois 

la laisser faire et si je ne suis pas contente je n’ai qu’à le récupérer. Ils ne se 

rendent pas compte que je suis fatiguée. On a le droit de profiter enfin de notre 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 4 

C. Martin, F. Renard et P. Henin (CMP Yerres) : Quel soin possible pour un patient accueilli pris dans la 

rivalité famille d’accueil – famille d’origine ? 

retraite ! J’en ai bien assez fait pour lui ! Et puis je ne peux même pas l’appeler 

quand je veux ! Elle lui retire son portable et ne lui donne qu’une fois par 

semaine, soit disant que je l’appelle trop et que ça le perturbe et l’angoisse. Sans 

parler du fait que l’équipe ne veut pas me donner les coordonnées de la famille 

qui l’accueille, comme si j’allais m’imposer et débarquer chez eux. Et s’il arrivait 

malheur, comment pourrais je le prévenir mon pauvre Léon. Puisque c’est comme 

ça, je vais suivre leur voiture lorsqu’ils viendront au CMP et je verrai où il habite 

mon Léon. Ce que j’ai fait. 

Mais alors là, ça a été le drame, aussitôt elle a téléphoné au CMP pour signaler 

ma présence chez eux alors que je voulais juste lui apporter sa carte de 

mutuelle ! Et puis je n’avais pas le choix, puisque les infirmières ne veulent plus 

lui transmettre les colis que je déposais pour Léon au CMP, elles attendaient 

plusieurs jours et les bananes et les clémentines que j’y mettais étaient trop 

mûres. Franchement, ces infirmières elles pourraient lui apporter ces colis le 

jour où je les dépose ! Il doit avoir faim mon Léon ! Ils ne savent pas qu’il aime 

manger des fruits vers dix heures le matin pour ne pas avoir son coup de fatigue. 

Qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis obligée de le faire moi-même. Au moins, je 

sais où il habite, ça va, c’est une belle maison et le secteur est calme. Même si ce 

n’est pas aussi bien que chez nous… il doit avoir la vie dure là-bas ; il est obligé 

de faire son lit, entretenir sa chambre, mettre la table, faire la vaisselle, 

apprendre à faire à manger. Il est si fragile mon Léon. Ils ne peuvent pas le 

laisser se reposer un peu ? Il me fait de la peine quand je le vois, il a l’air triste 

d’être loin de chez nous si longtemps. Et en plus ils veulent que son adresse soit 

chez eux. Non mais ça ne va pas ! Sa maison c’est ici. Qu’est-ce que ça veut dire ? 

il en est hors de question. Il ne peut pas se débrouiller tout seul pour ses 

papiers, heureusement que je suis là pour m’en occuper… 

 

 

CONCLUSION 

 

 

L’histoire n’est pas terminée. L’aventure se poursuit avec des hauts et des bas, 

des avancées inattendues et des échecs récurrents, mais nous sommes bien 

obligés de tenir compte de tous les protagonistes de l’histoire. En effet, si la 

partition se joue à trois entre : 

-Le patient, pris dans son histoire, sa souffrance, ses attentes. 

-La famille d’accueil dans sa composition, son environnement socio-économique, 

son histoire, et son évolution propre, car elle aussi elle change. 

-L’équipe soignante porteuse d’un projet de soin réactualisé sans arrêt. 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 5 

C. Martin, F. Renard et P. Henin (CMP Yerres) : Quel soin possible pour un patient accueilli pris dans la 

rivalité famille d’accueil – famille d’origine ? 

Comment faire avec la famille d’origine souvent maltraitante et la nouvelle dont 

la fonction n’est pas de remplacer celle d’origine ni de combler le patient mais de 

l’accueillir dans un monde de parole et d’affect, dont la fonction est d’être 

thérapeutique sans céder à la facilité de désigner la famille responsable de tous 

les maux. 

Nous avons voulu partager cette histoire avec vous sachant qu’il n’y a bien sûr ni 

recette, ni baguette magique. Et pourtant…. 

Si toutefois notre histoire vous est quelque peu familière, si vous avez des idées 

ou des conseils, nous sommes à l’écoute… 


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8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 1 

Equipe AFT Secteur 3, CH Sainte-Anne, « Famille de naissance. Renaissance en famille ! » 

R. Bocquet, Secteur 3, CH Ste-Anne, Paris 

B. Chrzanowski, Secteur 3, CH Ste-Anne, Paris 

S. Pereira Lopez, Secteur 3, CH Ste-Anne, Paris 

P. Favre Taillaz, Secteur 3, CH Ste-Anne, Paris 

A. Mirdjalali, Secteur 3, CH Ste-Anne, Paris 

C. Perrot, Secteur 3, CH Ste-Anne, Paris 

Dr Velasco, Secteur 3, CH Ste-Anne, Paris 

« Famille de naissance. Renaissance en famille. » 

Nous avons choisi de vous présenter notre travail de réflexion autour d’un 

aspect, à notre avis, peu élaboré, de notre pratique. Il s’agit du caractère 

spéculaire, en miroir, du lien qui peut exister entre le patient et la famille d’accueil. 

Nous verrons comment, de prime abord, ceci est en lien avec son rapport avec sa 

famille d’origine mais, surtout, avec le lien que le sujet entretient avec sa propre 

structure psychique. C’est un travail en cours de réflexion que nous vous présentons 

dans cet atelier, non-fini, et,  pourrait-on dire, infini ? C’est donc une chance de 

pouvoir réfléchir ce matin à côté d’une équipe qui est confronté au même problème 

que nous. 

Le cas que nous avons choisi d’exposer, avec les modifications qu’impose 

l’anonymat, est celui d’une femme qui vit dans une famille d’accueil depuis plus de 

deux ans, après un long parcours de vie institutionnelle de plus de vingt ans. C’est 

donc, un de ces cas de patients que l’on appelle chroniques, autant par sa pathologie, 

une psychose déclenchée à l’enfance, que par quelques stigmates institutionnels. 

C’est une femme qui, depuis que nous la connaissons, s’exprime peu. Elle ne donne pas 

facilement de détails sur sa vie passée, bien moins, certainement, qu’avec sa 

thérapeute qu’elle voit une fois par semaine. Elle s’exprime donc souvent sur la 

forme de plaintes somatiques répétées, ou bien en se focalisant sur certains 

passages douloureux de sa vie.  

Alors, pour des patients comme elle, l’AFT peut s’avérer d’une grande 

richesse clinique puisque nous assistons à ce que l’on peut appeler une clinique en 

situation relationnelle, ce qui  peut nous apporter des éléments essentiels à la 

compréhension du cas et peaufiner, ainsi, notre travail. 

En effet, à différence des entretiens psychiatriques classiques, 

l’accompagnement  de cette femme dans un AFT, nous donne l’opportunité 

d’observer le mode relationnel que le patient établit avec le monde à travers cet 

« échantillon », morcelé, qui représente la famille d’accueil pour un patient.  

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 2 

Equipe AFT Secteur 3, CH Sainte-Anne, « Famille de naissance. Renaissance en famille ! » 

Ce rapport transférentiel nous renseigne aussi sur un rapport plus large, avec 

l’Autre, ce qui inclut, bien entendu, sa propre famille d’origine. Lorsque nous 

engageons un travail avec la famille du patient, quel que soit le nombre des 

personnes qui assistent, nous convoquons un signifiant très particulier, La Famille, 

lui-même présent dans l’esprit du patient dès lors que nous parlons d’un projet de 

vie dans une famille d’accueil.  

C’est donc une hypothèse qui pourrait se résumer ainsi : le lien qui s’établit 

entre un patient et la famille d’accueil se fonde, en partie, sur un rapport 

spéculaire. Ce rapport à un double rend compte de certaines difficultés que nous 

rencontrons dans des prises en charge en AFT et n’est pas étranger au rapport que 

le patient a établi avec sa propre famille. Mais, au-delà de ce rapport c’est le type 

de rapport que le patient entretien avec lui même à travers ce double miroir aux 

contours flous constitué par la famille d’origine et la famille d’accueil.   

Cas Clinique : 

Le cas dont je vais vous parler est celui de Mlle V, qui est l’aînée d’une fratrie 

de deux sœurs. Leur mère, institutrice de profession, est décédé à l’age de 55 ans 

dans une déchéance sociale majeure. Le père, agent commercial, est qualifié par 

Mlle. V, comme un fou paranoïaque, maltraitant et dangereux, aussi bien pour elle 

que pour sa mère. Peu d’éléments nous sont connus de lui. Il se serait suicidé, 

apparemment.  

Dans la génération des grands parents, on trouve des figures de proue du 

mouvement psychanalytique français du XXe siècle, ce qui a permis à Mlle V. de 

bénéficier de soins attentifs et diversifiés, avec des mesures spécialisées et des 

mesures éducatives multiples (cours privés de langues, piano, danse, etc.). Or, Mlle 

V garde un souvenir très nuancé de tous ces efforts familiaux. Elle se vante d’avoir 

quelques mots dans d’autres langues, mais elle pense que tout cela l’a mis dans une 

position d’objet que l’on gave sans cesse. Et c’est bien une des choses qu’elle 

redoute le plus : être trop gâté par la dame d’accueil. Nous pouvons voir les 

difficultés d’un sujet lorsqu’il est pris complètement pris en charge par sa famille.  

Un événement familial précoce est venu marquer cette femme et sa famille. 

C’est un moment où co-incident différents aspects. La naissance de sa petite sœur 

survient au même moment que l’on découvre l’existence d’une relation 

extraconjugale du père ainsi que la naissance d’un enfant de cette relation, le tout 

donnant lieu à une séparation des parents. 

Le récit familial donne l’image d’une Mlle. V. comme «un bébé géniale » jusqu’à 

l’age de 18 mois, moment de la naissance de sa sœur. Les premiers mouvements 

agressifs commencent lorsque Mlle. V. essaie de frapper le ventre de sa mère 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 3 

Equipe AFT Secteur 3, CH Sainte-Anne, « Famille de naissance. Renaissance en famille ! » 

enceinte. Cette agressivité augmente après la naissance sans que l’émergence de la 

parole ne soit au rendez-vous. En effet, agressivité et mutisme ont caractérisé 

l’enfance de Mlle. V., qui dit n’avoir commencé à s’exprimer que vers l’age de 11 ans. 

À sa place, des gestes agressifs inquiétants car répétés qui sont restés comme des 

composants fondamentaux des griefs que la sœur lui adresse  et qui renvoient à un 

acte pour le moins étonnant :  un jour, au moment du déjeuner, Mlle V. a pris un 

couteau et a essayé de « tuer l’ombre de sa sœur ». 

Arrêtons-nous quelques instants pour commenter cet acte agressif, à la 

lumière des travaux de deux psychanalystes : Otto Rank et Jacques Lacan.  

Otto Rank, psychanalyste contemporain de Freud, a écrit un remarquable 

travail sur la question du double publié en 1914, où il explore ses multiples 

interprétations possibles. À partir des éléments littéraires, mythologiques et 

cliniques, Otto Rank fait une analyse sur le mode de rapport que l’être humain 

établit avec son Moi devenu indépendant à travers la figure d’un double1. Pour Rank, 

l’ombre d’une personne était, dans un monisme primitif, la première tentative de 

l’homme pour situer son âme. Cette croyance évolua à travers le temps avec une 

opposition dualiste entre l’être et son ombre qui devint la partie obscure de 

l’individu. Dans son analyse sur les exemples de la littérature Rank étudie, parmi 

d’autres, l’œuvre de grands auteurs connus : Hoffmann, (L’Histoire du reflet perdu, 

Les élixirs du diable, Le double), ou bien celle de Goethe, (Fiction et vérité), de 

Maupassant, (Le Horla) Dostoïevski, (Le Double), Wilde (Le portrait de Dorian 

Gray). Il devient claire à la lecture de cette analyse, que le double devient 

fréquemment un persécuteur indéfectible pour les personnages et c’est bien l’une 

des difficultés de notre pratique, facilement mis en évidence chez des sujets 

paranoïaques.  

Otto Rank dessine un grand nombre de pistes d’étude de la problématique du 

double : Il évoque la division de la personnalité2. Mais il évoque aussi « La 

superstition qui a rapport à la renaissance du père dans le fils » chez les Zoulous3

Plus encore, chez les Chrétiens, l’idée l’existence d’un ange et son rival le diable, 

figures de vie et de mort, montrent déjà une intuition concernant l’origine double de 

ces productions dans les individus,4 une hypothèse qui fit le lit des variantes 

religieuses dualistes.  Enfin, sans pouvoir faire une liste exhaustive de ses 

réflexions, disons que dans le double gisent, pour Rank, des aspects les plus variés 

                                                

1 

 Rank O., Don Juan et le Double, Payot, Paris 1973, p. 17 

2 

 Idem, p. 55 

3 

 Idem, p. 60 

4 

 Idem, p. 72,73 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 4 

Equipe AFT Secteur 3, CH Sainte-Anne, « Famille de naissance. Renaissance en famille ! » 

comme l’amour narcissique,5 la crainte et le culte des jumeaux6, dans l’amour et la 

haine de l’autre,7 et la punition auto infligée à travers des mythes aussi répandus 

dès nos jours que celui du diable.8 

Dans une ligne plus clairement clinique, Jacques Lacan a décrit dans son 

article sur Le stade du Miroir, publié en 1938 la fonction à jamais constituante et 

aliénante de la figure spéculaire du double9. Dans la psychose, là où le je doit 

advenir, le Moi reste figé et conflue vers lui le rapport du sujet au monde. Il a 

ensuite abordé cet aspect dans son Séminaire III sur Les psychoses en décrivant 

avec précision les effets de capture imaginaire dans lequel se trouve le sujet 

psychotique face à un semblable qui occupe la place d’un double, ce qui est repérable 

dans notre clinique quotidienne. La capture imaginaire n’est pas prévaut sur l’axe 

symbolique qui, lui, ne produit pas les effets de distanciation avec l’autre. 

L’agressivité est alors l’une des conséquences parmi d’autres de ce seul mode de 

rapport. 

Or, c’est bien dans cet axe qui se trouvent les deux sœurs ce qui est 

manifeste dès qu’on les réunit dans un même espace. Tout en vantant la beauté de 

sa petite sœur, Mlle. V. devient agressive en actes envers sa sœur. Celle-ci, à un 

degré moindre, mais aussi présent, adresse ses griefs et, dans un élan d’enrichir les 

éléments biographiques, corrige sans cesse la version de sa sœur. C’est bien l’une 

des conséquences de la forclusion du Nom du Père qui pose de problèmes à Mlle. V. 

Ne disposant pas d’un signifiant clé de voûte du registre symbolique, elle se place 

souvent sur le registre imaginaire, où le double devient le support de prédilection. 

Je cite Lacan : « Dans la mesure où le rapport reste sur le plan imaginaire, duel et 

démesuré, il n’a pas de signification d’exclusion réciproque que comporte 

l’affrontement spéculaire, mais l’autre fonction qui est celle de la capture 

imaginaire ».10 L’autre devient un double pour le sujet. 

Si l’on prend en compte l’apport de Rank et de Lacan, le double de l’ombre de 

la sœur que Mlle. V. a voulu tuer représente une image qui, en partie, la constitue 

elle-même.  C’est un double du double. C’est un autre et en même temps c’est elle- 

même. C’est une prothèse imaginaire là où le symbolique, la parole, fait défaut. 

                                                

5 

 Idem p. 75 

6 

 Idem p. 89 

7 

 Idem, p. 109,110 

8 

 Idem, p. 115 

9 

 Lacan, J., Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je, in Ecrits, Seuil, Paris 1966, 

p. 93 

10 

 Lacan, J. Le séminaire, livre III, Les psychoses, Seuil, Paris 1981, p. 230,231. 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 5 

Equipe AFT Secteur 3, CH Sainte-Anne, « Famille de naissance. Renaissance en famille ! » 

Mlle. V. se positionne souvent dans ce même registre lorsqu’il s’agit de décrire 

son lien avec la dame d’accueil. Il n’est pas question, là, d’actes agressifs envers 

celle-ci, mais bien d’une ambivalence majeure. Dans ce rapport, sont convoqués à la 

fois le versant imaginaire mais aussi la réaction d’opposition à toute tentative d’être 

trop gâtée par la dame d’accueil. C’est une crainte de se retrouver dans la position 

qu’elle a occupée pendant une bonne partie de sa vie. Mlle. V. confirme ses craintes 

lorsqu’elle nous dit avoir une méfiance envers l’Autre qu’elle qu’elle décrit comme 

hostile et carnivore. Et c’est là qui gisent nos efforts, dans la position prise par 

l’équipe lors de son accompagnement dans le dispositif d’AFT. Or, c’est une position 

qui ne peut pas être une figée. Elle évolue au gré des variations fréquentes dans le 

lien entre Mlle. V. et la dame d’accueil. Parfois notre position peut être comparé à 

celle d’un arbitre qui doit prendre en compte des règles et des limites sans oublier 

que des nuances sont à porter constamment dans le cadre complexe de l’AFT. Les 

limites ne sont pas toujours à mettre du côté du patient. Les bonnes intentions 

voire la compassion de la dame d’accueil peuvent mettre Mlle. V. dans une position 

inconfortable qui la pousse à l’étouffement et, ainsi, à la colère. Aussi, l’un des 

efforts sans cesse renouvelés consiste à inviter la dame d’accueil à ne pas se situer 

sur le même registre spéculaire de la relation, ce qui n’est pas chose aisée, 

notamment lorsque Mll. V. lui adresse ses doléances ou des reproches. 

 Le propre de la clinique, c’est de nous apprendre au cas par cas, et ces 

réflexions qui nous orientent dans notre accompagnement du cas peuvent ne pas 

être généralisés. Par ailleurs, nous aurons pu ouvrir des multiples tentatives 

d’élaboration psychopathologique, et peut-être cela nous permettrait d’avoir une 

élucidation majeure du cas. Nous pourrons éventuellement en parler dans la 

discussion qui va suivre. Mais, pour étayer l’hypothèse initiale nous en resterons là 

pour l’instant.  

Il reste, pourtant, à évoquer ce que nous a apporté des entretiens familiaux 

engagés depuis 6 mois, ainsi que d’éclairer le titre de notre exposé qui pourrait 

rester, sinon, un peu trop romantique. 

Cela n’était pas la première fois que des entretiens avec la famille d’origine 

étaient engagés. En 1999, l’équipe de l’intra-hospitalier avait déjà commencé ce type 

de travail avec des résultats très positifs au début. Les observations faites 

rendent compte d’un recueil  d’éléments biographiques importants. Mais, au bout des 

3 séances l’agressivité verbale et physique de Mlle. V. envers sa sœur ont rendu 

impossible la poursuite du travail.  

Les entretiens que nous avons engagés avec la famille, qui était resté très en 

retrait jusqu’alors, ont eu une évolution similaire. Ceci nous a permis de prendre 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 6 

Equipe AFT Secteur 3, CH Sainte-Anne, « Famille de naissance. Renaissance en famille ! » 

conscience du grand attachement spéculaire qui relie la patiente à sa sœur, avec 

des propos mielleux mais des actes agressifs. D’une manière plus large, nous avons 

constaté que  l’agressivité souvent réciproque, est souvent compréhensible vue les 

antécédents mais elle l’est aussi par un autre biais. L’agressivité qui s’exprime 

comme nous le savons de différentes manières a deux origines différentes selon 

qu’il s’agisse de Mlle. V. ou de sa famille. Pour la première, il s’agit d’une capture 

imaginaire structurale, psychotique. Pour la deuxième, il s’agit d’un retour du refoulé 

qui accompagne les griefs qui ne cessent de faire irruption. Pouvoir identifier 

l’origine différente d’un même symptôme peut s’avérer utile lorsqu’il s’agit de 

remanier le cadre, et c’est l’un des bénéfices de ce travail avec la famille d’origine. 

En effet, c’est ainsi que nous avons été conduits à re-évaluer récemment le 

cadre. Nous avons interrompu, pour l’instant, les entretiens familiaux où se 

retrouvent ensemble la patiente et sa famille. Recevoir la patiente dans un premier 

temps puis la famille dans un deuxième temps fut l’aménagement le plus adapté pour 

nous. Cela nous a permis de poursuivre le recueil d’éléments biographiques et, ainsi, 

de mettre Mlle. V. dans une perspective historique diachronique inexistante 

jusqu’alors. En effet, les éléments de vie dont la patiente ne peut pas rendre 

compte nous sont apportés par la famille sans les mettre dans un face à face. Mais, 

et c’est là, un des bénéfices de ce travail avec la famille des patients chroniques, 

Mlle. V. est réintégrée dans une histoire, avec un passé, et un avenir à construire.    

Si la famille d’accueil représente une réelle chance de fonder un avenir digne 

pour un patient aussi handicapé, c’est grâce à la mise en perspective historique que 

nous pourrons réussir. La famille de Mlle. V. est, ainsi  d’une grande aide pour nous, 

car elle vient palier le manque de précisions biographiques de ce qu’a vécu, et que 

continue à vivre, Mlle. V. nous a fait part récemment de la place à laquelle elle nous 

met lorsqu’elle s’adresse à Mme. Mirdjalali, psychologue de notre unité : « Mme. 

Duplicata prenez ma défense ». Cette identification vaut  autant pour la demande 

de positionnement qu’elle nous adresse en tant qu’équipe. Mais cela représente 

aussi, comme nous l’avons vu avec cet exposé,   une mise en garde pour la suite de 

notre accompagnement des risques encourus à se placer dans cette place de double. 

Là où prédomine l’imaginaire, nous devons déplacer le rapport sur un autre registre 

afin d’éviter le piège que le double nous offre.  

Renaissance en famille est autant une nouvelle vie dans une famille d’accueil 

que le long et difficile processus pour retrouver une place dans sa famille de 

naissance et dans son histoire.  


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8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 1 

M. Pavelka & M. Guiader, « De lindication se soin en AFT-Enfants » 

Dr Martin PAVELKA 

Pédopsychiatre, Médecin responsable U.A.F.T.-Enfants, Secteur 91-I-05, Sainte- 

Geneviève-des-Bois 

Mme Mireille GUIADER 

Infirmière psychiatrique, Cadre de soin, U.A.F.T.-Enfants, Secteur 91-I-05, Sainte- 

Geneviève-des-Bois 

« De l’indication de soin en AFT-Enfants » 

Résumé : 

La question d’indication ou non de soin en accueil familial se pose dans tous les cas où la séparation protectrice 

s’impose et/ou où la séparation thérapeutique apparaît salutaire, qu’il s’agisse des accueils permanents 

continus ou des accueils séquentiels, qui suscitent le débat. 

L’examen en 2006 de 44 situations d’enfants accueillis dans les UAFT de l’Essonne, de leurs troubles au 

moment de l’admission, est mis en rapport avec plusieurs approches théorico-cliniques qui peuvent s’avérer 

utiles au moment de peser l’indication et la contre-indication. Les facteurs étiologiques de l’environnement, les 

troubles psychopathologies de l’enfant, l’âge d’admission, type d’accueil, sex ratio seront examinés. 

Présentation de l’Unité et du dispositif d’A.F.T. dans Essonne 

Notre unité est située à Sainte-Geneviève-des-Bois. Nos locaux se trouvent dans 

un pavillon avec jardin, spécialement aménagé pour notre pratique.1  

L’unité prend en charge une vingtaine d’enfants et leurs parents. Nous travaillons 

avec une dizaine de familles d’accueil, chacune accueillant au maximum 2 enfants.  

Aujourd’hui l’unité dispose de 5,7 ETP de soignants (médecins, infirmiers 

référents, psychologue). 

L’unité fait partie d’un dispositif sectoriel de soin développé depuis 1972, avec 

les premiers accueils familiaux thérapeutiques depuis cette année là.  

Notre service dépend de l’EPS B. Durand à Etampes. 

Notre département dispose de 5 secteurs de pédopsychiatrie dont 4 sont dotés 

d’un A.F.T.-Enfants. 3 de ces secteurs dépendent de notre hôpital. Je le précise 

parce que c’est dans ces 3 unité qu’a eu lieu l’enquête sur les indications, dont on 

va vous parler pour introduire la discussion. 

                                                   

1 

  Détails dans l’article : Martin PAVELKA, Sylvie DENIZET, Dominique ROITEL, Véronique 

ARIGNO, "Accueil familial à but thérapeutique - Soin par médiation", Perspectives Psy, Vol 46, 

No1, janv-mars 2007, p.30-38

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 2 

M. Pavelka & M. Guiader, « De lindication se soin en AFT-Enfants » 

Sur la totalité des enfants accueillis en FA dans notre département 5% 

bénéficient de nos dispositifs sanitaires.  

( 640 ASE + 400 Associations + 55 AFT = Total 1100 ) 

Présentation de l’enquête 

Nous avons donc réalisé une enquête sur les indications de soins en UAFT auprès 

des 3 équipes de 3 secteurs pédopsychiatriques. L’enquête incluait le 44 enfants 

admis à cette période.  

Le groupe de W d’auto-évaluation, dont nous avons fait partie, a procédé ainsi :  

Il a rassemblé les concepts théorico-cliniques sur lesquels se base le projet de 

soin des unités, puis il a fait le postulat des indications de soins en AFT par le 

prisme des diagnostics des patients concernés.  

Ensuite, par l’intermédiaire d’une enquête rétrospective et anonyme, il a établi 

une image réelle des psychopathologies au moment de l’entrée dans le dispositif 

de soin pour les patients actuellement pris en charge. 

Des fiches individuelles anonymes ont été distribuées en juin 2006, le recueil 

des données a eu lieu courant juillet-août. 

La fiche relève les informations suivantes 

   Le sexe, L’âge actuel, l’âge à l’admission, type de soin (permanent 

continu/permanent partiel/séquentiel), Nombre de FA successives, type de 

Mesure  de protection, origine de la demande de soin, et ce qui nous intéresse 

surtout – le diagnostic pédopsychiatrique à l’admission, tel qu’il a été déterminé 

par l’équipe de l’UAFT, sur la base des dossiers de présentation et les 

observations de l’équipe lors des entretiens d’admission. Le groupe a travaillé 

avec la Classification Française des Troubles Mentaux de l’enfant et de 

l’Adolescent - sa Révision 2000. 

Cela a permis de tester la pertinence des indications de soin en AFT, en coupant 

les postulats préalables avec les résultats de l’enquête. 

Indication de soins     vs.   Objectif du soin 

Il y a bien un rapport direct entre les INDICATIONS (en bleu) est les 

OBJECTIFS du soin (en bleu claire) mais il est utile de les différencier.  

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 3 

M. Pavelka & M. Guiader, « De lindication se soin en AFT-Enfants » 

Disons que les objectifs d’action de nos dispositif sont le suivants: 

1) soigner les phénomènes pathologiques chez l’enfant (précoces, instables ou 

déjà fixés et structurés), 

2) atténuer ou neutraliser les facteurs étiologiques et associés de 

l’environnement entravant le développement de l’enfant (son individuation, 

son affectivité, sa pensée, sa parole, ses comportements sociaux, etc. 

3) accompagner et soigner le lien parent-enfant entravé par la 

psychopathologie parentale entraînant les troubles de la parentalité 

(dysparentalité). 

L’indication comporte 2 dimensions qu’on peut différencier, même si elles sont 

naturellement imbriquées dans nombreux textes sur notre pratique : 

1ère dimension - Indication au vu de la pathologie présentée par l’enfant 

(le diagnostic du trouble) ; 

 2ème dimension - Indication au vu de l’environnement de l’enfant (la 

dysparentalié et ses dangers) 

Cette imbrication reflète l’imbrication de chaque individu avec l’environnement 

qui l’entoure : 

Je citerai l’extrait d’un des premiers textes sur indication en AFT sanitaire : 

Dès 1973 l’équipe du CFAT de Soisy sur Seine précise2

Le dispositif est conçu pour recevoir des enfants présentant des troubles 

psychiatriques, impossibles à traiter dans le cadre familial, tant en raison des 

carences globales dont les enfants souffrent au sein de leur famille, que de 

l’intolérance par les parents de la pathologie de l’enfant …   Toute la gamme de 

pathologie mentale de l’enfant est représentée ; et c’est la nocivité d’inter- 

rélation entre la pathologie de l’enfant et celle de la famille qui détermine cette 

mesure thérapeutique. Une forte proportion de ces enfants est « en danger » au 

sein de leur famille. 

                                                   

2 

 Myriam DAVID & coll « Le Centre familial d’action thérapeutique », L’Information psychiatrique, Vol 49, No 

7, Septembre 1973. 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 4 

M. Pavelka & M. Guiader, « De lindication se soin en AFT-Enfants » 

Nous voyons bien cette imbrication. 

Il se trouve que la Classification diagnostique CFTMEA est conçue pour bien 

rendre compte de ces 2 dimensions : 

- sur L’axe I  elle qualifie la psychopathologie de l’enfant 

- sur L’axe II elle qualifie l’environnement de vie de l’enfant 

L’Axe I est lui même partagé selon l’âge en l’Axe BEBE - pathologies précoces (0 

– 3 ans) - et des pathologies constituées, plus tardives. 

Résultats de l’enquête 

1 – Axe I :   33 %  c’est un nombre important de très jeunes patients de 0 à 3 

ans, avec des pathologies précoces. Cinq autres patients ont été séparés avant 

l’âge de 3 ans mais ont été admis en AFT plus tard et sont dont répartis dans les 

autres groupes diagnostiques. 

 Même si les bébés ne peuvent pas encore être étiquetés comme porteurs 

d’une pathologie constituée (celle-ci n’existe tout simplement pas à cet âge, il en 

sont pas moins porteurs de troubles graves du développement qui s’expriment 

dans leurs désorganisation tonique, du contact, psychomotrice, psycho- 

physiologique, etc. L’axe bébé permet de repérer cette psychopathologie 

précoce.  

B1 – Bébé à risque des troubles sévères du développement (zones de 

vulnérabilité susceptibles de l’engager dans un processus autistique ou 

psychotique, sans qu’on puisse encore affirmer un tel diagnostic) 

B2 – Les dépressions du bébé  

B3 – Les bébés à risque de l’évolution dysharmonique (risque d’évolution vers 

les pathologies limites) 

B4 – Les états de stress du bébé 

B5 – Hypermaturité et hyperprécocité pathologiques 

B6 – Les distorsions du lien (une modalité particulière du lien devient prévalente 

et imprègne la relation adulte-enfant sous une forme qui tend à se figer sous des 

aspects inquiétants) 

Si j’insiste, c’est parce que souvent nous sommes confrontés à l’opinion que les 

bébés séparés ne seraient pas, ou seraient peu malades et donc n’auraient pas 

besoin de dispositif d’accueil familial avec une dimension thérapeutique. 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 5 

M. Pavelka & M. Guiader, « De lindication se soin en AFT-Enfants » 

2 – Axe II :   Les facteurs associés, antérieurs ou étiologiques pour les deux 

sous-groupes (0-35 mois et 3-17 ans) sont quasi-similaires (un peu plus de 

carences pour les bébés). Est-ce du fait que les parents sont devenu 

dysparentaux plus tard, ou s’agit-il plus probablement du problème d’évaluation 

tardive des dysfonctionnements de l’environnement parental. Ce retard 

d’évaluation de la dysparentalité semble fréquemment transparaître dans les 

dossiers de candidature qui indiquent les troubles de parentalité souvent 

précoces, alors que les mesures de soutien, de soin ou de protection ont été 

tardives. La conséquence de ce retard est l’existence, chez l’enfant, des 

organisations psychopathologiques déjà installées, moins mobilisables, avec le 

risque de séquelles après le soin ou de chronicité des troubles. 

Autrement dit : Quand l’enfant soigné a été séparé précocement, quand il était 

bébé, ce n’est probablement pas parce que son environnement serait plus nocif 

que chez les enfants séparés plus tardivement. C’est le repérage et/ou 

l’évaluation de sa situation qui ont été tardifs. 

3 -  L’âge de l’admission 

Ce tableau a une présentation particulière articulée autour de l’âge de 18 mois. 

C’est l’âge déterminé dans l’étude de Francis Mouhot (2003), l’âge avant lequel la 

séparation protectrice est statistiquement la plus favorable pour le 

développement ultérieur de l’enfant. Dans la prochaine enquête il conviendra de 

recueillir également l’âge de la séparation protectrice, qui précède l’âge 

d’admission à l’UAFT/Enfants. Le sous-groupe 19-35 mois englobera forcément la 

majorité des patients qui ont été distanciés de leurs parents en difficulté avant 

l’âge de 18 mois. C’est pourquoi il pourrait être rapproché des 3 sous-groupes 0- 

18 mois. Les bébés protégés avant l’âge de 18 mois, même s’ils ont été 

psychiquement affectés par leurs expériences pathogènes précoces, ont des 

troubles moins fixés et grâce à une séparation rendue thérapeutique (accueil 

familial avec soin) ils évolueront ensuite statistiquement plus rarement vers une 

psychopathologie pédopsychiatrique avérée. Pour les patients protégés plus 

tardivement (3-8 ans) et qui souffrent déjà de troubles pédopsychiatriques 

installés, l’admission et le soin en accueil familial thérapeutique permettent 

d’infléchir très favorablement leur développement psychique péjoratif, tendent 

à réduire leurs troubles et favorisent une meilleure insertion dans une vie sociale 

autonome, mais statistiquement ils garderont les séquelles manifestes dans leur 

psychisme. 

8ème congrès du GREPFA France, Paris (29-30 mai 2008) 6 

M. Pavelka & M. Guiader, « De lindication se soin en AFT-Enfants » 

4 – Mesure de protection concomitante avec la séparation thérapeutique 

5 – Autres paramètres 

 

 

Conclusion 

1/ La lecture de ces résultats incite les équipes de notre établissement à 

œuvrer, dans le réseau de leurs partenaires (PMI, Maternité, Pédiatrie, 

Pédopsychiatrie, Protection de l’enfance, Tribunal pour enfants), pour permettre, 

quand c’est possible, une admission plus précoce en soin, afin de limiter 

l’installation d’une psychopathologie grave chez l’enfant dans les cas où, malgré 

l’aide adaptée, persiste une dysparentalité sévère et durable de l’environnement 

familial. 

2/ En cas d’admission à l’âge très précoce (avant 18 mois), si on est attentif et 

formé, on s’aperçoit relativement facilement de l’importance des troubles 

psychiques précoces. L’Axe I – bébé est d’une grande utilité pur objectiver l’état 

du bébé. 

Rien ne permet d’affirmer que ces bébé présentent pas ou peu de troubles. Les 

troubles psychique constitués sont impossibles à cet âge. 

3/ Pour y voir plus claire on pourrait faire la différence entre : 

INDICATION de soin – selon la nature du dispositif (organisation, projet 

médical de l’unité – autisme, adolescents, classiques) 

BESOIN de soin – situation du point de vue de l’enfant 

OBJECTIF de soin – nature d’action soignante (préventive curative, étayage…) 

4/ Un enfant séparé –même un bébé- présente toujours des troubles psychiques, 

quel que soit le type de dispositif d’accueil familial qui le prend en charge. 

Tout type de dispositif d’accueil familial doit comporter une dimension 

intrinsèque de soin psychique. 


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